
A vrai dire... RCF - page 14
présentée par Alain Charlier, Béatrice Ducellier, Thierry Grenet, P. Vincent de Labarthe, Anne-Cécile Suzanne, Marc Tesniere, Lecointre Vianney
Edito du jour : toute l'actualité est sujette à réflexion, nos éditorialistes partagent la leur
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23 avril 2024Antisémite
Il est une imprécation que l’on entend parfois à l’adresse de personnalités critiquant la politique étrangère d’Israël. Cette imprécation, entendue dans la bouche du député Meyer Habib par exemple, c’est celle « d’antisémite » : si vous portez un avis négatif sur Israël, vous êtes peut-être bien antisémite. On sent que cette accusation est faite pour décourager toute critique sur la politique menée par Israël au Proche-Orient. Et de fait, c’est très intimidant : quand vous dites à quelqu’un qu’il est antisémite dans un débat dont vous ne venez pas à bout, il y a des chances pour que votre contradicteur, tout en s’en défendant, batte piteusement en retraite. Et cependant, il y a moyen de déminer ce faux anathème. Tout d’abord, dire à quelqu’un qu’il est antisémite parce qu’il conteste ce que disent ou font les dirigeants d’Israël, c’est accepter placidement le mélange des genres. Pour prendre une comparaison : on n’est pas anti-français, ou anti-chrétien, ou anti-droits-de-l’homme parce qu’on critique la diplomatie française. Mais le point que je trouve intéressant est le suivant : en admettant que quelqu’un ait réellement une dent contre Israël, serait-il pour autant exact de le traiter d’antisémite ? En réalité, il me semble que peu de gens savent à quoi ce mot fait référence. Il renvoie au sémitisme bien sûr mais justement, qu’est-ce que le sémitisme ? Il y a d’abord le versant ethnique : les Israéliens sont-ils des sémites ? Eh bien ce n’est pas du
tout évident. Les ancêtres des Israéliens actuels sont passés par de nombreux lieux dans l’Histoire parmi lesquels l’Europe et le Caucase de sorte que l’argument ethnique est devenu très faible. Mais peut-être que le sémitisme renvoie à la religion. Peut-être que le prétendu antisémite en veut à la religion du talmud. Mais là encore, c’est loin d’être évident dans un contexte d’apostasie générale, y compris en Israël. Le troisième attendu qui pourrait expliquer l’accusation d’antisémitisme est le projet politique d’Israël, c’est-à-dire le sionisme avec sa dimension messianique. Mais là encore, qui peut déceler au sein de la politique française un quelconque courant antisioniste, y compris parmi la droite identitaire ? Et d’ailleurs Meyer Habib, promoteur de la cause d’Israël, celui qui est si prompt à dégainer l’accusation d’antisémitisme, campe dans les rangs du parti de Marine Le Pen à l’Assemblée nationale. Comprenne qui peut ! Non, décidément, il n’est guère de juron aussi peu approprié que celui d’antisémite … sauf bien sûr à concourir pour le prix de l’humour
politique.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
12 avril 2024La conversion écologique selon nos évêques
Pendant trois ans, les évêques ont travaillé prioritairement sur la conversion écologique, au cours de leurs Assemblées plénières, avec de nombreux intervenants, ce qui a donné lieu à la publication encore assez récente par la Conférence des Evêques de France d’un ouvrage intitulé Ensemble pour notre terre.
Se convertir, c’est venir ou revenir au Dieu vivant, c’est se détacher de ce qui nous retient loin de Lui et avancer vers Lui qui, en Jésus, s’est approché de nous tous et de chacun. Qu’y a-t-il d’écologique à cela ? Mgr de Moulins-Beaufort pose la question pour mieux dire l’intérêt qu’il y a de parler de conversion.
Car il s’agit, et c’est son premier point, de transformer de manière radicale la manière dont l’être humain se comprend lui-même comme partie de l’univers et il explique son scepticisme par rapport à des discours qui se contentent de prôner un ajustement du système.
Mgr de Moulins-Beaufort reste aussi marqué, explique-t-il, par les abus spirituels et sexuels commis par des hommes d’Eglise, ce qui illustre que toute autorité court le risque de se dégrader en domination et tout pouvoir en prédation. Une action ou une entreprise ne peuvent être bonnes si l’on ne prend pas conscience des souffrances qu’elles peuvent causer. Il n’hésite pas à faire l’analogie avec le modèle productiviste à l’occidental. Le développement des techniques a permis à beaucoup d’entre nous d’éviter les ravages effroyables du manque, mais une partie de l’humanité en reste menacée et cette menace s’est accrue notamment par le dérèglement climatique, l’envahissement par les déchets et la stérilisation des terres. Il faut donc, suivant le pape François dans Laudato si’, changer de paradigme, sortir de la culture du déchet pour entrer dans celle de l’attention aux plus petits, aux plus précaires, à nos dépendances mutuelles.
