Attentive aux réformes au sein de l'Église catholique, la théologienne Marie-Jo Thiel réagit à l'élection de Léon XIV comme 266e successeur de Pierre.
Pour la théologienne, le choix du nom papal n'est pas anodin et l'inscrit dans une lignée sociale.
"Prendre le nom de Léon XIV, c'est forcément faire le lien avec Rerum Novarum, encyclique sociale majeure de l'Église catholique publiée en 1891 par le pape Léon XIII. Elle est concomitante de la montée de la question sociale, ce qui est fort pour ce pape qui a vécu 20 ans en Amérique latine", estime la théologienne. De fait, à l'époque, Léon XIII dénonce les excès du capitalisme et appelle à un catholicisme social.
Les papes qui aborderont ensuite la question sociale le feront à une époque charnière, à commencer par Pie XI en 1931 avec l'encyclique Quadragesimo anno, suivi de Jean XXIII dans Mater et Magistra en 1961 juste avant le Concile. "C'est un pape qui devrait être extrêmement sensible à la question sociale dans la ligne de François, sur la question des pauvretés, de la misère et des migrations", conclut Marie-Jo Thiel.
Dans sa toute première allocution lors de son apparition au balcon de la basilique Saint-Pierre de Rome, Léon XIV a parsemé son discours de références à son prédécesseur en le citant nommément et le remerciant publiquement.
Il a également évoqué "l'Église synodale qui marche", un rappel de sa participation au dernier Synode sur la question de la participation, la communion et la mission au sein de l'Église catholique. "Il y a une filiation extrêmement forte avec François", estime Marie-Jo Thiel.
Sa reprise de l'expression "Dieu aime tout le monde" chère au pape François n'a pas échappé à la théologienne qui travaille sur la question de réformes dans l'Église. Pour autant, Léon XIV présente un style plus conciliant par rapport au ton tranchant de son prédécesseur, notamment en reprenant la vêture traditionnelle de la présentation au balcon, tandis que le pape François s'était présenté en simple tenue blanche.
En regardant ses prises de position antérieures lors du Synode, Marie-Jo Thiel a relevé quelques différences. "J'ai compris qu'il ne voulait pas vraiment des femmes diacres. François avait ouvert la question et accepté de la discuter. Ici, nous ne sommes pas tout à fait à ce niveau-là. Idem pour la question des personnes homosexuelles. En revanche, il est vraiment sur la ligne Amoris Laetitia sur les divorcés remariés, avec cette prise en compte de la miséricorde, même si c'est un mot qu'il n'a pas prononcé."
Quand on devient pape, on change. La fonction vous agrandit
Pour autant, la professeure émérite à la Faculté de théologie catholique de l'Université de Strasbourg juge que le nouveau souverain pontife pourrait évoluer. "Quand on devient pape, on change. On est dans une certaine continuité, c'est évident, mais en même temps, il y a aussi la fonction qui nous grandit. Est ce qu'il va en rester exactement là ou est ce que, en écoutant des femmes et en écoutant des victimes (une enquête sur sa manière d'avoir géré une affaire lorsqu'il était provincial de l'Ordre des Augustins au Pérou dans les années 2000 est en cours, ndlr), il va agrandir sa perspective réflexive ? Je m'en réjouirais et et je crois qu'il faut lui donner la possibilité de cette opportunité."
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