
Le Grand Témoin RCF - page 2
Chaque jour, Louis Daufresne apporte convivialité et regard positif, dans un esprit critique, sur l'actualité au sens large, en compagnie d'une personnalité reconnue et issue du monde intellectuel, religieux, etc.
Episodes
20 novembre 2025Radiodon à Metz
Raphaël PITTI, professeur agrégé de médecine d'urgence et de catastrophe, anesthésiste réanimateur, conseiller municipal de Metz en charge de l’accueil des réfugiés et de l’intégration, président de l'association de solidarité HUSOME, Humanité-Solidarité-Médecine
« La France doit accepter de perdre ses enfants. » Nous ne sommes pas en 1914, ni en 1940 mais en 2025. La personne qui s’exprime n’est pas un agitateur de plateau télévisé ; c’est le chef d'état-major des Armées français, le général Fabien Mandon, homme lige du président de la République, chef des Armées lui-même. Le général Mandon s’exprimait hier lors du Congrès des maires de France. « Ce qu'il nous manque, et c'est là où vous avez avec un rôle majeur, c'est la force d'âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l'on est », a dit devant les maires le plus haut gradé français qui prédit un choc avec la Russie « dans trois, quatre ans ». La phrase clé de sa déclaration est la suivante : « Si notre pays flanche parce qu'il n'est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production défense, alors on est en risque. Il faut en parler dans vos communes », a-t-il conclu. Médecin humanitaire, Raphaël Pitti analyse ces propos à l’aune de sa longue expérience des conflits et de sa connaissance des institutions internationales.
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19 novembre 2025Radiodon à Dole (Jura)
Rémi JOBARD, président RCF Jura
À mi-chemin entre Besançon et Dijon, Dole est l’ancienne capitale de la Franche-Comté jusqu’en 1676, date de son rattachement à la France. Avec sa collégiale et son parlement, la cité appartenait à la Bourgogne palatine, à l’époque où la Bourgogne descendait jusqu’à Marseille et englobait la Provence. Aujourd’hui, RCF Jura est la radio du réseau RCF dont la notoriété est le plus élevée. Sur 220000 habitants, la moitié connaît la radio, 35000 l’écoutent régulièrement et 10500 au moins une fois par semaine (sondage Médiamétrie). Passionné de ski de fond et de vélo, Rémi Jobard est pleinement engagé dans le marathon que représente aujourd’hui le développement d’une antenne dont les exigences augmentent, à la lumière d’investissements technologiques sur le DAB+, un enjeu pour rester en prise avec l’évolution des modes de consommation de la radio.
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Damien BOYER, réalisateur du documentaire Baroudeurs du Christ
Installé à Montmeyran, près de Valence, Damien Boyer fait partager son enthousiasme de réalisateur, lui qui, après Sacerdoce, nous fait découvrir le visage de cinq baroudeurs du Christ, des prêtres des Missions étrangères de Paris qui donnent tout aux populations d’Asie et de Madagascar. Un éloge à l’humanité, à la radicalité et à la générosité. Sur cette réalité catholique, il pose son regard de protestant évangélique.
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17 novembre 2025Le tour de France du radiodon démarre à Marseille
Raffi DELANIAN, médecin, président de Dialogue RCF, représentant de l'église apostolique arménienne au comité oecuménique de Marseille
S’il est une ville laboratoire qui vit l’œcuménisme en actes, c’est bien Marseille, métropole où toutes les communautés vivent intra muros, contrairement à Paris et à Lyon. Ici, les Arméniens représentent 10 % de la population, 80000 personnes, dit-on, car la France refuse les statistiques de nature ethnique ou religieuse. C’est la deuxième plus grande chrétienté à Marseille, avec trois branches qui se parlent et s’estiment depuis le 50e anniversaire du génocide de 1915 : l’église apostolique, les évangéliques et les uniates. L’église apostolique, héritière de saint Thaddée et saint Barthélémy, a son petit Vatican, à Etchmiadzin. Les Arméniens ont une connaissance aiguë du monde islamique, ayant vécu cinq siècles de dhimmitude. En terre d’islam, cela signifie qu’ils sont à la fois protégés et inférieurs. Les vagues de persécution ont laissé des traces et, pour la diaspora, ont contribué à souder les Arméniens, ceux qui en particulier ont débarqué à Marseille pour refaire leur vie et, souvent y faire de belles carrières, à l’image de Raffi Delanian, fils d’orphelin, devenu médecin et président de Dialogue RCF.