Il s’agit donc bien de vivre cette transformation, avec les renoncements qu’elle implique, comme une opportunité de croissance spirituelle, d’intensification de la vie intérieure, d’approfondissement des relations avec les humains. Et il s’agit de davantage ressembler au Christ, pauvre, chaste et obéissant, sans pour autant être un ascète : évitons de nous gaver et vivons tout repas comme une anticipation du banquet céleste.
A nous chrétiens de devenir les ferments d’un monde nouveau, de retrouver le regard du Christ sur le Monde pour être collaborateurs de son salut. Très concrètement, les évêques proposent de nombreuses pistes à mettre en œuvre, y compris au sein de l’Eglise. Nous y reviendrons peut-être une autre fois.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
11 avril 2024Une histoire particulière pendant le génocide Rwandais
On commémore au cours de ce mois d’avril le génocide Rwandais qui s’est produit il y a 30 ans.
Simon Gouin, fondateur du magazine normand Grand-Format revient sur une histoire particulière, celle d’une femme qui parvint à sauver un enfant.
https://grand-format.net/Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
28 mars 2024Morts à la rue
En 2023, au moins 20 personnes vivant à la rue sont décédées en Normandie et 656 dans toute la France selon les chiffres du Collectif des morts de la rue. Simon Gouin, co-fondateur du magazine normand Grand-Format, rappelle cette triste réalité, alors que la précarité et la pauvreté ne cessent de gagner du terrain.
https://grand-format.net/Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
26 mars 2024Les intermédiaires sont-ils un fléau ?
Vous connaissez Ordralphabétix, le vendeur de poissons des aventures d’Astérix qui, bien qu’habitant en bord de mer, vend du poisson à l’odeur pestilentielle à ses concitoyens. Et Ordralphabétix d’argumenter que son poisson, monsieur, lui, il va le chercher à Lutèce.
Quelle trouvaille lumineuse de Goscinny pour expliquer la façon dont fonctionne nos économies modernes. Ordralphabétix se fournit auprès de commerçants lutéciens, donc d’intermédiaires entre le producteur et lui, le revendeur en bout de chaîne. Il considère que son poisson lui coûte moins cher que s’il le pêche lui-même. C’est évidemment absurde et, à la fin, c’est le consommateur qui est perdant. Eh bien, ne sommes-nous pas aujourd’hui en pleine absurdie ? Cette semaine, je me suis rendu chez un producteur du Cotentin qui me disait que les salaisons qu’il vendait au grand distributeur local était revendu trois fois plus
cher aux clients finaux. « C’est du vol ! » me disait-il. C’est désormais une antienne connue : l’essentiel du prix de ce que nous achetons revient aux intermédiaires. Les intermédiaires, voilà l’ennemi. Ce n’est pas à dire qu’il faut supprimer les intermédiaires ; ce qu’il faut supprimer, ce sont tous ces comportements parasites, soumis à la financiarisation de
l’économie et in fine nuisibles aux consommateurs. Voyez l’électricité : l’introduction d’intermédiaires a rendu notre énergie, autrefois la moins chère d’Europe, beaucoup plus chère. Nos commerçants, parmi lesquels le petit producteur dont je parlais, alertent sur une augmentation de 300% en deux ou trois ans. De même, l’inflation galopante que nous
subissons est due aux marges indignes pratiquées par les intermédiaires. À ce point du constat, on en vient à s’interroger sur le bien-fondé économique des intermédiaires.
Quelqu’un rapportait récemment un fait tiré de notre Histoire. Autrefois, disait-il, les marchands, autrement dit : les intermédiaires, étaient tenus éloignés du marché, par ordre du roi. Les gens commerçaient directement du producteur au consommateur. Ce n’est qu’une fois les transactions terminées que les soldats laissaient les marchands entrer. Cet exemple montre que l’économie doit être régulée, qu’il n’y a pas de fatalité ou de « main invisible » en économie mais que celle-ci a besoin d’être conduite par une volonté politique orientée vers le bien commun. Mon petit producteur du Cotentin s’est séparé de son distributeur intermédiaire et l’été suivant, il avait doublé son chiffre d’affaires tout en pouvant pratiquer à nouveau des prix dignes auprès de sa clientèle. De même, on attendrait du gouvernement une volonté politique pour introduire enfin un peu de sagesse dans nos circuits de distribution.Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay
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