Elisabeth Walbaum | Protocole d’accueil pour les Couloirs Humanitaires

Derrière le mot « protocole », il y a des êtres humains, et plus encore, il y a une communauté. Les Couloirs Humanitaires, c’est un programme d’accueil en France, par des voies légales et sures, de personnes en grande vulnérabilité : des syriens et irakiens, réfugiés en camp au Liban. Des familles, menacées, en danger. Nous venons de signer un 3 ème protocole, 500 personnes ont déjà été accueillies depuis 2017 sur les 2 premiers. 111 sont maintenant à venir pour ce 3ème protocole.

Une goutte d'eau ? 

On pourrait dire que c’est une goutte d’eau. Mais une goutte d’eau qui éclabousse largement autour d’elle ! D’abord, donc il y a des familles qui arrivent en France. En amont, au plus haut sommet de l’Etat, il y a des politiques qui autorisent les arrivées. Ensuite, il y a une équipe, au sein de la FEP, qui prépare ces arrivées : Guilhem, Soleidad, Claire. Il y a aussi 4 travailleurs sociaux qui vont s’occuper des questions administratives, juridiques, d’accès aux droits. Enfin, il y a plus de 4000 bénévoles, ceux qu’on appelle les collectifs citoyens. Entre 10 et 20 citoyens par collectifs, qui assurent un hébergement, un accompagnement au quotidien, pour scolariser les enfants, aider à l’apprentissage du français, aux codes, à la culture. Un peu partout en France, un réseau d’accueil solidaire, puissant et modeste. Remplir un frigo, faire une conduite à l’école, proposer un café. Modeste et efficace.

Un fonctionnement bien déterminé

Les 500 premières personnes accueillies ont toutes obtenues un statut de protection, elles sont, en moyenne 1.5 ans après leur arrivée, hébergées dans un logement autonome, les ¾ sont en emploi au bout de 3 ans. C’est une goutte d’eau finalement, en effet, selon le point de vue qu’on adopte. Personne ne va dire que c’est facile de parler d’immigration, aujourd’hui, dans notre pays.
Je voudrais partir du principe qu’ils ne sont pas si nombreux, ceux qui sont indifférents à la détresse des hommes. Sans doute sont-ils beaucoup plus nombreux, ceux qui préfèrent fermer les yeux, fermer leur cœur pour ne pas être éclaboussés par notre petite goutte d’eau. Il faudrait peut-être les inviter à assister, un soir à l’aéroport, à une arrivée des Couloirs Humanitaires. Cet été, Aboubakar, accueilli il y a quelques années, a retrouvé son frère Omar. Soudain, on comprend ce que ça veut dire, le regroupement familial. Une chaleureuse, et humide accolade sur un tarmac.
Une joie immense rendue possible par des politiques, des associations, des citoyens qui se mouillent. Et rendue possible, peut-être, par des personnes qui se souviennent de l’injonction d’un verset biblique de l’Ancien Testament, il y a plus de 3000 ans :
« Elargis l’espace de ta tente ! »