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14 novembre 2025L’aéronautique française sur le « champ de bataille » du spatial
Nicolas BILLECOCQ, polytechnicien, directeur des opérations de HyPrSpace, start-up du spatial
Brouillages massifs, espionnage de satellites, menace d'armes nucléaires dans l'espace : face aux agissements russes, Emmanuel Macron a annoncé mercredi l'octroi de 4,2 milliards d'euros supplémentaires pour renforcer la défense spatiale française, un effort nettement inférieur à celui de l'Allemagne. En présentant la nouvelle stratégie française dans l’espace à horizon 2040, le chef de l'Etat a reconnu que le spatial est devenu « un champ de bataille ». Il a prôné le développement des futurs lanceurs européens réutilisables pour gagner en compétitivité face à SpaceX du milliardaire Elon Musk. Polytechnicien et passionné d'aéronautique et de spatial, Nicolas Billecocq a commencé sa carrière à Vernon sur le programme Ariane 5, puis s’est expatrié 5 ans à Seattle pour y développer des technologies innovantes appliquées aux trains d’atterrissage du Boeing 787. Après avoir rejoint l’activité moteurs d’hélicoptères de Safran Helicopter Engines à Pau, il a pris la responsabilité de Directeur de Programme pour les moteurs Arriel et Arrius, les best-sellers de l’entreprise. Son goût pour l'innovation l’a poussé vers Bordeaux et l'univers des start-up avec Azur-Drones, leader européen du drone autonome, puis récemment HyPrSpace, qui se lance dans la course à l'espace avec une solution innovante de propulsion hybride.
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13 novembre 2025Face au Bataclan ou Charlie, ils préfèrent quitter l’islam
Sonya ZADIG, psychologue, psychanalyste, linguiste. Auteur de Les enfants perdus de la République (fayard)
Tous les terroristes se disent musulmans, tous les musulmans ne sont pas terroristes, et en ce 13 novembre, il est opportun de le rappeler, de refuser l’amalgame. Car, comme tout un chacun, les esprits sont capables de réfléchir et de prendre leur autonomie, y compris par rapport à la pression de la religion et à l’encadrement social qu’elle exerce. Le christianisme a déjà connu cette phase - dont il est sorti, pour accéder à cette maturité moderne qui fait que ne sont chrétiens que ceux qui le désirent vraiment. Le monde musulman est-il en train de connaître une évolution comparable ? Au contact de l’Occident, un partie de ses croyants opèrerait une démission silencieuse; ce que les Anglais nomment dans le monde du travail le quiet quitting, la grève du zèle, laquelle amène tout simplement à abandonner sa croyance, ce qui signifie pas que l’on se convertit à une autre religion, même si le vide lié au statut d’apostat conduit le plus souvent à se convertir au christianisme. Pour bien comprendre ce phénomène, Sonya Zadig, psychologue d’origine tunisienne, considère l’islam comme une loi, une culture, un droit, pas une religion au sens du lien personnel, intime qu’une âme entretient avec Dieu. Sur les 1500 personnes que compte le cercle des apostats, en elle a rencontré 280 d’où elle a tiré des entretiens très puissants. Son enquête est dédiée à Boualem Sansal, libérée grâce à l’Allemagne. Elle observe que la France abandonne ceux qui veulent vivre dans la République, en assignant les musulmans au ghetto de leur culture.
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12 novembre 2025Procès du groupe Lafarge : la France avait encouragé l'entreprise à rester en Syrie
Jean-Marie SCHMITZ, ancien directeur général adjoint du groupe Lafarge
Le procès du groupe Lafarge reprendra la semaine prochaine, le 18 novembre. Les débats avaient été suspendus au deuxième jour, le tribunal correctionnel de Paris ayant reconnu l’existence d’une irrégularité de procédure. Ce procès pose la question de la responsabilité des entreprises en zone de conflit : dans quelle mesure le cimentier français pouvait-il agir en Syrie en zone de guerre sans être tenu responsable du financement des groupes armés avec lesquels il devait composer ? Aux États-Unis, Holcim (qui avait avalé Lafarge en 2015) a plaidé coupable d’ « avoir conspiré pour fournir un soutien matériel à des organisations terroristes étrangères » en acceptant de payer environ 777 millions de dollars d’amende pour ne pas se voir interdire le marché américain.
