Les débats sur la fin de vie sont de retour à l'Assemblée depuis lundi 12 mai. La question est découpée en deux textes distincts. La première proposition prévoit d'inscrire dans la loi le sujet sensible du "droit à l'aide à mourir". Le deuxième texte sur les soins palliatifs devrait faire plus consensus.
Les débats sur la fin de vie reviennent dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Un sujet particulièrement délicat et qui va se jouer sur les mots, au risque de cristalliser les discussions.
La proposition de loi portée par Olivier Falorni, membre du groupe MoDem, prévoit d'inscrire dans la loi un "droit à l'aide à mourir", mais qui consiste bien en la légalisation du "suicide assisté" et de l’"euthanasie".
Mais ces deux termes ne figurent pas directement dans le texte car ils portent "un poids historique ou émotionnel", expliquait en mars le ministre de la Santé, Yannick Neuder. C’est pourquoi les porteurs du projet ont préféré l'expression d'aide à mourir.
Si le texte initial prévoyait de n'autoriser l'euthanasie qu'à titre dérogatoire, lorsque le patient n'est pas en mesure de s'administrer seul le produit létal, le texte amendé par la commission entend lui accorder le libre choix entre auto-administration et administration par un médecin ou un infirmier. Or la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a dit dimanche 11 mai son souhait que l'administration par un tiers reste l'exception.
Le deuxième texte, concernant les soins palliatifs, fera sans doute plus consensus. Cette prise en charge vise à aider le patient à vivre jusqu'à sa mort, notamment en réduisant ses souffrances physiques et psychiques. Mais le débat commence à la définition même de ce que l'on peut attendre des soins palliatifs.
Selon les adversaires de la légalisation du suicide assisté, le développement des soins palliatifs éviterait très largement que des patients souhaitent en finir. En face, on juge que le désir de mourir reste parfois irréductible.
Ces situations "sont peu fréquentes" mais "existent" comme dans certaines maladies neurodégénératives, a déclaré le professeur Jean-François Delfraissy, président du Comité d'éthique, instance s'étant prononcée pour une aide à mourir encadrée.
Le texte sur l'aide à mourir fixe d'importantes conditions pour y être éligible. Il impose notamment que le patient soit "apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée". Ce critère exclurait donc les malades d'Alzheimer, ou les personnes plongées dans un coma irréversible. Ce qui souligne l'importance de "directives anticipées". Elles permettent à une personne d'indiquer quels soins elle souhaite recevoir si son état ne lui permet plus de s'exprimer.
Le texte fixe d'autres critères, excluant par exemple les mineurs. Surtout, il impose que le patient soit atteint d'une "affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale". Ces termes sont trop vagues pour les sceptiques de l'aide à mourir. Selon eux, celle-ci serait ouverte à des patients à qui il reste encore plusieurs années à vivre.
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