
Pascale Morinière | Le PPL fin de vie à l'Assemblée Nationale
En partenariat avec Les Associations Familiales Catholiques (AFC)
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LE POINT DE VUE D'ETIENNE PEPIN - Les débats ont commencé à l’Assemblée nationale sur la proposition de loi autorisant le suicide assisté et l’euthanasie en France.
Depuis hier, les députés examinent bien plus qu’une loi, c’est un texte qui bouleverse les fondements anthropologiques de notre société. Après le débat très consensuel sur les soins palliatifs, le débat sur l’aide active à mourir s’annonce beaucoup plus tendu. Déjà, sur les termes employés, comme pour dissimuler, atténuer, adoucir, disent certains, la réalité de ce que contient franchement la loi. Autoriser l’aide active à mourir, c’est bien légaliser le suicide assisté et l’euthanasie. Deux termes que le rapporteur général du texte, Olivier Falorni, récuse. "Ce mot d’euthanasie a été souillé par l’histoire, par les nazis, et nous n’en voulons pas. Pas plus que celui de suicide assisté, qui crée une confusion avec le combat que nous menons contre le suicide."
Mais au-delà des mots, qui interrogent et bouleversent les convictions mêmes des rédacteurs du texte, ce sont deux visions de l’humanité qui s’affrontent, entre la liberté de choisir et l’interdit de tuer. Il y a là une ligne de fracture majeure qui dépasse les clivages politiques. Pour le député RN Christophe Bentz, "nous sommes face au risque d’une rupture anthropologique, une forme de bascule de civilisation à laquelle nous nous opposerons". Le député de droite républicaine, Philippe Juvin, lui, interroge : "L’État peut-il être mêlé à la mort de quelqu’un ? Ce serait rompre avec l’interdit de tuer qui structure notre société". Le député PS Dominique Potier s’inquiète également : "Comment parler d’une loi de liberté, d’égalité, de fraternité, quand un Français sur deux est encore privé d’accès aux soins palliatifs ?".
Les évêques ont présenté, lundi 19 mai, une affiche qui sera diffusée dans les églises et les services diocésains. Ils veulent inciter les fidèles à agir, notamment en interpellant leurs parlementaires. Ils écrivent : "Disons 'non' à la légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté". "S'il était adopté le 27 mai, ce texte, parmi les plus permissifs au monde, menacerait les plus fragiles et remettrait en cause le respect dû à toute vie humaine." "Ne restons pas silencieux". "Ensemble, affirmons notre attachement à la dignité de chacun. Les soins palliatifs, capables de soulager les douleurs aiguës et soucieux d’un accompagnement, sont la véritable aide jusqu’au bout." "Interpellez votre parlementaire." L'affichette est munie d'un QR code renvoyant à une page sur le site de la CEF qui compile des informations sur la proposition de loi, les prises de parole de plusieurs évêques, et liste "ce que vous pouvez faire dès aujourd'hui ." Au-delà de cette nouvelle interpellation des évêques, qui se sont aussi mobilisés avec les autres représentants des cultes en France dans une tribune diffusée le 15 mai dernier, c’est aux fidèles de prendre leur part dans ce débat.
Les parlementaires ont sans doute besoin de vous, confrontés qu’ils sont au vertige de légiférer sur un sujet aussi sensible que la fin de vie. D’ailleurs, un député me disait récemment combien il était étonné de ne recevoir aucune alerte des catholiques sur l’aide active à mourir. Le débat a été un peu occulté, il faut bien le dire, par l’élection du pape Léon XIV et l’hommage universel au pape François, qui ne cessait d’appeler au respect inconditionnel de la vie, de son début à sa fin naturelle dénonçant en particulier, dans l’encyclique Laudato Si’, la culture du déchet dans notre société. Nous y sommes.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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