En France, Lafarge est poursuivi en tant que personne morale, avec huit anciens responsables, soupçonnés d'avoir payé des groupes jihadistes en Syrie jusqu'en 2014 pour maintenir l'activité de sa cimenterie de Jalabiya, dans le nord du pays. Le groupe français est soupçonné d'avoir versé plusieurs millions d'euros à des groupes rebelles jihadistes – dont l'État islamique et Jabhat al-Nosra, classés comme « terroristes ». Vont devoir s’expliquer l'ancien PDG Bruno Lafont, dont la ligne de défense consiste à dire qu’il ne savait pas, cinq ex-responsables de la chaîne opérationnelle ou de la chaîne de sûreté et deux intermédiaires syriens, dont l'un est visé par un mandat d'arrêt international. En France, l’affaire avait été déclenchée par une plainte déposée il y a neuf ans, en novembre 2016, par 11 anciens salariés syriens, accompagnés des ONG Sherpa et ECCHR (Centre européen pour les droits constitutionnels et humains). Pour Jean-Marie Schmitz, ancien DG adjoint de Lafarge, groupe qui se prévalait du catholicisme social, ce procès est désolant, d’autant que la diplomatie française et Laurent Fabius avaient encouragé l’entreprise à rester en Syrie pour recueillir du renseignement sur la situation en pleine guerre civile.
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11 novembre 2025Albert Roche, le soldat méconnu
Julien HERVIEUX, scénariste de « Albert Roche, héros de guerre » - dessin : Éric Stalner (Grand Angle)
Albert Roche (1895-1939), engagé volontaire en 1914, a été surnommé « le premier soldat de France » par le maréchal Foch. À lui seul, ce paysan de la Drôme aura capturé plus de 1180 soldats allemands ! Julien Hervieux et Éric Stalner retracent ses faits d’armes dans une BD trépidante. « On vit dans ce monde très étrange où des personnages extraordinaires tombent dans l’oubli », dit Julien Hervieux, comme si être patriote, courageux et humble, était incongru.
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10 novembre 2025Le Je & le Nous, une histoire de la pensée politique, à l'heure où les politiques ne pensent plus
François HUGUENIN, historien des idées, docteur en histoire et en sciences sociales, spécialiste de l’histoire du catholicisme. Auteur de Le Je & le Nous - une histoire de la pensée politique des origines à nos jours (éditions du Cerf)
En cette semaine du 11 et du 13 novembre, le temps est propice pour réfléchir à la tension perpétuelle entre le Je et le Nous, pour faire dialoguer la personne et la communauté. La première date rappelle l’apocalypse de la Grande Guerre, la seconde la vague d'attentats islamistes visant le Stade de France, des terrasses de café et la salle de spectacle du Bataclan à Paris. La question est de savoir ce qui nous tient encore ensemble. Un premier âge de la pensée politique a culminé avec le Nous, tandis que la modernité ne cesse d’exalter le Je au point de se rebeller contre la nature elle-même pour idolâtrer une idée identité subjective perpétuellement indécise. Mais, en s’affranchissant de tout, y compris de sa nature, ne détruit-on pas à la fois l’essence, ce que nous sommes, et le sens, ce qui nous est commun avec autrui et justifie que nous entrions en relation avec lui. Face à cela, le bien commun promu par l’Église, bien qui ordonne celui du tout et des parties, prend en compte le donné anthropologique, la réalité, afin de concilier le Je et le Nous, à savoir la communauté et la liberté, dans une tension qui soit le plus harmonieuse possible.
