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Fin de vie : la CRCF dénonce une rupture anthropologique

Fin de vie : la CRCF dénonce une rupture anthropologique

Un article rédigé par Emmanuelle Gründ - RCF, le 15 mai 2025 - Modifié le 16 mai 2025

La CRCF (Conférence des Responsables des cultes en France) a publié ce jeudi 15 mai, une tribune dans Le Monde sur la fin de vie. Il s'agit de la première prise de parole publique et commune de la CRCF depuis la reprise des discussions en juin dernier et la rencontre avec Emmanuel Macron à l'automne 2023.

Fin de vie © Associations Familiales Catholiques Fin de vie © Associations Familiales Catholiques

Depuis lundi 12 mai, les débats autour du projet de loi relatif à la fin de vie sont de retour à l'Assemblée nationale. Le texte initial a été scindé en deux par le Premier ministre François Bayrou avec d'un côté la fin de vie et de l'autre les soins palliatifs. Les députés ont deux semaines pour examiner l'ensemble des amendements relatifs à ce projet de loi. Mardi 27 mai, ils voteront chacun solennellement. Ce débat divise la société. Depuis lundi 12 mai, on voit se multiplier les mobilisations, les prises de paroles pour alerter les parlementaires face à ce vote crucial. Jeudi 15 mai, la CRCF a notamment publié une tribune dans Le Monde sur la fin de vie, pour exprimer son désaccord et son inquiétude face à un texte très permissif. 

Une tribune multiconfessionnelle engagée 

Dans la tribune publiée ce jeudi 15 mai dans Le Monde, la Conférence des responsables de culte en France (CRCF) alerte à travers cinq points clés sur les dérives de la proposition de loi relative à la fin de vie. Derrière une apparente volonté de compassion et d’encadrement, ce projet de loi opère un basculement radical : "il introduit légalement la possibilité d’administrer la mort – par suicide assisté ou euthanasie – en bouleversant profondément les fondements de l’éthique médicale et sociale". 

Il introduit légalement la possibilité d’administrer la mort, par suicide assisté ou euthanasie, en bouleversant profondément les fondements de l’éthique médicale et sociale. 

Parmi les rédacteurs de cette tribune, Antony Boussemart, co-président de l'Union bouddhiste de France, monseigneur Dimitrios, président de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France, Chems-Eddine Hazif, recteur de la Grande Mosquée de Paris. Mais aussi, Haïm Korsia, le grand Rabbin de France, le président de la Fédération Protestante de France, Christian Krieger et Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence de évêques de France. Ce rapprochement de l'ensemble des cultes de France renforce leur volonté de montrer leur désaccord face à ce projet de loi relatif à l'aide active à mourir. Haïm Korzia, le grand Rabbin de France s'est notamment exprimé sur X pour souligner son indignement face à ce projet de loi relatif à la fin de vie. 

La CRCF dénonce une rupture anthropologique 

Pour les signataires, ce projet de loi crée une rupture avec l'essence même du soin. Celle-ci heurte frontalement le serment d'Hippocrate des médecins, qui vise à soigner et soulager sans jamais tuer. Ils rappellent à ce propos le désarroi de certains médecins qui ne veulent pas provoquer la mort d'un patient. "Cela risque d'instaurer une culture de la mort là où la médecine s'est toujours construite comme un service de soin à la vie."

Cela risque d'instaurer une culture de la mort là où la médecine s'est toujours construite comme un service de soin à la vie.

Il s'observe aussi un changement de paradigme du coté du patient : " l’instauration de ce “droit” risque d’exercer une pression sur les personnes âgées, malades ou en situation de handicap qui pourraient se sentir comme un fardeau". 

Deux problématiques majeures pointées du doigt

Tout d'abord, il y a une insuffisance des délais pour obtenir l'aide active à mourir. Le patient dispose de quinze jours pour décider s'il veut mourir ou pas tandis que le médecin a 48 heures pour accepter ou non la demande. "Le texte actuel permet à un seul médecin d’autoriser un acte létal, sans procédure collégiale, ni évaluation psychiatrique". Les responsables religieux partagent l'avis de la Haute Autorité de Santé qui insiste sur la nécessité absolue d’un discernement partagé, pluridisciplinaire, long et encadré. 

Le texte actuel permet à un seul médecin d’autoriser un acte létal, sans procédure collégiale, ni évaluation psychiatrique.

De plus, pour les représentants religieux, cette loi proposée "consacre l’autonomie individuelle au détriment des liens familiaux et sociaux." Selon eux, "elle écarte toute information ou consultation de proches, de l’équipe soignante, et tout accompagnement spirituel ou psychologique."  Le choix de mourir revient uniquement au patient ce qui peut selon les signataires "occasionner des traumatismes notamment dans le cas d'une découverte a posteriori du décès d'un proche aidé au suicide ou euthanasié."

"Légaliser la mort administrée ne sera pas un progrès, mais une régression éthique, sociale et médicale. Il faut choisir l’investissement dans les soins palliatifs et l’accompagnement global des personnes jusqu’à la fin de leur vie", concluent les signataires de la tribune. 

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