
A vrai dire... RCF - page 21
Edito du jour : toute l'actualité est sujette à réflexion, nos éditorialistes partagent la leur
Episodes
8 septembre 2023Abayas et laïcité (annule et remplace la précédente envo
C’est de saison : je souhaite revenir sur la polémique de la rentrée qui fait suite à la directive du ministre de l’Education nationale qui interdit aux élèves le port de tenues de type abayas ou qamis parce qu’elles manifestent ostensiblement en milieu scolaire une appartenance religieuse.
En cela, le ministre est bien dans l’esprit de la loi de 2004 qui faisait elle-
même suite aux premières polémiques sur le port du voile à l’école. Mais le
problème est-il pris par le bon bout quand on cible ainsi la religion au risque de
stigmatiser nos compatriotes musulmans ?
Contrairement à ce qui est souvent avancé, la laïcité en France ne renvoie pas
le fait religieux « à la stricte sphère privée » mais au choix individuel. Elle garantit
la liberté de conscience, l'égalité de tous les citoyens quelle que soit leur
croyance, la neutralité de l'État à l'égard des religions et le libre exercice des
cultes.
La neutralité s’applique donc aux agents de l’Etat en tant que tels mais pas
aux élèves qui ont bien le droit d’avoir une religion, de chercher à la vivre et
même de la revendiquer. Sinon, quelle serait leur liberté de conscience ?
Le problème, c'est bien directement l'éventuel contenu idéologique islamiste
du message véhiculé par les porteurs de tels vêtements qui sont le signe,
rappelons-le, de l’asservissement des femmes dans les pays où ils leur sont
imposés. Invoquer la laïcité ici, c'est tourner autour du problème plutôt que le
nommer.
L'interdiction des signes religieux ostentatoires est plutôt une règle de
discipline et aurait dû être présentée comme cela. Il aurait été plus simple et
plus juste en effet d'aborder ces questions sous l'angle de la tenue correcte : pas
de casquettes, de capuches, hijabs, jeans troués, djellabas, tongs, babouches,
crop-top, que sais-je encore... Pourquoi ne pas instaurer à l’école un uniforme
moderne et seyant pour tous ? Cela permettrait enfin de se focaliser sur
l’essentiel : l’enseignement.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
7 juillet 2023Les soignants opposés à l'aide active à mourir
Alors que notre pays va plus mal que jamais, il semble que le gouvernement ne renonce pas à présenter au cours de l’été un projet de loi pour autoriser l’Aide active à mourir, terme préféré à celui d’euthanasie, connoté d’eugénisme.
Il espérait un débat soi-disant apaisé (ou peut-être une
absence de débat) mais devrait constater au contraire que se lèvent les
oppositions face à cette violence supplémentaire faite à la société et aux plus
fragiles, quand on aurait surtout besoin de davantage de solidarité. 110
personnes handicapées, malades ou âgées ont publié récemment une
tribune dont le titre ressemble à un cri du cœur : « Quand nous souffrons,
rassurez-nous, soulagez-nous, retenez-nous ! » De nombreux soignants
aussi se révoltent car leur vocation n’est pas de faire mourir : la main qui
soigne ne peut pas être la main qui tue, soulignent-ils, et le risque est fort de
briser la confiance entre le patient et le soignant. Ils craignent d’autant plus
les effets d’une telle loi que le contexte est tendu dans les hôpitaux où l’on
manque partout de temps et de moyens. L’euthanasie pourrait souvent
apparaître comme la solution de facilité.
J’ai assisté récemment à une conférence 1 au cours de laquelle intervenait
le docteur Hubert Tesson, médecin chargé d’une unité de soins palliatifs. Il
décrivait très clairement la situation. Selon lui, il existait traditionnellement
trois façons de mourir : suite à un acharnement thérapeutique ; ou après
administration d’un cocktail lytique donné dans l’intention d’abréger les
souffrances ; ou en l’absence de prise en charge médicale, avec le déni que
cela pouvait représenter qui allait grandissant à l’approche de la mort. Nous
sommes sortis de cette situation délétère, explique-t-il, grâce aux lois votées
au cours de ces dernières décennies qui ont permis de développer un
modèle français de la fin de vie. Mais il arrive quand même qu’il y ait des
demandes d’euthanasie. Elles sont de 3 types : rarement pour cause de
souffrance physique (on recherche alors à avoir une réponse appropriée pour
rendre la situation moins violente) ; plus souvent pour souffrance psychique
(ce qui nécessite du temps et de l’accompagnement, car le désir de vivre
continue presque toujours d’exister) ; mais, le plus fréquemment, la demande
vient des familles et des proches, confrontés à des situations qu’ils trouvent
vaines et longues. C’est naturel et ce n’est pas dangereux, explique le
Docteur Tesson, tant que l’interdit de tuer nous protège. CQFD !