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7 novembre 2025L'Institut Montaigne dit où en sera la France en 2040
Marie-Pierre de BAILLIENCOURT, directrice générale de l’Institut Montaigne, docteur en géopolitique, chargée de l'enseignement "Les entreprises de souveraineté" à Sciences Po
Où en sera la France en 2040 ? La date peut paraître lointaine, vu la défiance que suscite le monde politique et l’impéritie qui caractérise l’action publique. Le 16 juillet, l’Institut Montaigne, fondée par Claude Bébéar (1935-2025), publiait une étude de quelque 500 pages intitulée « France 2040 : Projections pour l’action politique » (juillet 2025), premier volet d’un triptyque qui va se déployer jusqu’à l’élection présidentielle. 13 tendances structurantes ont été identifiées au fil de 18 mois de travail, le tout étayé par plus de 800 sources. Les deux autres volets consisteront à produire des notes préparatoires pour 2027 et à chiffrer les propositions des candidats. « France 2040 » commence par la démographie sur laquelle repose notre modèle social. Le rapport prévoit qu’à cet horizon les personnes de 65 ans ou plus représenteront entre 27 % de la population, et que le ratio « actifs/inactifs » pourrait s’approcher de 50 %. Le système actuel n’est pas tenable. Le message de cette étude, portée par Marie-Pierre de Bailliencourt, est qu’il n’y a pas de solution toute faite. L’offre politique actuelle n’est pas satisfaisante. Quant à l’ingouvernabilité du pays, elle prend une dimension tout à fait préoccupante et d’autant plus scandaleuse que les patrons ne sont pas entendus par l’exécutif. Seul le narratif de la taxe Zucman s’impose dans l’espace médiatique, alors que des économistes de renom pointent son caractère destructeur. La croissance, le train de vie repose sur les entreprises que l’État maltraite ou ignore. En fin d’étude, l’Institut Montaigne esquisse 5 scénarios : le renoncement (prolongement de l’inaction sans aucun virage politique ou économique, ce qui conduit à l’enlisement du pays), le repli (posture de protectionnisme limitant les coopérations extérieures), la retouche (réformes modestes, sans changement systémique), la rupture (réformes de fond ambitieuses mais risque de coûts sociaux et de tensions), et la révocation (remise à plat ou rupture sévère : communautarisme, décroissance, voire démilitarisation). Ce que montre cette étude, plus largement, c’est que « gouverner, c’est prévoir ». Tout simplement.
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6 novembre 2025Baroudeurs du Christ sort en salle
Damien BOYER, réalisateur du documentaire Baroudeurs du Christ
Après Sacerdoce et ses 100000 entrées, voici cinq portraits de missionnaires en Asie et à Madagascar : « Baroudeurs du Christ », le documentaire de Damien Boyer, sorti en salles hier. Le film explore la vie de cinq prêtres français envoyés « à vie » dans des pays d’Asie ou de l’Océan Indien, des prêtres rattachés à Missions Étrangères de Paris (MEP), une institution qui a plus de 360 ans d’histoire. Des hommes qui ont tout quitté – carrière, famille, pays – pour « partir sans retour, dans un pays qu’ils n’ont pas choisi ». Leurs engagements sont variés : accueil de réfugiés nord-coréens, accompagnement de jeunes handicapés, lutte contre l’exploitation, soutien aux populations oubliées. Le documentaire met en avant leur foi, leur courage, mais aussi leurs fragilités. Comme pour Sacerdoce, la RATP a accepté la publicité de Baroudeurs du Christ, qui a exigé 7 mois de tournage pour 400000 euros de budget. La question posée à tous est la suivante : « Est-ce que vous avez trouvé votre radicalité ? Qu’est-ce qu’on est prêt à perdre pour donner ? »
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5 novembre 2025Le cardinal Jean-Paul Vesco, archevêque d'Alger, plaide pour la fraternité
Cardinal Jean-Paul VESCO, archevêque d’Alger, dominicain. Auteur de L’audace de la fraternité (Cerf)
Mgr Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger depuis quatre ans, créé cardinal par le pape François en 2024, ancien évêque d’Oran, est l’une des voix marquantes de l’Église catholique en Afrique du Nord. Dominicain, juriste de formation, il réfléchit à l’audace de la fraternité, à la manière de promouvoir la paix en temps de guerres, dans le contexte des relations franco-algériennes pour le moins tendues et apparemment sans issue. Dans cet entretien, il s’exprime sur l’identité, chose qu’il assume en se disant « catholique identitaire » mais en donnant à cette appellation un sens fondamental n’excluant ni le dialogue ni la rencontre au nom du Christ.
