Hauts-de-France
Le débat sur la fin de vie est revenu, lundi 12 mai, après un an de suspension, au sein de l’Assemblée nationale. La Conférence des évêques de France a pris position en déclarant son opposition à la proposition de loi qui pourrait instaurer, pour la première fois en France, un droit à mourir. Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, détaille les enjeux entourant ces discussions.
Une loi similaire existe déjà dans plusieurs pays voisins, notamment aux Pays-Bas, en Belgique, au Canada, en Suisse et en Espagne.
La loi Claeys-Leonetti de 2016 a renforcé le droit d’accès aux soins palliatifs et encadre les procédures mises en place pour accompagner la fin de vie. Elle est cependant jugée insuffisante par le gouvernement, qui souhaite l’élargir à un droit à « l’aide à mourir ». Plusieurs responsables religieux se sont exprimés sur ce sujet, notamment Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort. Selon lui, la loi de 2016 est suffisante pour encadrer la fin de vie : elle empêche l’acharnement thérapeutique et permet d’accompagner les personnes malades et souffrantes grâce à la possibilité de recourir à une sédation profonde.
Il y a de grands investissements financiers, mais aussi humains, à réaliser. Il y a un important travail de formation à mener auprès des professionnels de santé
La loi actuellement débattue à l’Assemblée nationale vise à étendre les droits jusqu’à la possibilité de faire mourir quelqu’un. « C’est une transgression très grave », déplore Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort. Fort de son expérience auprès des personnes malades, il prône le développement des soins palliatifs et de l’accompagnement en fin de vie, encore trop peu développés en France, faute de personnel et de moyens. « Il y a de grands investissements financiers, mais aussi humains, à réaliser. Il y a un important travail de formation à mener auprès des professionnels de santé », explique-t-il. Il souligne également le danger d’ouvrir la voie législative à un « droit à mourir » qui engloberait à la fois le suicide assisté et l’euthanasie.
Depuis 2022, les représentants des différents cultes en France prennent position contre la loi sur l’aide à mourir, comme en témoigne la publication d’une tribune commune le jeudi 15 mai. « Nos interventions sur ce sujet ont été nombreuses, et nous veillons à ce qu’elles soient bien argumentées. » Le président de la CEF alerte sur le danger de voir le débat étouffé, un risque qui s’est accru ces derniers mois. Le président de la République a notamment invité à soutenir la loi au nom de la fraternité, plaçant ainsi ceux qui y sont opposés en contradiction avec cette valeur. Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort appelle à laisser le temps au débat parlementaire de se dérouler sereinement, sans précipitation ni influence, et à ne pas le biaiser par des informations erronées ou manipulées.
Nos interventions sur ce sujet ont été nombreuses, et nous veillons à ce qu’elles soient bien argumentées
Il insiste aussi sur l’importance d’utiliser des termes exacts, qu’il estime souvent déformés par les promoteurs de la loi. L’article 9, en particulier, a suscité une vive réaction, car il stipule qu’est « réputée décéder de mort naturelle la personne dont la mort résulte d’une aide à mourir ». Pour Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, cela constitue un mensonge grave. Il rappelle que le droit à mourir n’existe pas : « Nous allons tous mourir, c’est une réalité, pas un droit. La société accepterait désormais de faire mourir quelqu’un ou d’aider quelqu’un à se donner la mort. »
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