"L'immigration n'est pas la solution aux évolutions démographiques", affirme le démographe Laurent Toulemon
Pour la première fois depuis un siècle, il y a eu en France plus de décès que de naissances. Ce constat, dressé par l'Institut national d'études démographiques (INED) pour l’année 2024, peut sembler alarmant. Laurent Toulemon, démographe et directeur de recherche à l'INED, fait un parallèle entre la baisse du taux de fécondité et l’évolution du solde migratoire.
Laurent Toulemon ® Mélanie NiemiecAu 1er janvier 2025, la France comptait 68,6 millions d’habitants. Ce recensement de la population, réalisé par l’INSEE, indique une augmentation par rapport au nombre de 65 ou 66 millions, communément répandus. Cependant, "l’unique raison" de cette augmentation est le solde migratoire positif.
Le taux de fécondité est en baisse
Alors que les "baby-boomers", les personnes nées entre 1946 et 1965, vieillissent et que le nombre de personnes âgées augmente, le nombre de naissances et de jeunes enfants est en baisse constante depuis une dizaine d’années. Cette tendance va "perdurer" selon Laurent Toulemon. Cela s’explique par le fait que "le nombre de personnes âgées va continuer d’augmenter" alors que le nombre de naissances est "beaucoup moins prévisible". Le mouvement "No kids", portés par des jeunes disant ne pas vouloir d’enfants, illustre les diverses craintes qui traversent les nouvelles générations. Changements climatiques, instabilité politique et économique, difficultés sur le marché du travail, autant de raisons qui poussent les jeunes adultes à reconsidérer leur désir de devenir parents. Laurent Toulemon tempère en précisant qu’ils ont "le temps de changer d’avis" et que "leurs intentions peuvent évoluer".
Malgré cette baisse qui a débuté en 2014, la France reste le pays d’Europe où le taux de fécondité est le plus élevé. Cette baisse concerne "tous les pays de l’OCDE où la fécondité était élevée" et concerne "autant les zones rurales que les zones urbaines", ajoute le démographe.
Le rôle de l’immigration
L'INSEE estime actuellement le solde migratoire à environ 150 000 ; c’est-à-dire 300 000 entrées sur le territoire français et 150 000 sorties. Selon Laurent Toulemon, un double mouvement explique ce solde migratoire en augmentation. D’abord, le fait que "la France n’est pas très attractive pour les immigrants" puisque certaines personnalités politiques s’emploient à faire "des immigrants des boucs émissaires". Ces personnes favorisent d’autres pays européens pour s’y établir, créant ainsi une "compétition entre les pays". Ensuite, la crise économique de 2008 à provoqué une diminution du nombre de Français désirant s’installer à l’étranger. "Soit les Français ont moins envie d'aller faire fortune ailleurs, soit ils sont moins attractifs sur le marché international", constate Laurent Toulemon.
L'immigration n'est pas la solution aux évolutions démographiques.
Elle permet néanmoins de faciliter une "transition vers un vieillissement et un ralentissement de la croissance démographique", estime le démographe. Prenant l’exemple des assistantes maternelles et des auxiliaires de vie, Laurent Toulemon rappelle que "de nombreux recrutements devront être effectués" pour pallier les "départs à la retraite qui vont continuer d’augmenter dans les années à venir".


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