1 C’était organisé par l’Institut Ethique et Politique, le mardi 27 juin, salle Gaveau à Paris. Intervenaient
aussi notamment Erwan Le Morhedec, le professeur Emmanuel Hirsh ou le docteur Ségolène Perruchio, de
la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP).Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
30 juin 2023Nous éloigner des frustrations du temps présent
Guy Fournier est diacre du diocèse de Séez dans l'Orne. Il revient sur les raisons de la crise sacerdotale - 88 prêtres ordonnés pour toute la France cette année - et les met en perspective avec la "situation insurrectionnelle" que nous connaissons" ces derniers jours.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
27 juin 2023La journée mondiale des Beatles
Dimanche soir, avant d’éteindre mon ordinateur, j’ai, par faiblesse, laissé glisser une dernière fois la
souris sur la zone de recherche Windows de mon portable. Une fenêtre s’est ouverte aussitôt sur
mon écran annonçant que ce dimanche, le monde entier venait de célébrer la Journée mondiale…
des Beatles ! Heureusement que le soleil se couche tard en cette saison dans le Cotentin, je disposais
donc encore de quelques précieuses minutes pour réécouter dévotement et sans délai Abbey Road,
mon album préféré des quatre garçons de Liverpool. Je plaisante, évidemment. Mais soyons sérieux :
j’ai beau tenir pour acquis que les temps où nous sommes sont décidément pleins de surprises,
vraiment ils n’ont de cesse de se surpasser dans l’art de nous confiner dans un matérialisme
hédoniste et terriblement vain. Voici donc qu’en 2023, après les Journées mondiales du handicap, de
la lutte contre le SIDA, des droits de la femme ou de l’environnement, la terre entière a célébré… les
Beatles ! Nous sommes ainsi entrés dans une nouvelle série de thématiques universelles - que nous
sommes au passage priés d’honorer : en effet, puisque que la Journée est mondiale, elle suggère
donc que le monde entier est acquis à cette cause et si vous faites mine de ne pas vous associer à
cette unanimité planétaire, vous faites un pas vers votre propre exclusion de cette société universelle
du spectacle, à rebours de millions de jeunes, qui connaissaient sans doute mal les Beatles jusqu’ici
mais qui, grâce à cette Journée mondiale, vont contribuer à pérenniser la mémoire de ce groupe de
pop. Les instigateurs de cette célébration se sont-il mis en demeure de vérifier la prédiction qu’avait
maladroitement formulé John Lennon lorsqu’il avait annoncé en 1966 qu’un jour les Beatles seraient
plus célèbres que Jésus-Christ ? On le sent bien, tout cela est effroyablement artificiel, jusqu’à la
nausée. Georges Bernanos avait mille fois raison lorsqu’il avait émis ces propos autrement
prophétiques, et ce bien avant l’avènement des Beatles : « On ne comprend absolument rien à la
civilisation moderne si on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute
espèce de vie intérieure ». Si conspiration il y a, comme le dit Bernanos, ne nous laissons pas
subjuguer par elle. Trouvons les ressources nécessaires pour au minimum la tenir à distance. Pour ma
part, je prends beaucoup de plaisir à quelques lectures réflexives et je m’efforce de prendre mon
temps de prière quotidien. Une fois cela posé, j’écoute toujours avec plaisir un petit air des Beatles
de temps en temps…Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
23 juin 2023les églises au coeur des enjeux pastoraux liés à la déchristianisation
Il y a quinze jours, j’évoquais dans cette même rubrique l’ampleur de la déchristianisation de la France telle qu’elle est mesurée objectivement par les études statistiques de l’INSEE.
Evidemment, je pense que c’est une immense perte pour chaque personne concernée que de ne pas connaître le Christ et même, tout simplement, d’être coupée de sa dimension spirituelle et de toute transcendance, comme il semble que cela soit le cas désormais d’une majorité de nos contemporains.
Je crois aussi que la société y perd beaucoup en tant que telle. Il est bon que nous vivions dans une société laïque, non régie par les religions, mais les principes mêmes de liberté de conscience ou de solidarité avec les plus fragiles sont largement hérités du christianisme et leur recul au profit du matérialisme, de l’individualisme et d’une forme d’ultralibéralisme sociétal perturbe le vivre ensemble.
L’art montre aussi ce que la religion peut apporter de meilleur à l’Homme, qu’il s’agisse de la musique, de la peinture, de la sculpture ou de l’architecture. Combien d’œuvres d’art naissent de la foi et expriment la foi, comme aimait à le souligner Benoît XVI ? Le patrimoine dans nos églises, des plus grandes cathédrales aux plus modestes sanctuaires de campagne, le manifeste.
C’est là que je voulais en venir en fait, dans mon propos du jour en lien avec celui de la dernière fois sur la transmission. Oui, car l’Eglise ne peut pas se contenter de s’adresser au petit reste des chrétiens dits « pratiquants ». Il faut bien qu’elle se préoccupe des moyens qui lui permettent de préserver des liens avec la société tout entière et laisse aussi une chance à nos contemporains d’être sensibilisés à la valeur du message chrétien.
