COP30 : quels impacts sur le climat dans les Hauts-de-France 10 ans après les Accords de Paris ?
Le 12 décembre 2015, près de 200 pays ont ratifié l’Accord de Paris lors de la COP21, afin de ne pas dépasser les 1,5 degré de réchauffement climatique. Dix ans après, quel bilan de l’action climatique des nordistes dans les Hauts-de-France et au sein des COP ? Pour répondre à cette question, La Voix du Nord et RCF Hauts de France ont invité l’Ademe régionale, l’Agence régionale de la transition écologique, pour échanger avec une étudiante de Sciences Po Lille présente à la COP30 et l’ancien négociateur en chef de la France aux COP.
Les 10 ans de l'Accord de Paris, un débat avec Anna Biausque, Paul Watkinson et Simon Karleskind, animé par Thomas Evrard et Anne Henry Crédit Emilien Vandenbussche RCF Hauts de France 1Selon l’Observatoire Climat des Hauts-de-France, en dix ans, les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont diminué de 25 % (entre 2012 et 2022) dans la région. Les plus gros émetteurs restent l’industrie, le transport routier et l’agriculture. Un résultat significatif qui s’appuie sur une forte mobilisation des acteurs régionaux, des soutiens financiers publics et la mise en place d’outils comme cet Observatoire Climat mais aussi les COP régionales pour fédérer les acteurs, le Grec, Groupe régional d’experts du climat, ou le Cerdd, Centre ressource du développement durable. Ainsi, à l’initiative de ce dernier, une cinquantaine d’acteurs régionaux se sont réunis le 3 décembre dernier à Lewarde pour réfléchir aux années à venir.
Plus de sobriété
Car le chemin est encore long pour atteindre l’objectif français de neutralité carbone d’ici 2050. Le Ceser, Conseil économique, social et environnemental de la région, préconise dix priorités pour y arriver : la préservation de la biodiversité, la sobriété énergétique, les efforts dans la mobilité, le bâtiment, l’industrie, l’économie circulaire et d‘autres encore. Pour Simon Karleskind, directeur régional de l’Ademe, s’il y a une action prioritaire,
C’est la sobriété. On a tendance à dire que la décarbonation, c’est l’électrification [comme solution miracle]. On passe d’un procédé fossile à un procédé électrique. Mais posons-nous la question : a-t-on besoin de tel ou tel aspect dans les processus industriels ?

Éviter les catastrophes industrielles
Nos interlocuteurs soulignent l’importance de trouver davantage de solutions d’adaptations au changement climatique (isolation thermique, plantation d’arbres, protection face à la hausse de l’océan…), après toutes ces années investies dans les solutions d’atténuation (développement des énergies vertes, pratiques agricoles régénératives, protection des forêts …). Comme en écho aux préoccupations évoquées lors de cette COP30 souligne Paul Watkinson, lui a qui a participé à plus de vingt COP au titre de négociateur en chef pour la France. « D’ailleurs, il faut avancer rapidement sur l’adaptation, même si on a du mal à mesurer les impacts financiers des investissements. »
Le directeur régional de l’Ademe va même plus loin : « Parfois, des solutions massives d’électrification sont une bonne idée en matière d’atténuation, mais une mauvaise en terme d’adaptation », en évoquant les polders du dunkerquois, largement industrialisés et soumis à un vrai risque d’inondation du au risque de hausse de l’océan pouvant atteindre 2,1 mètres, selon les projections belges. « Il s’agit aujourd’hui de réfléchir aux investissements nécessaires pour éviter les catastrophes industrielles. »
Présence régionale à la COP30
L’action climatique de la région ne se situe pas seulement sur le territoire mais également au sein des COP Climat, ces rendez-vous annuels organisés par l’ONU pour faire face au changement climatique. Tous les ans, des chefs d’entreprises, élus ou responsables d’associations des Hauts-de-France y participent pour rencontrer les négociateurs et les homologues d'autres pays. Cette année, Anne Biausque, étudiante en Master I à Science PO Lille et Jeune déléguée climat, était à la COP30 du Brésil, au sein de la délégation française qui a participé aux négociations climatiques, sur les questions notamment de genre :
Il s’agissait de voir comment les femmes et personnes non-binaires peuvent être davantage inclues dans les politiques climatiques. J’ai travaillé aussi sur la désinformation climatique.
Si Anna Biausque s’est sentie utile, elle ne cache pas sa déception sur certains aspects des COP: « Il semblerait qu’après chaque décision en matière d’aide financière, l’argent mette 6 à 7 ans pour arriver sur le terrain… C’est trop long. »
Faire évoluer les COP
Refondre le modèle des COP ? C’est le point de vue de Paul Watkinson, qui croit davantage aux collaborations directes entre états, institutions, citoyens ... qu’à de nouvelles grandes décisions internationales :
Le résultat de la COP de Belém a laissé beaucoup de personnes sur leur faim. (…) Certes, ils ont fait le point sur des centaines d’initiatives lancées ces dernières années, en regardant ce qui marche ou pas. Maintenant, il faudrait un service après vente de ces initiatives
,afin de les déployer dans les territoires. Et d’évoquer l’importance aussi de mobiliser davantage les citoyens, la finance et de tenir tête aux grands de ce monde réfractaires à la sortie des énergies fossiles que sont les USA par exemple.

Pour aller plus loin, retrouvez le podcast Commune Planète Hauts de France : «Dix ans après l'accord de Paris, où en est-on dans les Hauts-de-France ? », coanimé par Thomas Evrard de la Voix du Nord et Anne Henry de RCF Hauts de France, en podcast et sur You Tube.


Dédiée à l'écologie intégrale, l’émission Commune Planète vous fait découvrir des solutions qui respectent l'environnement et les plus fragiles. A travers des rencontres, des reportages et des décryptages, Commune Planète cherche à comprendre les enjeux du réchauffement climatique, de la perte de la biodiversité et tente de répondre aux questions qui fâchent avec lucidité et espérance.
Une fois par mois l'émission et co-produite et co-diffusée en partenariat avec La Voix du Nord.

