14 mars 2025
L’euthanasie ou la loi du plus fort
La protection des personnes les plus fragiles demeurera toujours le signe et la mesure de l'humanité d'une société. Notre ambition devrait être de construire une société du soin par tous et pour tous. A cet égard, le modèle français des soins palliatifs est un véritable trésor national pour chaque patient, chaque médecin et pour nous tous.
Rappelons que la loi dite Leonetti, qui maintenait l’interdit de donner la mort, refusait l’acharnement thérapeutique et instaurait l’obligation de soulager les souffrances pour préserver la dignité des patients, a été votée en 2005 à l’unanimité des deux chambres, ce qui est un fait rarissime. Et elle continue d’inspirer. Ainsi, la semaine passée, un article de La Croix expliquait que des pays comme la Côte d’Ivoire, le Bénin, l’Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, la Grèce ou encore le Liban sollicitent une coopération pour structurer leur offre de soins dans l’esprit de cette loi, mieux lutter contre le cancer tout en évitant certains traitements coûteux et inutiles. Cela participe donc, si l’on peut dire, du soft power français. On ne peut que s’en réjouir à l’heure où nos sociétés démocratiques font face à la concurrence de modèles alternatifs qui font de la brutalité le ressort de tous les rapports humains !
Malheureusement, l’accès aux soins palliatifs n’est pas partout assuré correctement sur l’ensemble du territoire français et ce devrait être une priorité. Quand on voit l’état du monde, du pays et de son système de santé, on attendrait des politiques qu’ils se concentrent sur des sujets vitaux, c’est le cas de le dire ! Au lieu de cela, certains jugent encore bon de déposer des projets de lois pour libéraliser l’euthanasie, en jouant sur les peurs bien naturelles que chacun peut avoir face à la mort, alors que la réponse collective à ces angoisses devrait être de prendre soin des plus vulnérables. L’euthanasie, c’est le contraire, « c’est la loi du plus fort », comme l’exprime clairement Claire Fourcade, présidente de la SFAP, la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs. Cette soi-disant liberté laissée à une infime minorité fragiliserait un peu plus tout le système de soin. Elle est de l’ordre de ces libertés données aux forts au détriment des plus faibles. Ce n’est pas notre modèle, du moins je l’espère. Par pitié, laissons cela à d’autres !
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