Comment vont les maires, six mois avant les élections ? Bernard Gérard
Le congrès des maires du Nord vient de se tenir à Douai en présence de trois ministres. Bernard Gérard, maire de Marcq-en-Baroeul est le président de l'association des maires du Nord. Il évoque l'actualité des maires, la crise politique et les moyens d'y remédier.
Congrès des Maires du Nord, Bernard GérardA moins de 6 mois des élections municipales, les sujets de discussion n’ont pas manqué entre les 650 élus du Nord réunis à Douai jeudi dernier.
Avis au locataire de l’Elysée…
A l’échelon national, si la crise parlementaire s’ajoute aux crises socio-économiques pour alourdir l’atmosphère politique de cette rentrée, Bernard Gérard veut croire en l’homme de dialogue qu’il a côtoyé sur les bancs de l‘hémicycle.
« Sébastien Lecornu est un homme posé, qui mesure bien la forte ambigüité de la période que nous traversons. Je souhaite qu’on puisse sortir de cette crise qui m’inquiète au plus haut point. »
Et fort de son expérience de 40 ans de vie publique locale et nationale, le maire de Marcq-en-Baroeul veut rendre à César ce qui lui appartient…
« On ne peut pas continuer dans cette situation de conflit permanent et de haine collective. Dans une démarche gaulliste je pense - comme Eric Schoettl dans une chronique récente du Figaro - que celui qui est à l’origine du chaos parlementaire a entre les mains la clef qui permettrait d’en sortir… »
Selon lui le devoir d’homme d’Etat du Président de la République lui impose d’annoncer la cessation anticipée de son mandat… Une fois passées les élections municipales.
Maire : « Une aventure humaine merveilleuse »
A l’échelle communale, Bernard Gérard ne cache pas son inquiétude face aux agressions verbales, physiques ou virtuelles dont les maires sont de plus en plus souvent victimes.
« 77% des élus du Nord ont été directement ou indirectement concernés… Les câbles de mon véhicule ont été sectionnés. C’est extrêmement déroutant et aussi incompréhensible. Le maire est à côté des gens, il discute avec eux, il est attentif. On ne peut pas être maire sans aimer les gens. On a envie de se rendre utile à ses administrés. C’est une aventure humaine merveilleuse et passionnante. »
Curieux retour sur investissement, donc, qui explique en partie le fait que 34% d’élus décident de ne pas se représenter en 2026. Les démissions auraient été multipliées par 4 depuis la période 2008-2014, pour une mission devenue de plus en plus compliquée.
« Avec des bouts de ficelle les maires font fonctionner la France dans des conditions incroyables (Covid, guerre en Ukraine, crise énergétique…). J’ai beaucoup d’admiration pour mes collègues. »
Raison de plus pour soutenir la loi envisagée par Matignon pour mieux définir et encadrer le statut de l’élu local - et pourquoi pas ? - en le positionnant à égalité avec les autres fonctionnaires de sa commune.
« On demande avant tout qu’on nous fasse confiance. Mais sans autonomie financière et avec une inflation des normes et réglementations, la vie des élus est devenue ingérable, malgré l’engagement du Préfet du Nord à nos côtés. »
« Transmettre, c’est magnifique »
Apres 44 ans de vie publique, dont 24 au service des Marcquois, Bernard Gérard réflechit sereinement à la transmission. Sans s’éclipser totalement…
« Un maire n’est jamais en CDI. On n’est pas propriétaire de son mandat. J’ai fait entrer des personnes qui sont appelées à me succéder. Ils en ont démontré les capacités. Il y aura un dynamisme nouveau. Par ailleurs je vais accompagner l’équipe de la MEL encore quelques temps. Mais à 72 ans, j’ai fait ma route. »
Une route au service de ses administrés - pour qui il avait à cœur, comme député, de faire remonter les préoccupations à l’échelon national. Mais pas une route solitaire.
« J’ai eu beaucoup de chance, et de très belles opportunités de rencontres. J’ai essayé d’apporter ma pierre à l’édifice. Mais pas tout seul ! Etre maire c’est travailler en équipe. Savoir décider, c’est savoir écouter les autres, s’enrichir de l’avis des associations et de tous les relais de la population. »
"Je n'ai pas à rougir du bilan de mon équipe"
Parmi les raisons de se féliciter, et de féliciter ses collaborateurs, Bernard Gérard pointe tout d’abord le bilan financier de sa ville.
« Zéro dette, ce n’est pas trop mal pour une ville de 40 000 habitants qui n’a pas lésiné sur les investissements. »
Sans oublier de mentionner l’implantation d’une certaine Ecole Européenne placée sous le patronage posthume de Jacques Delors, qui a tant fait pour le développement du message européen.
« Dans le monde actuel, l’enjeu c’est de se parler, de brasser des idées ensemble et d’encourager ce dialogue dans l’éducation parce que c’est par là que tout passe. 46 nationalités, dans une école de la République, et une école d’excellence… C’est formidable. Je suis très fier d’avoir été sollicité pour ce beau projet ! »
L’auto-biographie de Bernard Gérard, Le Second, est parue aux éditions Bayard en janvier 2025.


Politique, culture, économie, religion ou société, Michel Picard reçoit en direct un grand invité issu des Hauts-de-France pour éclairer un point de l'actualité.
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