"La fraternité est le cœur de l’identité chrétienne", affirme le cardinal Jean-Paul Vesco
Le cardinal Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger et dominicain, créé cardinal par le pape François en 2024, incarne une voix majeure de l’Église catholique en Afrique du Nord. Auteur de L’audace de la fraternité, il réfléchit à la manière de promouvoir la paix en temps de guerre. Au micro de Louis Daufresne, il s’exprime sur le concept d'identité, qu’il assume en se disant "catholique identitaire", mais en donnant à cette appellation un sens fondamental n’excluant ni le dialogue, ni la rencontre au nom du Christ.
Mgr Jean-Paul Vesco, cardinal archevêque d'Alger © RCF/RND "Si le désir d’identité est parfaitement légitime, l’extrémisme identitaire en est une caricature dangereuse." Ce sont les mots prononcés par Mgr Jean-Marc Aveline, président de la conférence des évêques de France, lors de son discours d’ouverture de l’assemblée plénière qui se déroule actuellement à Lourdes.
Qu’est-ce qu’un "chrétien identitaire" ?
Pour Mgr Jean-Paul Vesco, il est important de clarifier cette expression souvent utilisée. Le cardinal se dit être "un chrétien identitaire" dans le sens où "son identité réside dans le fait d’être chrétien". "L’identité chrétienne, c’est le contraire de l'entre-soi", estime-t-il, précisément parce que
Le cœur de l'identité chrétienne, c'est la fraternité qui n'est pas réservée à une communauté, à des croyants ou à des baptisés, mais une fraternité offerte au monde entier.
En ce sens, Mgr Vesco appuie les propos de Mgr Aveline, en déclarant que "notre identité peut devenir nocive ou identitaire lorsqu’elle est une identité d'opposition, de réaction, de comparaison". L’archevêque d’Alger invite donc tous les chrétiens à "entrer en dialogue avec ceux qui ont une religion différente de la leur".
L'état des relations franco-alégriennes
Mgr Jean-Paul Vesco exprime son espoir de voir l’écrivain Boualem Sansal, incarcéré depuis un an en Algérie, être "libéré ou gracié". Il déplore que son cas soit devenu "un enjeu idéologique, politique entre deux pays." Il évoque une complexité juridique liée à la double nationalité de Boualem Sansal : "il est français dans tous les pays du monde, sauf en Algérie, où il est jugé comme un ressortissant algérien".
Sur ses liens avec les autorités algériennes, l’archevêque explique que "nous sommes en lien, dans une relation de confiance". Concernant les relations franco-algériennes, il rappelle que "les relations entre les États sont tendues", mais que son souci principal reste "l'impact que ces tensions ont sur des millions de Franco-Algériens." Mgr Vesco insiste enfin sur "un angle mort sur les blessures laissées par 130 ans de colonisation dans l’âme d’un peuple", un passé difficile souvent ignoré dans les débats actuels.


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