Depuis lundi 12 mai, les débats sur la fin de vie reviennent à l'Assemblée nationale. Centré autour de deux textes distincts, l'un sur la fin de vie et l'autre sur les soins palliatifs, les opinions divergent. Les chrétiens, et notamment les évêques de France, se disent particulièrement inquiets face à ce projet de loi très permissif.
Depuis le retour des débats, lundi 12 mai concernant le projet de loi sur l'aide active à mourir à l'Assemblée nationale, les députés examinent les différents amendements. Ils ont deux semaines à compter pour analyser cette proposition de loi qui sera finalement votée mardi 27 mai. Une chose est sûre, ce projet de loi est loin de faire l'unanimité. Les députés de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale sont loin d'être tous d'accord. Au-delà de la sphère politique, les réactions sont nombreuses. Les évêques de France se disent particulièrement inquiets et opposés à ce projet de loi.
Depuis le lancement national des débats autour des questions sur la fin de vie en septembre 2022, les évêques de France et l'Église catholique de manière générale ne cachent pas leur opposition à la légalisation du suicide assisté et de l'euthanasie. Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, président de la CEF (Conférence des Évêques de France) et archevêque de Reims, a réagi mardi 6 mai sur les réseaux sociaux aux propos tenus la veille, lundi 5 mai, par le président de la République Emmanuel Macron devant les francs-maçons. Ce dernier défend l'aide active à mourir, en expliquant qu'il s'agit d'un "moindre mal", ce qui a fortement marqué les esprits. L'ancien président de la CEF a accompagné son message d'une citation et d'une photo du défunt pape François, rappelant que "l'on ne joue pas avec la vie ! "
Non, Monsieur le Président, le choix de faire mourir et d’aider à se tuer n’est pas celui du moindre mal. C’est celui de la mort tout court. pic.twitter.com/MWybrHnIPV
— Mgr Eric de Moulins-Beaufort (@Mgr_EMB) May 6, 2025
Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, a été aumônier des parlementaires de 2004 à 2012, ce qui fait de lui un fin connaisseur de la vie politique. "Avant l’adoption de la loi, le parcours législatif est encore long et l’on ne peut exclure qu’il y ait entre-temps un sursaut de sagesse", a-t-il déclaré au cours d'une interview à nos confrères de La Croix. Il est aussi l'un des porte-parole désignés par la CEF pour traiter le projet de loi sur l'aide active à mourir. Comme Mgr Eric de Moulins-Beaufort, il s'est lui aussi, indigné face à ce projet.
Avant l’adoption de la loi, le parcours législatif est encore long et l’on ne peut exclure qu’il y ait entre-temps un sursaut de sagesse.
De son côté, l'archevêque de Lyon, Mgr Olivier de Germay a lui aussi réagi lundi 12 mai lors d'une déclaration à l'Eglise catholique de Lyon. "Nous avons besoin de responsables politiques qui aient le courage d’aller à contre-courant ! ".
Mercredi 14 mai, la FPF (la Fédération Protestante de France), a réagi dans un communiqué aux propos tenus en ce moment dans l'hémicycle concernant le projet de loi sur la fin de vie. En préambule, elle « dit sa profonde conviction qu’aucune loi ne pourra jamais répondre à la multiplicité des situations de fin de vie, à leur complexité ainsi qu’aux expériences et attentes spécifiques de ceux qui les vivent. Elle redoute les effets collatéraux d’une telle loi, notamment la pression qu’elle pourra induire sur des personnes qui se sentent inutiles ou être un poids pour leurs proches. » Dans le communiqué, elle conteste d'abord « la terminologie euphémisée qui ne nomme pas ce qui est proposé ». « Administrer un produit létal, et donc faire mourir, ce n’est pas aider à mourir, mais administrer la mort », insiste-t-elle.
Administrer un produit létal, et donc faire mourir, ce n’est pas aider à mourir, mais administrer la mort.
La Fédération Protestante de France déplore ensuite « une régression en matière de procédure collégiale ». « L’absence de référence à l’équipe soignante et le fait de confier au seul médecin le soin de valider la procédure marquent un recul incompréhensible par rapport à la transparence et à la prudence des lois antérieures, et notamment celles de la loi Claeys-Leonetti de 2016 », s’attriste-t-elle. À travers le communiqué, elle s'interroge aussi sur le délai de réflexion prévu qui est de deux jours minimum après la notification de la décision du médecin. « Ce délai nous semble nettement trop court. Il devrait être porté à une ou deux semaines au minimum », estime-t-elle.
Par ailleurs, le CNEF (le Conseil National des Evangéliques de France) s'est, lui aussi, positionné sur ce projet de loi concernant l'aide active à mourir. Dans un communiqué sur la fin de vie : "il affirme que la fraternité, c’est d’encourager à vivre et non pas d’aider à mourir." Il demande, si cette loi est adoptée, à ce que le législateur : "garantisse une clause de conscience pour l’ensemble des personnels soignants." Romain Choisnet, directeur de la communication du CNEF s'est lui exprimé sur X.
Fin de vie : En tant que chrétiens, nous croyons que Dieu assigne à chaque homme et à chaque femme, indépendamment de ses facultés, de son âge ou de sa santé, une valeur inaltérable, du fait même de son appartenance à l’humanité créée.
— Romain CHOISNET (@comcnef) May 14, 2025
Parmi les mobilisations contre ce projet de loi concernant l'aide active à mourir, l'association Alliance Vita est l'une des plus importantes. Tugdual Derville, le porte-parole de l'association, a appelé ce lundi 12 mai, au moment des retours des débats sur la fin de vie à l'Assemblée nationale, à une mobilisation de lutte générale. Dans une cinquantaine de villes en France, des milliers de personnes se sont réunies pour alerter contre le manque d'accès aux soins et contre la légalisation de l'euthanasie. Couchées à même le sol, revêtues de blouses bleues et munies de pancarte : "On veut des soins, pas l'euthanasie !" , les manifestants ont formé 46 hôpitaux de fortune. "Oui à une loi développant les soins palliatifs. Non à une loi légalisant euthanasie et suicide assisté déguisés derrière le masque trompeur de l’aide à mourir", précise le porte-parole d’Alliance VITA. "Soigner, c’est aider à vivre, jusqu’au terme de la vie, c’est soulager et apaiser, sans acharnement thérapeutique ni euthanasie".
On veut des soins, pas l'euthanasie !
Les AFC (Associations Familiales Catholiques) se sont aussi mobilisés pour alerter les parlementaires qui sont à l'aube d'un vote crucial. Pascale Morinière, présidente des AFC et chroniqueuse sur RCF Notre-Dame, compare ce texte à "une arme de destruction massive". Cette dernière soulève par ailleurs une question primordiale : "Quelle société voulons-nous ? Une société du soin et de l'attention ou une société du renoncement et de la mort sur ordonnance?".
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