Pierre Durieux | Jubilez, chers padres !

Ce week end, Pierre, Patrick, Antoine, Joseph vont célébrer leur 50e, 60e, voire 70e anniversaire dans le sacerdoce.

Qui sont – ils ? Ce sont nos prêtres ainés !

Ils sont survécu à toutes les crises, et ils sont là, fidèles. En maison de retraite, ou discrets auxiliaires de nos paroisses, des centaines de prêtres fêtent un anniversaire jubilaire en ce mois de juin, souvent dans une certaine discrétion.

Leurs visages portent les cicatrices de ces dernières décennies, leurs yeux ont scruté le bréviaire avec l’obstination des vieux moines, le teint de leur peau est souvent plus pâle que celui des hosties qu’ils consacrent quotidiennement ! Ils ont vu certains de leurs confrères quitter la vie religieuse après les crises de l’Eglise ou des crises personnelles, ils ont accueilli tant de nouveaux papes, de nouveaux évêques, de nouvelles réformes pastorales… Ils constatent surtout que les 90 nouvelles ordinations, pour la France, en cette année 2025, ne viennent pas en nombre suffisant, pour compenser les pertes annuelles de leur génération.

Leur rendre ici un hommage

Précisément parce qu’ils ne font pas de bruit. Ils ne sont pas sur les réseaux sociaux. Ils n’ont ni blog, ni site, ni moyen d’exprimer leurs avis !

On ne les invite plus à la radio et d’ailleurs, ils n’ont le plus souvent, que des avis nuancés et prudents. Il ne sont pas plus inquiets que ça par la dernière guerre qui agite l’actualité, car ils savent que ce n’est ni la première, ni la dernière. Il ne s’agitent pas davantage de la dernière nomination absurde, de la dernière loi prétendument humaniste…

Non, mais ils ont la sobriété pour compagne, la fidélité pour amie. Ils ont fait le choix de donner leur vie quand ils avaient 7, 14 ou 21 ans, et les voilà tels les Syméon de nos église, « fidèles à la prière, à la fraction du pain, à la fraternité de nos communautés ».

Vous leur demandez un rdv pour se confesser : c’est toujours possible dans les 12 heures, quand les jeunes prêtres vous donnent RDV dans un mois, du fait du poids de leurs charges. Ils ont tout entendu, tout vu des misères de la pâte humaine, ils sont souvent plus experts de la Miséricorde que leurs jeunes confrères épris de justice. Ils ont expérimenté eux-mêmes des fragilités crucifiantes. Ils n’ont plus d’illusions, mais ils ne sont pas désespérés.

Nous ne les remercions pas assez

Le monde ne les voit pas. L’Eglise les oublie parfois. Les catholiques sont souvent critiques. Mais nos prêtres âgés veillent, la cité, ingrate qui s’endort ou se réveille, sans les connaître. Mais Moi, dit Dieu, aurait pu dire Charles Peguy, je vois vos âmes chargées d’années. Je pèse, dit Dieu, le poids de votre fidélité. Je sais que vos vies portent deux ou trois fois la durée de la vie terrestre de Mon Fils, et parfois autant de Passions et de Résurrections… !

Bon anniversaire Pères Pierre, Patrick, Antoine, Joseph.

Merci d’avoir tenu, jusque là !

Merci de votre fidélité, ciment de nos citadelles intérieures !