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4 novembre 2025À l’heure de l’urgence du réarmement industriel, redécouvrir Saint-Simon
Pierre MUSSO, philosophe, professeur honoraire des Universités en sciences de l'information et de la communication à Télécom Paris ainsi qu'à l'université Rennes-II. Auteur de Henri Saint-Simon - philosophe de la société industrielle (Fayard)
Tous les saints ne sont pas des héros de l’Église, même si Saint-Simon a parlé sur la fin de vie, où il connut la pauvreté, d’un « nouveau christianisme », tentative de rénovation morale sur la base de la religion du progrès et de l’humanité, conforme à l’émergence du « paradigme industriel ». Deux cents ans après sa mort, ce que la France compte de grands corps d’État et d’élitisme révèrent Claude-Henri de Saint-Simon. C’est un paradoxe que cette technocratie française, si impliquée en politique, ait pu accepter la tertiarisation de l’économie, croyant qu’un pays pourrait durablement rayonner en renonçant à la puissance industrielle, ce qui s’est passé dans le courant des années 80. Saint-Simon concevait l’industrie, cette « création collective » comme une voie de pacification à l’époque où les guerres déchiraient l’Europe. Son influence fut telle que sa pensée irrigua le socialisme comme le libéralisme. Son « nouveau christianisme eut beau être séculier, purement terrestre, il répondit à la question de Chateaubriand en 1797 : qu’est-ce qui va remplacer la religion chrétienne ? Avec la Révolution, dont il profita en spéculant, c’est « l’architecture fiduciaire » (Paul Valéry) qui s’effondra et notre pays, depuis lors, est toujours habité par un vide symbolique – que ses ingénieurs parvinrent à peine à combler sous Napoléon III ou la IIIe République, quand le paradigme industriel était à son apogée.
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3 novembre 2025L’ONU se mobilise pour faire interdire la GPA
Reem ALSALEM, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la violence contre les femmes et les filles en 2021
C’était le 10 octobre à la tribune des Nations Unies à New York : un appel à l’abolition universelle de la GPA la gestation pour autrui, ce qu’on appelle également les « mères porteuses ». Cet appel a été lancé par Reem Alsalem, rapporteuse spéciale de l’ONU, auteur d’un rapport contre la violence faite aux femmes et aux filles, rapport invitant les Etats à prendre des mesures rapides pour éradiquer la GPA et élaborer une convention internationale l’interdisant sous toutes ses formes. « Aucune société ne peut progresser en normalisant la vente du corps des femmes. Ce n’est pas de l’amour, c’est de la violence », s’est-elle écriée. Reem Alsalem prend peu la parole dans les media. Sur notre antenne, elle récuse l’idée que la GPA puisse être perçue comme un contrat d’ordre privé, sans répercussion sur les droits humains, arguant que ce raisonnement était aussi tenu au sujet des violences conjugales. Ce qui est en jeu, c’est l’exploitation de la misère et la marchandisation du corps féminin. « Les femmes sont soumises à des violences physiques, psychologiques et économiques. Leur dignité et leurs droits fondamentaux sont bafoués », estime-t-elle. Et d’ajouter que « les enfants nés par GPA sont séparés dès la naissance de la seule mère qu’ils aient jamais connue. Être né par GPA, c’est commencer sa vie par une rupture et une perte. » Reem Alsalem souligne que « comme la prostitution, la GPA exploite les femmes » et conseille aux États de « criminaliser ceux qui achètent et profitent, jamais les femmes elles-mêmes ».
