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Ils sont facilement reconnaissables grâce à leurs uniformes colorés, les gardes suisses pontificaux, véritables ambassadeurs de la Renaissance, incarnent une tradition au cœur du Vatican. Ils sont chargés de la sécurité du pape et des lieux les plus sacrés de la chrétienté et exercent parfois bien plus qu’un simple métier : une vocation, un engagement spirituel et militaire unique au monde. Mais qui sont-ils vraiment ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Melchior Gormand.
Pantalon et veston jaune et bleu, hallebarde et casque coiffé d’une plume d’autruche, les gardes suisses se tiennent droits comme des statues de la Renaissance, à chaque porte du Vatican. Ces hommes sont engagés dans la protection du plus petit État du globe.
Membres d’un corps militaire unique au monde, ils doivent passer par une sélection et une formation peu ordinaire. Doués d’une force d’esprit et de sacrifice et d’une patience hors du commun, les gardes suisses font partie de la mécanique complexe du Vatican. Leur rôle implique d’être aussi proche spirituellement et quotidiennement du pape.
Garde suisse. Un métier qui implique des règles strictes. Première règle, il faut être helvète. Parmi les conditions actuelles pour faire partie de la garde, “il faut avoir le passeport suisse”, détaille Alain Miserez, ancien garde suisse de 2009 à 2014. "Il faut aussi avoir fait son service militaire en Suisse", ajoute Didier Grandjean, membre du corps de 2011 à 2019. Et ce n’est pas tout, puisque pour postuler, il faut mesurer 1,74 m minimum, être célibataire, avoir déjà terminé une formation et être catholique. “Il faut notamment avoir un papier de son curé qui atteste que l’on fréquente les sacrements”, explique ce dernier.
Il faut avoir le passeport suisse
Après avoir participé à une journée de tests, “il y a un recrutement qui est fait en Suisse, puis on a un entretien avec le commandant et le chapelain”, qui peut donner suite à une réponse favorable à l’engagement, rappelle Didier Grandjean. Alain Miserez considère que "c'est un processus qui prend un certain temps, et c’est particulier car c’est une vraie vocation de s’engager pour un tel métier", raconte-t-il. “Il y a toute cette durée du processus pendant laquelle on ne sait pas si on est accepté ou pas”, ce qui d’après lui, rend l’attente difficile.
Le 6 mai de chaque année, les recrutés prêtent serment. “On commémore ce moment où le serment, l’engagement fondamental des gardes suisses, a été le plus éprouvé durant l’histoire”, explique Alain Miserez. En 1527, le Sac de Rome et l’Italie ont vu se déclarer une guerre civile, causée par des soldats engagés par Charles Quint, qui se sont révoltés et ont voulu attenter à la vie du pape Clément VII. "Mais c’était sans compter sur les gardes suisses au nombre de 147, morts dans les combats”, et dont la diversion a permis d’aider la fuite du pape, accompagné d’un contingent de sa garde rapprochée.
Depuis 1506, nous sommes là au service du pape
Aujourd’hui, cette date emprunte d’une histoire forte fait office de jour de célébration au Vatican. Elle résume aussi l’une des principales missions de ce corps : la sécurité rapprochée du pontife. “Depuis 1506, nous sommes là au service du pape”, rappelle Alain Miserez. Les missions sont d’assurer la protection des personnes et la gestion des déplacements, comme le font des gardes du corps. Il s’agit également de protéger les objets et les lieux du Vatican, "les immeubles d’importance où les réunions se tiennent, où sont conservés des documents”. “Il y a enfin la gestion des entrées du Vatican, ce qu’on pourrait appeler des douanes”, finit d'énumérer l’ancien garde. En somme, des tâches qui impliquent une proximité avec le souverain pontife au quotidien.
“Résidence d’été du pape avec Benoît XVI et son frère, les deux vers 20 h 30, lettre à Élise à quatre mains.” Un souvenir unique qu’Alain Miserez chérit et raconte avec une passion sans commune mesure. Un exemple exceptionnel de proximité que partagent les gardes suisses avec les différents souverains pontifes. Didier Grandjean s’amuse encore d’une anecdote. “J'étais en service pour une audience et Benoît XVI est passé devant moi latéralement sans me regarder. Puis il s’est arrêté, s’est retourné, et m’a fait une petite inclination avec un regard, me signifiant qu’il me remerciait pour mon service.”
Nous faisions partie de son entourage
“Le pape François, lui, venait vers nous, il voulait nous connaître, en savoir plus sur notre famille, c’était une relation vraiment paternelle”, se remémore Didier Grandjean. Celui qui suit aujourd'hui le séminaire pour devenir prêtre, raconte comment le pape François lui a confié qu’il considérait les gardes comme des membres de sa famille.
“Nous faisions partie de son entourage, et il tenait à ce qu’on soit impliqués”. Florent Després, garde suisse de 2021 à 2023, parle d’une très grande proximité avec le pape François. “J’ai pu échanger avec lui un certain nombre de fois, quand je faisais mon service à l’entrée de sa chambre notamment”, raconte le jeune homme. “Quand il sortait le matin, il nous donnait souvent des biscuits, des choses à manger, et il vérifiait que nous avions assez à manger”, continue-t-il.
“Au-delà de l'aspect spirituel, la particularité avec le pape François, c’est qu’il y avait cette relation presque familiale”, considère Alain Miserez lorsqu’il se remémore ses jours aux côtés du pontife défunt. Didier Grandjean considère les deux papes qu’il a côtoyés comme des pères spirituels. “Ils m'ont accompagnés, y compris quand j’ai quitté la garde, et dans mon parcours au séminaire, j’ai eu la chance de bénéficier des conseils et de l’accompagnement du pape François”, se rappelle-t-il.
La particularité avec le pape François, c’est qu’il y avait cette relation presque familiale
Depuis la disparition du pontife, Florent Després parle de sa tristesse comme celle ressentie lors de “la perte d’un membre de notre famille”. De même que son camarade, Alain Miserez ressent de la tristesse lorsqu’il évoque “le départ d’un grand-papa”. “Je dois à Benoît XVI et au pape François une bonne partie de ma vocation, et si je suis au séminaire aujourd’hui, c'est aussi grâce à leur exemple”, témoigne Didier Grandjean. Lui aussi aborde la disparition de François comme la perte d’un proche. Les trois anciens militaires confèrent à leur rôle auprès du Vatican une vocation sans égards, qui leur laisse encore aujourd’hui une empreinte spirituelle et émotionnelle, à vie.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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