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Aymeric Christensen | Soudan, intercéder pour ne pas désespérer

Aymeric Christensen | Soudan, intercéder pour ne pas désespérer

RCF, le 6 novembre 2025 - Modifié le 6 novembre 2025
Point de vueAymeric Christensen | Soudan, intercéder pour ne pas désespérer

LE POINT DE VUE D'AYMERIC CHRISTENSEN – Comment ne pas se laisser submerger par le sentiment d’impuissance face à une guerre aussi lointaine et complexe que le conflit au Soudan ? Peut-être en puisant dans une forme d’intercession l’espérance qui manque tant à l’actualité…

Aymeric Christensen © DRAymeric Christensen © DR

La prise de la ville d’El-Fasher, au Soudan, et les massacres qui y ont eu lieu, ont brusquement rouvert les yeux du monde sur la guerre civile dans le pays. Avec ce sentiment un peu désespérant : encore une tragédie de plus dans un monde de drames. 

Comment tenir, comme médias chrétiens, l’ambition de montrer les signes d’espérance sur cette terre… tout en se retrouvant si souvent à tenir la chronique des atrocités et des impuissances de l’époque ? D’un côté, c’est désespérant, de l’autre on pourrait craindre de nous endurcir face au cri des peuples. L’actualité sanglante au Darfour, cette région de l’ouest du Soudan, aussi pauvre que riche en minerais, vous la connaissez. Elle a des airs de répétition tragique d’un même cauchemar, 20 ans après : exécutions sommaires, viols, pillages, déplacements de population. Ce n’est pas un bégaiement de l’histoire ; c’est l’aboutissement de plus de deux ans de guerre civile où se mêlent l’affrontement ethnique et un jeu trouble de puissances régionales aux appétits impérialistes.

Les Occidentaux ont trop longtemps fermé les yeux sur ce conflit ?

C’est évident, même si différentes raisons peuvent l’expliquer. D’abord, il faut bien admettre que nous avons les regards tournés vers d’autres guerres et d’autres catastrophes. Ensuite, que le continent africain peine aujourd’hui à nous mobiliser, que ce soit à cause de sa taille ou de l’extrême complexité des différents conflits qui le défigurent en continu. Tout cela conduit parfois à une forme d’indifférence plus ou moins fataliste. Du moins, jusqu’à ce qu’un drame nous rouvre brutalement les yeux, comme si seules l’horreur et l’émotion nous faisaient encore réagir. Il faut bien le dire : au niveau individuel, le sentiment d’impuissance est gigantesque.

Dépasser le sentiment d'impuissance

Comment ne pas désespérer ? Je vois plusieurs choses. La première, c’est d’avoir conscience de ce que la guerre à Gaza montre aussi depuis deux ans, même de façon insuffisante. Les opinions publiques peuvent faire bouger la communauté internationale. Ensuite, nous pouvons nous efforcer de sortir de l’abstraction. En situant le Soudan sur une carte, en s’informant sur les enjeux du conflit. Mais aussi spirituellement. Quand le pape demande de prier pour les morts et ceux qui souffrent, il demande aussi que Dieu « touche les cœurs ». Les cœurs des responsables du conflit, bien sûr ; mais nous, est-ce que nous nous laissons toucher et transformer ? Le Darfour, c’est la terre natale de sainte Joséphine Bakhita, cette enfant noire enlevée par des trafiquants d’esclaves de la région. Son visage et son histoire peuvent nous aider à intercéder concrètement pour les visages et les histoires des victimes de la violence aujourd’hui. Laisser, avec son aide, le cri d’un peuple résonner en nous, c’est aussi une façon d’épaissir nos consciences, pour qu’elles nous inspirent, le moment venu, les mots ou les gestes utiles. On me dira que cette toute petite espérance n’est pas grand-chose. Mais c’est un début. Et c’est souvent dans les moyens les plus pauvres et invisibles que se révèle la « force mystérieuse », comme disait la sainte, des engagements les plus grands.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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