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Selon Raphaël Pitti, "l'action humanitaire ne doit pas être confondue avec l'action politique"

Selon Raphaël Pitti, "l'action humanitaire ne doit pas être confondue avec l'action politique"

Un article rédigé par Mélanie Niemiec - RCF, le 20 novembre 2025 - Modifié le 25 novembre 2025

Durant le Congrès des maires de France, qui s’achève aujourd’hui, le général Fabien Mandon a tenu des propos qui ne sont pas passés inaperçus. Évoquant l'éventualité d'un conflit impliquant la France face à la Russie, le Chef d'État Major des armées a éstimé qu’il est nécessaire "d’accepter de perdre nos enfants" et a invité les maires à "en parler dans les communes". Raphaël Pitti est un ancien médecin militaire et conseiller municipal à Metz. Il atteste que l'action politique devrait se concentrer sur la prévention des guerres plutôt que de s'appuyer sur l’action humanitaire pour atténuer leurs conséquences.
 

Raphaël Pitti © LDRaphaël Pitti © LD

"Si notre pays flanche parce qu'il n'est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, parce qu'il faut dire les choses, de souffrir économiquement parce que les priorités iront à la production défense, alors on est en risque." Tels furent les propos du chef d’État Major des armées le mercredi 19 novembre au congrès des maires de France. Il a évoqué "un choc avec la Russie dans trois ou quatre ans", devant des maires désemparés.

L’usage des armes nucléaires

Selon Raphaël Pitti, les propos du général Fabien Mandon "amènent beaucoup de craintes et d’inquiétude", parce qu’une guerre entre la France et la Russie "passera forcément par l’utilisation d’armes nucléaires". En 2016, en Syrie, "les russes avaient déployé leurs chars les plus modernes", mais ils ont été "complètement détruits avec les armes américaines qui avaient été données aux rebelles par l'intermédiaire de l'Arabie Saoudite", se souvient Raphaël Pitti, qui était présent en tant qu’aide humanitaire. "La Russie montre certaines fragilités", estime-t-il. Il ajoute cependant que c’est "une erreur de penser que le réarmement et les armes conventionnelles suffiront" en cas d’affrontement avec la Russie. Il rappelle également que "Vladimir Poutine a souvent déclaré qu'il n'hésiterait pas à utiliser l’arme nucléaire si l’ONU déployait ses forces pour aider l’Ukraine".

On peut avoir une guerre nucléaire de haute intensité avec de petites armes nucléaires. 

L’état inquiétant des hôpitaux français

Les crises économiques et politiques que traverse la France ces derniers mois provoquent un contexte national anxiogène. Raphaël Pitti constate que "sur le plan politique, il semble y avoir une vraie volonté de préparer les citoyens à la guerre". Médecin ayant passé "une large partie de sa vie dans les zones de conflits", il se demande si "cette guerre potentielle ne servirait pas simplement à relancer notre économie”. Pour lui, le "réarmement" devrait d’abord passer par "l’augmentation de nos capacités hospitalières".

Le rôle des dirigeants politiques

Suite à la Seconde Guerre Mondiale, des progrès conséquents furent visibles. Une véritable "prise de conscience de la souffrance des populations martyrisées, bombardées ou déplacées" s’était opérée, estime Raphaël Pitti. Elle avait conduit à une "réflexion et à l'aboutissement à la fois d’un droit international pour éviter la guerre, et à un droit humanitaire pour protéger les populations". Selon lui, "ces droits sont actuellement en régression" puisque "plus personne ne les respecte". De plus, s’il doit y avoir un conflit, le médecin argue que "cela doit pouvoir se régler diplomatiquement, notamment grâce à l'ONU", précisément parce que "le rôle des politiques, c'est de trouver des solutions politiques".

L'action humanitaire relève des humanitaires et non des dirigeants politiques. 

À Gaza comme au Soudan, les politiques "essayent d’apporter de l’aide humanitaire". Ce n’est pourtant "pas ce qu’on attend d’eux", s’exclame Raphaël Pitti. "Nos dirigeants, au lieu de trouver des solutions diplomatiques, abandonnent le champ politique et s'orientent vers le champ humanitaire pour se donner bonne conscience", conclut-il. 
 

Le grand témoin en Alsace Lorraine
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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