Marie Wallaert | Temps pour la création : espérer dans un monde en guerre

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’une tradition qui nous vient des orthodoxes du XXe siècle. Tous les ans, du 1er septembre au 4 octobre, ils priaient pour la Création. En 2015, le Pape François a décidé de renouer avec cette tradition.

Ce que dit le prophète

Cette année, le temps de la création s’appuie sur quelques verset d'un texte biblique : le chapitre 32 d’Isaïe. Dans ce texte, Isaïe dépeint un monde très sombre. Les rivières sont asséchées, les terres agricoles ne donnent plus rien. L’homme a détruit la terre en faisant régner la terreur plutôt que la justice. Mais Isaïe ne décrit pas ce tableau apocalyptique pour nous décourager, au contraire. Il nous invite à espérer. Dans la deuxième partie du texte, l’Esprit Saint souffle sur le territoire désolé. « Le désert deviendra un verger et le verger une forêt. L’œuvre de la justice sera la paix (...) Et son peuple habitera une oasis de paix, il vivra en sécurité, au repos et sans souci.»

En 2025, le thème de la paix

La guerre fait rage en Ukraine, au Soudan, au Tuvalu. A Gaza, 4 critères sur 5 sont réunis pour dire qu’un génocide est en cours, selon le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Cette semaine, des journalistes, artistes, médecins, politiques et associatifs ont navigués vers la Palestine, à bord d’une dizaine de bateaux, pour apporter leur aide humanitaire et mettre en lumière le génocide. En s’embarquant à bord de la flottille de la liberté, ils nous interpellent : que faisons-nous pour construire un monde en paix ? En tant que chrétiens, cela vient nous toucher particulièrement, parce que notre vocation est de construire un monde de justice et de paix. Cette thématique du temps pour la création nous rappelle que nous devons ouvrir les yeux sur les drames en cours, prier pour la paix, et surtout nous mettre en mouvement. Ça me touche qu’on décide de mettre la Création au cœur de la liturgie. Alors que d’habitude on prie pour nos proches, pour nos politiques, pour les conflits dans le monde… Je trouve ça déplaçant de prier pour les animaux, les plantes. Ça me touche de prier pour laisser les hydrocarbures dans les sols et pour résorber le trou dans la couche d’ozone.

Quand je prie pour la Création, j’ai un sentiment d’unité. Les combats concrets que je porte au quotidien, je peux aussi les mener par la prière. Je dirais aussi qu’en priant pour notre maison commune, j’ai l’impression de toucher à quelque chose de profondément sacré, une habitude partagée par l’ensemble des personnes qui ont la foi. Je trouve ça fort de prier collectivement pour ces enjeux systémiques. Et je crois que c’est aussi l’occasion pour des personnes éloignées de ces questions de s’ouvrir aux enjeux écologiques. Avec le temps de la création, l’Eglise rappelle au monde : souvenons-nous que l’humanité a été appelée à l’origine à s’occuper d’un jardin.