
A vrai dire... RCF - page 5
présentée par Alain Charlier, Béatrice Ducellier, Thierry Grenet, P. Vincent de Labarthe, Anne-Cécile Suzanne, Marc Tesniere, Lecointre Vianney
Edito du jour : toute l'actualité est sujette à réflexion, nos éditorialistes partagent la leur
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9 mai 2025L’euthanasie risque de fragiliser toute la société
Pendant qu’il en est encore temps, je souhaitais dénoncer ici l’entreprise macabre qui est à l’œuvre en ce moment dans une indifférence quasi-générale. La Commission des affaires sociales a travaillé ces derniers jours sur la « proposition de loi relative à l’aide à mourir » qui doit être débattue à l’assemblée nationale à partir de la semaine prochaine. Que l’on ne s’y trompe pas, il s’agit bien d’euthanasie, même si ses promoteurs hésitent à employer les termes exacts. Parmi les amendements adoptés (du moins pour le moment), il y a celui-ci : « Est réputée décédée de mort naturelle la personne dont la mort résulte d’une aide à mourir ». Comme si l’injection létale n’y était pour rien. C’est le règne de la contre-vérité.
En revanche, tous les amendements suivants ont été rejetés : pas d’exclusion des souffrances psychiques comme seul motif de recours à l’euthanasie ; pas d’exclusion des personnes atteintes d’une déficience intellectuelle ; pas de nécessaire prise en charge préalable par les soins palliatifs ; pas d’avis nécessaire d’un psychologue clinicien ou d’un psychiatre ; pas d’obligation de collégialité de la décision ; pas de clause de conscience pour les pharmaciens chargés de préparer le produit létal ; pas d’obligation de s’assurer que le demandeur ne fait l’objet d’aucune pression, qu’elle soit financière, sociale ou provenant de son entourage… Le délit d’incitation au suicide assisté ou à l’euthanasie est d’ailleurs rejeté, alors que le délit d’entrave serait maintenu, punissant d’amende ou de prison quiconque voudrait dissuader son prochain de vouloir mourir. Où est la protection des plus faibles ?
Le président de la MGEN, qui soutient la mort administrée, sait à quoi s’en tenir et a déclaré : « Le taux de suicide des personnes âgées en France montre que la demande est déjà là. » En voilà un qui se frotte les mains à l’avance des économies qu’il pourra réaliser ! Non seulement les critères retenus pour l'accès à l'euthanasie sont tout sauf stricts mais la stratégie assumée des militants de la mort, tel le professeur Jean-Louis Touraine, est de « mettre le pied dans la porte » et de « revenir tous les ans » pour les élargir.
C’est pourquoi cette porte doit rester fermée. Aucun rempart éthique ne tiendra face aux dérives. L’interdit de tuer, qui est fondateur de la société et de la confiance que les malades peuvent accorder aux soignants, doit être préservé. La mort ne peut pas être une option thérapeutique parmi d’autres. Cette soi-disant loi de liberté ou de dignité, en fait profondément violente et anti-sociale, préparerait l’exclusion physique des plus vulnérables. Soyons tous ensemble vigilants et espérons que nos députés reviendront à la raison.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
25 avril 2025Le message du pape François pour la fraternité
Ce lundi, nous étions encore dans la joie pascale quand l’annonce du décès du pape François nous a saisis. Les hommages venant de tout bord ont naturellement tout de suite afflué.
Et, dès lundi matin, des commentaires insistaient aussi sur ce qui relèveraient des paradoxes de notre défunt pape. Ainsi, François, progressiste à certains égards lorsqu’il met en avant l’écologie ou l’accueil des migrants, serait au contraire conservateur s’agissant des mœurs, de l’avortement, de l’euthanasie.
Mais ce qui apparaît pour beaucoup comme contradictoire me semble plutôt être le signe de la très grande cohérence de François qui s’est exprimée notamment dans ses encycliques. « Tout est lié » est l’une de ses expressions que je retiendrais.
Dans sa déclaration en tant que président de la Conférence des Evêques de France qu’il est encore pour peu de temps, Mgr Eric de Moulins-Beaufort a souligné l’opiniâtreté avec laquelle François a appelé l’humanité à croire en la fraternité.
Notre pape dénonçait ainsi dans Laudato Si’ une culture du déchet qui s’applique aussi aux personnes.
Dans Fratelli Tutti, il pointe encore une culture vide, obnubilée par des résultats immédiats et démunie de projet commun, au détriment notamment de l’environnement, au profit de certaines catégories d’hommes jugées dignes de vivre sans restriction, d’autres parties de l’humanité pouvant être sacrifiées, et il cite les enfants à naître, les personnes âgées, les migrants à qui on refuse de participer à la vie sociale.
On se demande bien en quoi l’écologie serait de gauche et la défense de la vie, c’est-à-dire l’écologie humaine, de droite. Ce sont les mêmes logiques individualistes et consuméristes qu’il faut, dans les deux cas, combattre (et le mot n’est à mon avis pas trop fort).
Le pape François appelait de ses vœux une société fondée sur le service des autres, ce qui devrait être l’objet de tout engagement en politique, vocation noble s’il en est, car pouvant devenir l’exercice suprême de la charité, disait-il.
