LE POINT DE VUE DE BLANCHE STREB - La date prévue du vote à l'Assemblée sur le texte de la loi fin de vie se rapproche à grands pas. Blanche Streb revient sur le sujet, en le liant à celui de la santé mentale, grande cause nationale de 2025 en France.
La loi fin de vie est de retour en débat à l'Assemblée. Le sujet est chaud bouillant. Et si important ! Si seulement tout le monde prenait la mesure de ce qui se joue de fou dans notre pays, qui risque de basculer dans quelque chose qu’il est - c’est vrai - difficile à imaginer aujourd’hui. On croit qu’il s’agit de bonnes intentions, de bonnes décisions, pour le bien de tous. Mais ce sont de faux atours.
Et ce matin je voulais faire le lien entre: suicide assisté et euthanasie - et maladie mentale.
La santé mentale est une « grande cause nationale » cette année . J’ai lu une tribune lundi d’une psychiatre, Geneviève Henault. Elle parle d’une patiente de 19 ans qu’elle suit depuis 2013, Alexia, qui souffre de schizophrénie. Au début cette patiente s’était construit l’idée de l’unique issue à sa souffrance : la mort. Elle l’a demandé, une fois, plusieurs fois. Chaque fois, la psy a dit non. Fermement. Se sachant soutenue par la loi. La question ne se pose pas. Elle écrit : « une patiente en souffrance psychique, on l’accompagne vers la vie, par tous les moyens possibles ». Mai 2024. Alexia maintenant lui dit : « Je vais bien. ». Elles n’ont plus besoin de se voir. Certes, elle est toujours malade, mais stabilisée. Elle ne souffre plus comme avant et, depuis plusieurs années, n’a plus jamais parlé de mourir.
Alors la psychiatre s’interroge. Nous interroge : « Serais-je punie en 2026, si je refusais à une « Alexia » sa demande d’aide à mourir ? ».
Cette loi l’effraie terriblement. Elle n’est pas la seule. La psychiatre pose aussi cette question que nous devons tous nous poser: « Le risque n’est-il pas grand, quand il est économiquement plus facile d’aider les personnes à mourir, que de leur proposer les moyens de mieux vivre ? »
En Commission, les députés ont ajouté la formule "quelle qu'en soit la cause" pour l’accès à la piqure létale. Un seul mot me vient: Au secours. Le rejet de certains amendements est révélateur :
« Il est interdit d’appliquer euthanasie et suicide assisté aux personnes atteintes de déficience intellectuelle ». REJETÉ
" Vérifier que la personne ne fait l'objet d'aucune pression"? REJETÉ
Mais le plus fou, tenez-vous bien. C’est l’adoption de cet amendement-là : « est réputée décédée de mort naturelle la personne dont la mort résulte d’une aide à mourir ». Un mensonge de plus dans ce projet de loi mortifère qui s’élabore…Un mensonge pour que les contrats d’assurance vie ou décès ne soient pas bloqués…
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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