LE POINT DE VUE D'ANTOINE-MARIE IZOARD - Antoine-Marie Izoard parle de la catastrophe humanitaire en cours à Gaza, et de la difficulté malgré tout d’évoquer ce conflit dans les médias sans réveiller les clivages.
J’en veux pour preuve le courrier reçu à la Rédaction de Famille Chrétienne : une abonnée déplorait récemment « encore un article pro Hamas », en écho à un billet dans lequel nous rapportions les propos du secrétaire général des Nations unies sur l’aggravation des conditions de vie dans la bande de Gaza. Un couple de fidèles lecteurs nous reprochait quant à lui d’être « désespérément muets » sur le « carnage » dans l’enclave palestinienne, et ces lecteurs de pointer notre « manque de courage ». Il n’est pas rare, pourtant que nous parlions de la tragédie en cours à Gaza, mais ces échanges prouvent combien le sujet divise profondément, et combien il est difficile de poser une parole ajustée sur ce conflit.
Oui, en tentant de parler en vérité. En faisant en sorte d’abord de ne jamais oublier les horreurs commises par les bourreaux du Hamas le 7 octobre 2023, ainsi que le sort des centaines d’otages, morts dans d’atroces conditions, ou ceux qui sont encore en captivité. De récentes opérations armées ont permis, c’est un soulagement pour les Israéliens, d’éliminer de hauts responsables de l’organisation islamiste. Mais parler en vérité, c’est aussi reconnaitre qu’après sa forte riposte aux attaques barbares du Hamas, le gouvernement Netanyahu a changé ses plans. Ainsi, les actions de l’armée israélienne à Gaza sont loin de se limiter désormais à l’éradication de l’organisation terroriste et au retour en vie des derniers otages. Empêchant l’acheminement de toute aide humanitaire, l’État hébreu souhaite pousser la population à l’exode. Mi-mai, de retour d’une visite à Gaza, le chef des opérations humanitaires de l’ONU n’a pas mâché ses mots. Tom Fletcher a tenté de secouer les membres du Conseil de sécurité en les exhortant à « agir, de façon décisive, pour empêcher un génocide ». Ce terme est puissant, et c’est l’Histoire qui jugera de l’existence ou non d’un génocide, mais la volonté de Benjamin Netanyahu d’occuper la bande de Gaza et de forcer sa population à l’exil n’est plus un secret pour personne.
L’enclave palestinienne ressemble de plus en plus à un cimetière, et ses habitants peuvent y trouver la mort en se rendant à une simple distribution de nourriture. Visiblement plus intéressé par sa survie politique que par le sort des derniers otages, Netanyahu est de plus en plus sous pression d’une communauté internationale jusque-là impuissante. À condition de parler d’une seule voix, Donald Trump acceptant enfin de se joindre au concert, celle-ci peut pourtant exhorter Israël à cesser les bombardements et à acheminer l’aide nécessaire, et tordre le bras au Hamas pour qu’il libère les otages israéliens encore détenus et qu’il restitue les corps de ceux qui ont été tués. Puis viendra la solution de deux États pour deux peuples. Sans cela, il n’y aura pas l’ombre d’un début de paix.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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