Permettez-moi d’ajouter, car c’est malheureusement l’actualité de la proposition de loi actuellement en discussion à l’Assemblée Nationale, que l’instauration d’un soi-disant « droit à mourir » serait un nouveau manquement à la solidarité que l’on doit aux plus fragiles et à ce projet collectif basé sur la fraternité que, pourtant, j’en suis sûr, le plus grand nombre appellerait de ses vœux.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
15 avril 2025Se responsabiliser
Dans toute situation, « Prendre sa place, toute sa place, rien que sa place. » nous conseille le psychosociologue Jacques Salomé. Réflexions sur cette marche de funambule avec Pauline Trochu.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
11 avril 2025Champs de bataille
La bande dessinée se révèle un média privilégié pour faire passer des idées ou pour présenter de manière vivante au plus grand nombre le résultat d’enquêtes fouillées. C’est le cas d’un ouvrage intitulé Champs de bataille, paru chez Delcourt en 2024, qui collecte de nombreux témoignages et illustre le traumatisme qu’a constitué le remembrement en Bretagne et dans d’autres régions de France.
Dans notre pays, après la Deuxième Guerre mondiale, les besoins sont immenses et la modernisation de l’agriculture tarde à venir si l’on se compare aux Etats-Unis, à l’Allemagne ou à la Grande-Bretagne par exemple. De fait, les moyens sont trop dispersés et les parcelles souvent bien trop petites. A partir des années 1940 et pendant des décennies, les différents gouvernements et les organisations agricoles vont organiser l’agrandissement à marche forcée des exploitations et l’adaptation des paysages aux tracteurs. Qui pouvait être contre le progrès ? Malgré les réticences et le désarroi de ceux qui voyaient parfois disparaître leurs raisons de vivre disparaître en même temps que leurs talus et leurs vergers, le sacro-saint progrès a fini par tout emporter, souvent dans la violence, à coup de bulldozer, et au prix du plus grand plan social jamais imaginé, qui a permis de passer de 7 millions de paysans et de salariés agricoles en 1946 à 3,8 millions en 1962 et à peine 800 000 aujourd’hui.
Nous sommes désormais accoutumés à nos paysages nus et à l’absence de vie dans nos campagnes dont les haies constituaient des réservoirs de biodiversité. Mais un livre comme Champs de bataille a le mérite de nous montrer que cela n’allait pas de soi et que l’on a sans doute eu tort d’aller trop loin dans des logiques productivistes, même si elles correspondaient au départ à une forme de nécessité. Edgard Pisani, ministre de l’Agriculture sous de Gaulle, en témoignait en 2009 : « Il est disparu beaucoup plus de fermes que nous ne l’imaginions. J’ai un peu honte de ne pas avoir su prévoir le bouleversement que cela provoquerait ».
Pourtant, en a-t-on collectivement tiré les leçons ? Concernant les haies, de mauvais plis sont pris. Il existe bien aujourd’hui des politiques publiques pour les replanter mais, malgré tous les avantages qu’elles apportent (stabilisation des sols, amélioration de la qualité de l’eau, création de conditions microclimatiques favorables…), on continue d’en détruire plus que l’on en recrée : 23 500 km de haies ont ainsi été annuellement détruits entre 2017 et 2021, en augmentation par rapport à la période précédente, et seulement 3 000 par an ont été replantés. Malgré l’urgence, il s’avère difficile de changer de logique et de trouver les modalités de régulation convenant à tous les acteurs.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
10 avril 2025Euthanasie, c'est pas fini
Chers auditeurs,
Mercredi 9 avril 2025, dans l’ignorance quasi générale du grand public, la Commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale a commencé d’examiner la proposition de loi relative à la fin de
vie. Cette proposition de loi de M. Olivier Falorni vise uniquement à légaliser l’euthanasie et le suicide assisté. Comme pour l’avortement, on voit déjà les excès qu’elle suscitera dans 15 ou 20 ans, lorsqu’on aura oublié que c’était pour exaucer des candidats à la mort. Il suffit de regarder en Belgique et au Canada pour s’en convaincre. Ils ont de l’avance sur nous et les dérives vont bon train.
Oooh ! Le cadeau est bien emballé : « Regardez ces pauvres gens qui souffrent ici-bas et à qui l’on ne permet même pas d’abréger leurs souffrances !! »
Dans quelques temps, les demandeurs seront, ou sont déjà, des proches qui ne supportent plus de voir leurs parents souffrir, ou pire encore, qui n’en peuvent plus d’être seuls à les aider !!
Vous-même, qui m’écoutez, l’âge et la santé aidant, vous vous verrez diminuer et vous souhaiterez de l’aide, le moment venu, non pas pour mourir, mais simplement pour faire vos courses, remplir un formulaire, dépanner votre portable, prendre un rendez-vous pour un examen médical ou bien pour vous y accompagner, …
Il est possible qu’à cette occasion, vous vous trouviez face à un rare proche qui s’épuisera à satisfaire vos demandes, pour peu qu’il compte d’autres membres de la famille dans votre cas, une vie professionnelle ultra remplie et quelques occupations personnelles. Alors, je vous parie qu’il y aura un service social pour l’aider à prendre cette difficile décision, pour vous, qu’il est temps que vous lui fichiez la paix, au nom de son bien-être et du vôtre, par-dessus le marché. En même temps, c’est vrai que votre argent dormait inutilement sur un compte bancaire, bloquant ainsi l’économie nationale. Mais en 2025, il existe encore des personnes, le Collectif Démocratie, Éthique et Solidarités, ou le
Centre Européen pour la Loi et la Justice, pour saisir l’ONU. Elles rappellent que l’interdiction de tuer est un fondement des Droits de l’Homme, réaffirmé lors du procès de Nuremberg, aux médecins nazi
qui avaient euthanasié des personnes en situation de handicap.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
8 avril 2025Les associations, des acteurs essentiels de nos démocraties
Alors qu'à cette époque de l'année, de nombreuses assemblées générales ont lieu, Gérard Coulon revient sur l'importance des associations pour nos démocraties.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
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