Droits image: Portrait de Reem Alsalem © DR
31 octobre 2025Saint John Henry Newman proclamé 38e docteur de l’Église
Didier RANCE, historien, diacre permanent, vice-président honoraire de l’Association francophone des Amis de Newman. Auteur de John-Henry Newman, maître et guide spirituel (DDB)
C’est demain que le cardinal britannique saint John Henry Newman (1801-1890) deviendra officiellement le 38e Docteur de l'Eglise, par voix du pape Léon XIV. Le Ciel prévoit même une création de poste puisque le théologien va assister saint Thomas d’Aquin dans sa mission éducative. Fils d’un banquier de la City qui fera plusieurs fois faillite, John Henry Newman est une personnalité douée qui, dès l’âge de 7 ans, se met à écrire des poèmes, des pièces de théâtre, un opéra-comique et aussi deux journaux d’école. Mais de l’eau coulera sous la Tamise avant qu’il devienne catholique en 1845 à l’âge de 44 ans, après être passé par l'anglicanisme et l'évangélisme. Sa vie sera mouvementée, à l’intérieur comme à l’extérieur, ponctuée de crises spirituelles et jalonnée de controverses avec le monde et aussi avec l’Église. John-Henry Newman va déployer sa pensée dans la littérature et exercer une influence sur ces auteurs anglais à la fois si baroques et profonds, comme Chesterton et Tolkien. Il était persuadé que Dieu lui avait confié une mission pour son temps qui est, à bien des égard, est aussi le nôtre. Promouvant l'engagement des laïcs dans une société sécularisée, le cardinal Newman peut être considéré comme un précurseur du concile Vatican II.
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30 octobre 2025Remettre la mort dans la vie avec un funeral planner
Valery GUYOT-SIONNEST, funeral planner. Auteur de Ultimes cortèges - remettons la mort dans la vie (Leduc)
Si la mort est un mot qui claque comme une porte qui se ferme et qui nous fait peur, l’expression anglaise passed away semble ouvrir cette porte vers un au-delà. Autant la mise au monde ou le mariage se préparent, autant la fin de notre vie ici-bas n’est guère anticipée. Les Anglo-saxons savent créer des marchés dans les moindres replis de l’existence. La mort n’est pas si figée qu’on le croit. Après le wedding planner, l'organisateur de mariage, voici le funeral planner qui prend en main votre cérémonie dans un moment de tristesse et d’abattement. Franco-anglaise, Valery Guyot-Sionnest a tiré les enseignements d’une carrière passée à la direction de la communication de grandes entreprises. Elle voulait créer son métier, connecter l’humain et le divin. Pour l’Église, la sécularisation continue à modifier les rites d’initiation et de passage, ainsi que les statistiques de la crémation l’attestent. Parallèlement, le fait de pouvoir décider soi-même de se voir administrer la mort est un projet que nos gouvernants s’acharnent à vouloir concrétiser. Valery Guyot-Sionnest pose la question de l’anticipation : la société n’est plus porteuse des évidences du passé. Naguère, la vie s’organisait autour de la mort, devenue un tabou absolu, impossible à domestiquer. La Toussaint suivie du jour des morts invite à apprivoiser cette échéance, à l’anticiper à défaut, bien sûr, de la provoquer.
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29 octobre 2025La Bible peut-elle dénouer la situation politique en France ?
James WOODY, pasteur de l’église protestante unie de France, au temple d’Auteuil (Paris XVIe). Auteur de La liberté et les premiers rois d'Israël (Cerf)
On l’oublie trop souvent, la Bible a été une source de réflexions sur la liberté, le pouvoir et les régimes politiques, relayées par des philosophes politiques de l’époque contemporaine, comme Thomas Hobbes ou John Locke, qui connaissaient fort bien les Ecritures. Dans une société laïque, est-il légitime d’utiliser les textes bibliques pour s’interroger sur un sujet à caractère politique ? Car les questions spirituelles soulevées par les textes bibliques ne sont pas séparables des questions contemporaines, de notre marche du monde, malgré le temps qui nous sépare de la rédaction de ces textes. La Bible avait ainsi pensé le rôle de l’opposition, le “voile d’ignorance” dont chaque député devrait s’envelopper pour faire la loi, et bien sûr la séparation des pouvoirs que reprendra ensuite Montesquieu.
