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Aide active à mourir : "Une loi pour la psychologie des biens portants" selon le président de la Fédération protestante de France

Un article rédigé par Pauline de Torsiac - RCF, le 12 mars 2024 - Modifié le 12 mars 2024
L'actu chrétienneAide active à mourir : "une loi pour la psychologie des biens portants" selon le président de la Fédération Protestantes de France

Dans une interview à La Croix et Libération, le 10 Mars 2024, Emmanuel Macron a présenté, les grandes lignes du projet de loi sur la fin de vie. Le projet qui prévoit une aide à mourir  sous conditions sera présenté en Conseil des ministres en avril. Christian Krieger le président de la Fédération protestante de France dit ce qu'il pense de ce projet de loi. 
 

 © Christian Krieger, président de la Fédération Protestante de France 2022 © Christian Krieger, président de la Fédération Protestante de France 2022

Dans une interview à La Croix et Libération, Emmanuel Macron a présenté, le 10 mars 2024, les grandes lignes du projet de loi sur la fin de vie.  Le texte prévoit une aide à mourir sous certaines conditions. 


Emmanuel Macron veut légaliser l’aide active à mourir 


Le projet de loi sur l'aide à mourir arrivera sur la table du Conseil des ministres au mois d'avril, pour une première lecture à l'Assemblée le 27 mai 2024. Cette notion d'aide à mourir a suscité de vives réactions. Certains voient derrière cette expression un suicide assisté et une exception d'euthanasie. Pour le président de la Fédération protestante de France, Christian Krieger, “Emmanuel Macron  a raison quand il dit qu'il ne s'agit pas d'une loi d'euthanasie, puisque l'euthanasie c'est finalement la décision de faire mourir une catégorie de personnes qu'on ne jugerait pas dignes de vivre, et là,  il n'en est pas question,  surtout contre leur consentement. On ne peut pas parler non plus d'un suicide assisté car n'est pas un droit qui est énoncé. La nuance est subtile, mais elle est de taille”


Une aide à mourir sous conditions 


L’aide à mourir sera réservée aux personnes majeures. Les personnes devront être capables d'un discernement plein et entier. Sont exclues de cette aide à mourir les patients atteints de maladies psychiatriques ou de maladies neurodégénératives qui altèrent le discernement, comme par exemple la maladie d'Alzheimer. Ensuite, il faut avoir une maladie incurable et un pronostic vital engagé à court ou moyen terme. Enfin, autre critère qui entre en compte, celui des souffrances réfractaires, c'est-à-dire que l'on ne peut pas soulager. Si tous ces critères sont réunis, la personne peut demander cette aide à mourir. Elle se verra alors prescrire un produit létal à s'administrer seule ou avec assistance d'une personne désignée ou d'une équipe médicale. Mais les opposants craignent que ces conditions s'assouplissent au fil du temps et que cette loi ouvre la voie à des dérives, une crainte que Christian Krieger estime fondée. “Il faut lucidement l'admettre. Nous observons que les sociétés occidentales sont en voie de libéralisation." dit-il, avant d'ajouter "Nous l’avons écrit dans un document qui s'appelle Pour davantage d'humanité en fin de vie. Si les lois fixent un cadre très précis pour que cette demande puisse être formulée et instruite, des personnes hors cadre vont crier à l'injustice ou se sentir incomprises, voire discriminées. Et l'histoire va probablement écrire une libéralisation." Et effectivement, aujourd'hui, le pas qui est proposé est un pas symbolique fort qui mobilise de fait un certain nombre d'oppositions”.


“Une loi de fraternité”, une expression malheureuse du Président Macron


Dans cette interview à la Croix et Libération, Emmanuel Macron présente cette loi pour une aide active à mourir comme une loi de fraternité, un terme peu approprié pour le président de la Fédération protestante de France. “Le terme n'est pas très heureux.

Il est difficile de parler d'une loi de fraternité.  Quand une personne est en situation de détresse, la société se doit de lui manifester, de la solidarité,  de l'empathie, de là à parler, de loi de fraternité...  Je pense que la fraternité engage quelque chose de bien différent encore.


 “C'est une loi  pour la psychologie des bien-portants”


Le  projet de loi sur l'aide à mourir comporte trois volets. Une première partie sur les soins palliatifs, une deuxième sur le droit des patients et des aidants, et enfin une troisième partie sur l'aide à mourir. Christian Krieger regrette que 

Cette loi inverse les priorités entre la fin de vie et les soins palliatifs.

“Lors de nos échanges avec le Président et la Ministre de la santé, il était question du développement d'une culture de soins palliatifs, comprenant l'ouverture d'un possible, là où la médecine n'avait pas de réponse à apporter à la souffrance et à la détresse d'une personne." 

Dans le texte,  Emmanuel Macron parle d'abord de droit à mourir. Le développement d'une culture palliative. apparaît en annexe. C’est une loi pour la psychologie des bien-portants.

"Nous avons un rapport distant à la mort. Il faut réapprivoiser ce rapport à la mort, et je crois que les unités de soins palliatifs sont vraiment LE lieu qui nous permettra de travailler ce lien avec une approche humaine et digne de la mort. C'est cela qui risque de conditionner fortement la demande sociétale."

Ce projet de loi sur l'aide à mourir doit être transmis d'ici dix jours au Conseil d'État. Il sera ensuite soumis au Conseil des ministres au mois d'avril, en vue d'un examen à l'Assemblée nationale à partir du 27 mai, 15 jours avant les élections européennes du 9 juin 2024.
 

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