Comment concilier le bien commun et la liberté individuelle ?
En cette semaine du 11 et du 13 novembre, le temps est propice pour réfléchir à la tension perpétuelle entre le « je » et le « nous », et la quête du bien commun. François Huguenin est docteur en histoire et en sciences sociales ainsi que spécialiste de l'histoire du catholicisme. Il est l’auteur de l’ouvrage intitulé Le Je et le Nous, histoire de la pensée politique des origines à nos jours. Tout en proposant une définition du bien commun, il partage la réponse que, selon lui, l’Eglise peut apporter.
François Huguenin © LD"Quand on parle de politique, on parle notamment de bien commun", affirme François Huguenin. L’un des problèmes de notre société vient peut-être du fossé entre réflexion politique et action concrète des dirigeants. Les philosophes ne gouvernent pas, mais leur pensée aide à définir le cadre de l’action publique.
Qu’est-ce que le "bien commun" ?
Dans un cadre politique, le bien commun peut se définir comme l’ensemble des conditions sociales, économiques et institutionnelles qui permettent à chaque membre d’une société de vivre dignement et de s’épanouir. Il ne s’agit pas seulement de la somme des intérêts individuels, mais d’un objectif collectif qui cherche à concilier liberté personnelle et justice sociale. Selon saint Thomas d’Aquin, le bien commun est ce qui permet à chacun d’atteindre sa plénitude au sein de la société, en recherchant un bien supérieur partagé par tous. François Huguenin résume cette idée en affirmant que "le bien commun, c’est un bien qui est commun au tout et au parti". Cela signifie qu’il relie l’ensemble de la communauté et chaque groupe ou individu. Il ne se réduit ni aux seuls intérêts particuliers, ni à une abstraction collective, mais vise à harmoniser les intérêts de chacun avec ceux du groupe, pour le bien de tous. "Ce bien qui est commun à l'ensemble de la société que nous composons, il est aussi à chacun d'entre nous, personnellement", ajoute-t-il.
Bien commun et liberté individuelle sont indissociables
La notion de bien commun est largement abordée dans certains textes de l’Eglise. C’est le cas notamment dans la constitution Gaudium et Spes du Concile Vatican II, ou encore du Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise. La pensée de l'Église s'inscrit dans une tradition qui remonte à la pensée classique, puisque l'Église a 2000 ans. François Huguenin explique "qu’il y a eu le bien commun en premier lieu, puis la liberté individuelle qui est passée au premier plan avec la modernité". "On a eu tendance, notamment au XIXe siècle, à opposer l'un à l'autre au sein même de l'Église", ajoute-t-il.
L'idée de bien commun intègre la liberté individuelle.
François Huguenin estime que l’Eglise "propose la synthèse la plus réussie d'une conciliation entre l'idée de bien commun et celle de liberté", précisément parce qu’il "n’est pas possible de faire le bien commun et le bien des personnes sans leur liberté".


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