Chercher l’unité sans jamais sacrifier la vérité
Le 1er novembre à Rome, le jubilé du monde de l’éducation se clôturera par un grand événement : saint John-Henry Newman sera proclamé Docteur de l’Eglise. Le père Jean-Louis Guérin-Boutaud est le recteur du séminaire de Notre-Dame-de-Vie et l’auteur de La vision eschatologique dans les sermons paroissiaux de John-Henry Newman. Il évoque la façon dont le saint cardinal, grâce à ses diverses expériences pastorales et son passage par l'Église anglicane, a toujours eu le souci de l’éducation.
Père Jean-Louis Guérin-Boutaud © DRAux côtés de saint Thomas d’Aquin, Newman deviendra "co-patron de la mission éducative de l’Eglise". La société divisée dans laquelle il a grandi, semblable à celle dans laquelle nous vivons aujourd’hui, a fait grandir en lui un profond désir de tendre vers la vérité.
L’équilibre entre vérité et charité
Prêtre anglican converti au catholicisme, John-Henry Newman était un homme d’une grande sensibilité. Cet aspect de son tempérament est "allié à une finesse de l’intelligence", selon le père Jean-Louis Guérin-Boutaud. Cette "force de pensée" le dirige "directement vers ce qui a du sens, c’est-à-dire au cœur de chaque question qu’il se pose". Pleinement conscient des fractures qui caractérisent la société anglaise du XIXe siècle dans laquelle il évolue, Newman puise précisément là-dedans pour "chercher l’unité sans jamais sacrifier la vérité". Ce désir de vérité va petit à petit le pousser à cheminer vers l’Eglise catholique. Il y entre à 44 ans, soit à la moitié de sa vie. "Il chemine depuis l'Église anglicane, qu'il aime profondément. Il estime qu'il y a tout reçu", explique le père Jean-Louis Guérin-Boutaud. "C'est par enrichissement et non par renonciation, qu’il choisit de devenir catholique", ajoute-t-il, parce qu’il "s'aperçoit qu'il manque quelque chose."
L’éducation pour ligne directrice
Ce grand théologien à certes le profil d’un intellectuel, mais sa pensée théologique et philosophique s’inspire simplement de ses expériences pastorales. "Il n’est ni théoricien, ni systématicien", affirme le père Jean-Louis Guérin-Boutaud. C’est là tout le propos du recteur du séminaire de Notre-Dame de Vie, qu'il explore dans son ouvrage La vision eschatologique dans les sermons paroissiaux de John-Henry Newman.
Il ne met pas les choses dans des boîtes bien ordonnées. Newman est un penseur de la vie.
Toujours soucieux de répondre aux sollicitations, il a pour priorité "d’aider les personnes qui lui sont confiées sur le chemin de la foi". Newman a pour habitude de déclarer que "du début à la fin, l’éducation est ma ligne directrice". Cela nécessite d’élargir notre perception de l’éducation, qui ne se cantonne pas uniquement à la jeunesse ou aux étudiants. A partir de ses expériences en paroisses, il cherche à repérer la manière dont chaque personne réfléchit pour adapter son accompagnement. Selon le père Jean-Louis Guérin-Boutaud, "cette intelligence de perception lui vient de l’amour : elle est puisée en Dieu lui-même".
Dieu nous veut intelligent, et il n’y a pas plus intelligent que l’amour.
Le 23 octobre dernier, le pape Léon XIV a reçu le roi Charles III au Vatican. Cette rencontre entre le chef de l’Eglise catholique et celui de l’Eglise anglicane est historique. Serait-ce déjà une des grâces que nous obtient saint John-Henry Newman, futur Docteur de l’Eglise ?


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