Les églises et leur extraordinaire patrimoine font partie de ces moyens car elles constituent une véritable richesse pour tous. Leur utilité ne consiste pas seulement à y célébrer le culte. Elles peuvent faire signe pour tous, en tant que lieu de mémoire d’humanité et moyen d’accès possible à une forme d’altérité, même si leur usage est appelé à se diversifier. La question de leur avenir n’est donc pas seulement « logistique » mais représente un véritable enjeu pastoral.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
16 juin 2023Hommage au prêtre, serviteur de l'Espérance
Don Paul Denizot, recteur du sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, rend hommage à la figure du "prêtre, serviteur de l'humanité souffrante" et de l'Espérance.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
9 juin 2023De la déchristianisation en France
Une étude récente de l’INSEE révèle que, désormais, 25 % des 18-59
ans se déclarent catholiques dans notre pays, alors que dans les années
1960, 90 % des enfants étaient baptisés dans les mois qui suivaient leur
naissance.
Et encore, parmi les catholiques, seuls 6 % considèrent la religion
comme un marqueur majeur de leur identité personnelle, une proportion bien plus faible que chez les juifs (54 %) ou les musulmans (30 %).
La transmission est une difficulté pour notre société contemporaine dans
son ensemble, que cela concerne la culture, les savoirs ou les valeurs en
général. Mais il semble bien que cela touche donc davantage encore les
chrétiens et les catholiques que les autres.
Ce constat est navrant. On peut se demander si, dans l’Eglise, de la part
de ses différentes composantes, clercs et laïcs de bonne volonté, il n’y a pas eu erreur sur les priorités. Nous n’avons, dans les structures ecclésiales, que le mot évangélisation à la bouche, mais nos paroisses peinent même à organiser simplement le catéchisme des enfants. Lorsque, en tant que diacre, je prépare ou célèbre des baptêmes, je rappelle bien sûr aux parents que le nouveau baptisé devra être élevé dans la foi mais je me demande s’il aura, concrètement, en vivant chez nous à la campagne dans l’Orne, accès à une formation chrétienne.
La chaîne est rompue et, ne nous voilons pas la face, il sera très difficile
de la reconstituer. Les scandales qui ont touché l’Eglise n’arrangent
évidemment rien à l’affaire. C’est triste et c’est dommage pour tous ceux qui ne rencontreront pas le Christ. C’est regrettable aussi pour notre société dont les repères humanistes s’effritent.
Comment s’étonner, dès lors, que, d’après un sondage du journal La
Croix effectué auprès des jeunes catholiques qui se rendront aux prochaines JMJ à Lisbonne, ils se ressentent comme « à contre-courant » ? Plutôt conservateurs, ces jeunes ne se considèrent pas comme gardiens de l’ordre établi, cet ordre ayant en quelque sorte disparu, mais plutôt comme contestataires.
Pourquoi pas ? Nous avons besoin de témoins en effet, qui sachent
exprimer leur foi et leur conviction et les vivre. Mais il s’agit d’être davantage dans l’annonce que dans le repli. Et pourvu que cela s’accompagne d’une véritable attention au monde contemporain et à ses défis qui sont également sociaux et écologiques.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
6 juin 20236 juin 1944 - 6 juin 2023 : le défi de la paix
Ce 6 juin nous fêtons le 79è anniversaire du débarquement allié sur nos côtes qui
permettra, après de durs combats, la libération de nos territoires et onze mois plus
tard la victoire finale sur le régime nazi de Hitler.
Il convient de commémorer tous ces soldats dont les noms sont gravés sur ces
milliers de tombes alignées dans les cimetières militaires de Normandie et de toute
l’Europe. Qu’ils s’appellent Jimmy, Bob ou Hans âgés pour les plus jeunes de moins de
18 ans surtout du côté Allemand, ils sont morts à cause de la folie meurtrière d’un
dictateur, arrivé au pouvoir en 1933 après que le parlement Allemand lui ait voté les
pleins pouvoirs.
Ces soldats ne demandaient qu’à vivre entourés de l’affection de leur maman pour
les uns, de leur fiancée, de leur épouse et de leurs enfants pour les autres.
Aujourd’hui la guerre revenue en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient reproduit les
mêmes effets de dévastation avec les mêmes causes : la soif de pouvoir, de
domination et les mêmes arguments : la haine de l’autre, la suprématie d’une
idéologie sur l’autre au profit de minorités agissantes.
Au lieu des reconstitutions de camps militaires, de batailles, ne devrions-nous pas
célébrer plutôt les conditions d’une paix durable en apprenant à mieux connaître les
autres, en acceptant nos différences, en nous respectant mutuellement, en militant
pour une plus juste répartition des richesses, en respectant la création, en
construisant des ponts plutôt que des murs.
Pour nous qui sommes chrétiens et défendons l’universalité du message de Jésus :
« Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai
aimés ». Il y a, à vrai dire, urgence à ouvrir nos yeux, nos oreilles, nos mains, nos
cœurs pour être attentifs aux détresses de notre monde. Acceptons humblement
d’être aimés par Dieu pour ce qu’il est et non pour ce que nous aimerions qu’il soit si
nous voulons être de véritables témoins de sa miséricorde, des messagers de Paix et
d’Espérance.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
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