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28 octobre 2025Le 60e anniversaire de la déclaration conciliaire Nostra Aetate
Père Alban MASSIE, jésuite, docteur en théologie, directeur de la Nouvelle revue théologique, a dirigé l’ouvrage collectif Israël et l’Église dans le dessein de Dieu (CLD éditions)
Il y a soixante ans, le 28 octobre 1965, le concile Vatican II adoptait la déclaration Nostra Aetate, texte bref mais décisif qui va changer le regard de l’Église catholique sur les autres religions. Ces quelques pages inaugurent une ère de dialogue et de respect mutuel et changent la perspective sur le monde, laquelle devient plus horizontale que verticale. Avec le judaïsme, on sort de l’enseignement du mépris et on considère que les juifs ne sont plus à convertir puisqu’ils appartiennent à la même famille. Avec l’islam, on insiste sur l’adoration du Dieu unique. Avec le bouddhisme, on relève la voie pour « acquérir un état de libération parfaite ». Avec l’hindouisme, on pointe la volonté de « se libérer des angoisses profondes de notre condition ». Nostra Aetate écrit que « l’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions ». Cette formulation ouvre sur un abîme de questionnements. Nostra Aetate cherche un nouvel équilibre, en désirant concilier la plénitude de la vérité dont l’Église catholique se dit dépositaire et les parcelles de vérité dont elle reconnaît la présence dans les autres religions. De fait, si Dieu est infini, pourquoi son action ne le serait-elle pas ? Dans l’euphorie des années 60, on adhère à l’idée de progrès, d’un monde qui va s’unifier et se pacifier, après les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Cet élan engendre un texte de portée prophétique. 60 ans plus tard, si l’ambiance n’est plus la même, Nostra Aetate rappelle quelque chose de fondamental et d’intemporel, c’est que tous les hommes se posent la question du « jugement et de la rétribution après la mort ».
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27 octobre 2025John-Henry Newman, bientôt déclaré docteur de l’Église
Grégory SOLARI, théologien, directeur des éditions Ad Solem, diacre permanent dans le diocèse de Lausanne–Genève–Fribourg, enseignant au Centre catholique romand de formation en Église, spécialiste de John Henry Newman
Trois événements dans la vie de l’Église catholique à quelques jours d’intervalle : samedi 1er novembre, jour de la Toussaint, John Henry Newman (1801-1890) sera officiellement déclaré Docteur de l'Église par le pape Léon XIV. Ce cardinal britannique réfléchit à la nouvelle configuration que le monde moderne imposait aux catholiques, lesquels sont appelés à ne pas se dissoudre et à ne pas non plus se replier, deux tentations à conjurer. Cet événement aura lieu quelques jours après la visite du roi Charles III, chef de l’église anglicane, à Rome, visite officielle inédite marquée un long temps de prière. Au chapitre des grands rendez-vous, la semaine sera aussi dominée par le 60e anniversaire de la déclaration Nostra Aetate, promulguée le 28 octobre 1965 par le pape Paul VI, à la fin du concile Vatican II. Un court texte dont sont issues de longues réflexions.
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24 octobre 2025Parents et enseignants, tous unis contre l’illettrisme !
Alain BENTOLILA, linguiste, spécialiste de l’enseignement de l’oral et de l’écrit à l’école primaire, professeur des universités, professeur honoris causa de l’université catholique. Auteur de Demain la barbarie ? Parents et instits, même combat (Istya & compagnie)
« La situation de l’école est « extrêmement inquiétante », à tous les points de vue, à la fois « en termes de niveau », d' « inégalités sociales et scolaires » et de « santé », notamment psychique des élèves, ses trois « priorités » du nouveau ministre de l'Education nationale Edouard Geffray. Sur les 4000 suppressions de postes d'enseignants prévues dans le projet de loi de finances 2026, le ministre a répondu qu'il y avait « des endroits où aujourd'hui en France, malheureusement, il n'y a plus d'enfants » et « où effectivement on est obligé de supprimer des postes ». On ne découvre pas cette situation. Depuis un demi-siècle, il est impossible de compter le nombre de livres, de rapports parus sur l’effondrement de l’école. C’est si grave que la société est peuplée de millions d’illettrés. Ceux-ci sont à la fois plus vulnérables et plus manipulables. Si l’analphabète désigne la personne qui n'est jamais allée à l'école, l'illettré, lui, a passé de longues années sur ces bancs, dans ces couloirs, pour au bout du compte ne maîtriser ni la lecture, ni l'écriture, ni le calcul. Alain Bentolila mobilise parents et enseignants. Rien n’est irrémédiable. Le linguiste parie sur l’intelligence et la clairvoyance, et aussi beaucoup de bon sens. Il mène des expériences autour de l’écriture longue pour que les élèves s'approprient la plume, les mots, la pensée. Et ça marche !
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