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Il a passé un mois à Gaza, il raconte l'enfer

Il a passé un mois à Gaza, il raconte l'enfer

Un article rédigé par Faustine Grimaldi Gardey de Soos - Radio Notre Dame, le 4 juin 2025 - Modifié le 6 juin 2025
L'Invité de la MatinaleJean-Pierre Filiu a passé un mois à Gaza, il raconte l'enfer

Le 3 juin 2025, 27 personnes ont été tuées dans le sud de la Bande de Gaza, quand des soldats israéliens ont ouvert le feu près d'un centre d'aide humanitaire. Le Haut-Commissaire de l'ONU aux Droits de l'Homme dénonce des "crimes de guerre". Rares sont les témoignages de ceux qui ont pu arpenter Gaza ces derniers mois. Comment la population vit-elle cet enfer ? Éléments de réponses avec Jean-Pierre Filiu, historien et professeur des universités en histoire du Moyen Orient, qui raconte ces quelques semaines passées dans l'enclave dans son livre publié en avril 2025, Un historien à Gaza.

L'historien Jean-Pierre Filiu a pu se rendre dans l'enclave pendant un mois. © DR L'historien Jean-Pierre Filiu a pu se rendre dans l'enclave pendant un mois. © DR

Encore des morts à Gaza. Pendant ce temps, les organisations humanitaires, tel que Médecins sans frontières, peinent à aider la population gazaouie. Cela fait 600 jours que la Bande de Gaza est assaillie par les attaques de l'armée israélienne. Monseigneur Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, n'a pas pu se rendre à Gaza contrairement à l'historien Jean-Pierre Filiu. Il souligne les horreurs que vivent les Gazaouis, qui peuvent cependant compter sur leur foi qui demeure leur "refuge."

Une expérience traumatisante

L'historien Jean-Pierre Filiu est parti par l'intermédiaire de l'organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) du 19 décembre 2024 au 21 janvier 2025. Créée en 1971 à Paris par des médecins et journalistes, Médecins sans frontières fournit des soins sanitaires et des secours matériels aux populations en guerre. "J'ai contribué sur place à cette action collective", affirme Jean-Pierre Filiu.

Muni d'un gilet pare-balle et d'un casque, il a commencé à écrire ce livre au cœur des combats. "C'est extrêmement bouleversant, les villes et les monuments que je connaissais ont été pulvérisés." L'historien parle avec émotion de ces réalités atroces au travers desquelles la population n'a qu'un enjeu : la "survie du quotidien". Dans son livre Un historien à Gaza, il décrit la misère d'une famille marquée par l'impossibilité de protéger leur nouveau né contre les bourrasques de vents et de sable humide : "Au matin, les parents découvrent avec effroi le corps de Sila comme du bois." 

Au matin, les parents découvrent avec effroi le corps de Sila comme du bois

Les Gazaouis ne manifestent pas leur colère mais plutôt leur "désespoir envers le régime arabe". Et leur "pudeur est comme une carapace de survie", atteste Jean-Pierre Filiu.

Leur foi, leur seul appui

La foi des Gazaouis est "leur seul appui". La minorité chrétienne, soit environ un millier de personnes dans la Bande de Gaza, ne s'en remet qu'à Dieu face aux souffrances qu'elle endure. Elle a pu compter sur le soutien du patriarche latin, Mgr Pizzaballa, qui a pu assurer une homélie dans l'église catholique de la Sainte-Famille à Gaza, dans la nuit du 22 décembre 2024, au cours de laquelle il a pu souligner le courage de ses fidèles. "Vous êtes devenus la lumière de notre Église dans le monde", a-t-il déclaré, comme le rapporte Jean-Pierre Filiu dans son livre.

Tôt ou tard, la guerre se terminera, nous reconstruirons tout, nos écoles, nos hôpitaux et nos maisons

Les chrétiens gazaouis ne peuvent pas s'appuyer exclusivement sur les aides humanitaires et sur le soutien de l'Église d'Orient qui restent limités. Les prérogatives de la domination israélienne leur imposant des restrictions sur les apports matériels : "On a le droit à trois kilogrammes de nourriture par personne", souligne l'historien. De son côté, Mgr Pizzaballa n'est accompagné que de son adjoint et de deux religieuses. Il a conclu le prêche anticipé de Noël par un message d'espérance : "Tôt ou tard, la guerre se terminera, nous reconstruirons tout, nos écoles, nos hôpitaux et nos maisons"

L'écrivain prône un message d'espoir et de pacifisme. "Mon espérance, c'est qu'on va enfin sortir de cet engrenage et construire la paix à Gaza". Sa foi s'accompagne plus que jamais d'un fervent désir de cessez-le-feu.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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