Mathias Cazin, une vie d’humanitaire au service de l’avenir de la dentelle
Mathias Cazin est responsable de l’Hôtel de la dentelle à Brioude. Ce passionné du fuseau n’était au départ pas destiné à cette pratique et à cette mission. Lui son ambition était de devenir humanitaire. Un projet qu’il a touché du doigt à Haïti, une île qui l’attire et avec qui le lien est permanent. Rencontre avec un touche à tout, humaniste et nourri de multiples passions.
Mathias Cazin est un amateur de défis, la dentelle a été l'un d'eux ©Martin ObadiaC’est en début d’après-midi que Mathias Cazin donne rendez-vous à l’Hôtel de la dentelle. Un moment calme avant l’arrivée des visiteurs. T-shirt gris, jean bleu et cheveux en bataille, c’est un homme tout simple qui nous accueille. Très vite la passion pour ce lieu et pour la dentelle transpire. Ca se sent quand il fait visiter les différentes salles d’exposition. Il est animé par la tradition, sa préservation, sa transmission et son actualisation. Avec Mathias Cazin, la dentelle reste moderne. Il réfléchit tout le temps à de nouveaux projets, à de nouveaux dessins « c’est une émulation permanente » selon Cetyna Jourdain, sa collègue depuis 6 ans, collègue et amie. C’est d’ailleurs lui qui l’a fait recruter à l’Hôtel de la dentelle.
Il a découvert cet art sur le tard lors d’une rencontre avec la fondatrice des lieux, Odette Harpin. Elle lui a demandé si ça l’intéressait de donner un coup de main pour l’installation d’expositions. Il a accepté. Quelques années après, le directeur du comité artistique avec qui il faisait du Kung Fu lui a proposé le poste de « Coordonateur ». Il a accepté, au départ, un métier « purement administratif ».

Mais très vite il s’est pris de passion pour cette pratique. « J’adore tout ce qui est savoirs faires manuels. A chaque fois que j’avais du temps je regardais les dentellières et un jour je m’y suis mis ». Pas étonnant pour un « touche à tout » comme le qualifie Cetyna Jourdain. Depuis, la passion ne le quitte pas. Il apprend au fil de l’eau. Il dessine, il réalise des pièces. Il crée de nouveau motifs. Il a d’ailleurs créé le point d’esprit bicolore et tricolore, un point en forme de feuille.
La dentelle chez Mathias Cazin c’est une pratique presque méditative. « Quand on pratique la dentelle, on est tellement tout à son ouvrage qu'on en oublie tous ses problèmes. On peut vraiment partir dans des choses qui font du bien. Ce que j’aime c’est la création, le défi de créer de belles choses. La dentelle c’est la recherche de l’excellence ». Le coordonateur de l’Hôtel de la dentelle le compare même au Kung Fu, un sport qu’il pratique depuis plusieurs années. Cette activité prend beaucoup de place dans sa vie « c’est sa priorité » selon sa compagne Alice Alpini. Il est tellement investit que « quelques fois ça l’empêche de dormir. C’est un véritable engagement de cœur » selon elle.

Mathias Cazin, un humanitaire amoureux d’Haïti
Mathias Cazin n’était pourtant pas destiné à embrasser une carrière dans la dentelle. Formé en relations internationales, il visait un avenir dans l’humanitaire. Il a effectué une mission au Burkina Faso quand il était étudiant. Il a aussi été un des premiers volontaires du Service Civique. Une mission qu’il a effectuée à Haïti après le tremblement de terre de 2010. Une première expérience sur l’île qui ne lui a pas plu. C’est lors d’une 2e opération sur place qu’il s’est pris de passion pour ce pays. « Je me sens bien là-bas, je me reconnais dans beaucoup de choses. Et c'est justement des gens qui sont intègres, qui n'ont pas la langue dans leur poche. Quand ils ont quelque chose à dire, ils le disent sans détour et c'est assez agréable ». Il considère d’ailleurs l’île comme son « 2e pays ». Il y a passé près de 2 ans. Il a remplacé des professeurs tués, déblayé un bidonville.
C’est là qu’il a noué des liens forts avec des acteurs du territoire et notamment des artistes du village de Noailles, spécialisés dans le fer découpé. Ils s’appellent régulièrement notamment avec Jean Eddy Rémy, « c’est comme mon frère. On est très très proche et dès qu'on peut, on se retrouve et c'est toujours avec joie » affirme Mathias Cazin. La particularité de leurs appels c’est qu’ « on parle toujours en créole, c'est marrant. On peut passer du créole au français d'un coup, ça va dépendre de notre humeur ». Sa compagne Alice Alpini dit adorer l’entendre parler en créole.
Le lien que Mathias Cazin a avec Haïti est très fort. Il souhaiterait y retourner. Ce lien, c’est un lien d’amitié, de passion mais aussi un lien solidaire. Il a créé une association Zetwal Solidaires pour accompagner les enfants sur l’île. A travers sa relation avec les artistes sur place il collecte des fonds pour les aider dans leur scolarité, dans leur vie aussi à côté de l’école. On sent que ça lui tient très à cœur.
Une passion qui ne s’arrête pas à la dentelle et à Haïti
La passion chez Mathias Cazin revêt plusieurs formes et cela passe par différentes activités. Depuis près de 10 ans il pratique le Kung Fu. Il travaille d’ailleurs actuellement à passer sa ceinture noire. Pour lui cet art invite à « sublimer un geste » et pour lui il n’y a pas d’autre option que de le « réussir à la perfection ». Cet art qui mêle rigueur, respect et hiérarchie lui permet de se ressourcer, d’être ancré, ça « lui permet de se lâcher » selon Alice Alpini. Il y a un travail du corps mais aussi de l’esprit, un travail cérébral qui n’est pas le même que celui de la dentelle.
Ce grand passionné comme le dit sa compagne est aussi un fervent défenseur de la nature. Il est très attaché à la faune et à la flore au point de s’arrêter sur une route pour déplacer un animal qui traverse. Il ne faut surtout pas non plus écraser une petite bête. Cette biodiversité « Ça le prend aux tripes ». La nature « il adore ça, ça le ressource » explique Alice Alpini. Il aime faire des balades en forêt, aller aux champignons notamment autour de son havre de paix de Saint-Didier-sur-Doulon dans le nord de la Haute-Loire. Il y possède une maison de famille où il aime aller le week-end avec sa compagne et ses 2 filles.
La famille est un ancrage pour Mathias Cazin. « J’ai tendance parfois à me disperser, ça peut me permettre de me recentrer » affirme t-il. Alice Alpini est reconnaissante envers son compagnon. Il « s’investit pleinement dans l’éducation des filles. Il est tout le temps là pour elles. Il est très très attaché à elles ».
Et quand vient la fin de la journée, que le soleil laisse sa place à la lune, le couple a un rituel, il se retrouve dans des fauteuils et c’est le temps du débat et des discussions sur des sujets variés, comme une parenthèse pour clore des journées qui ne semblent jamais assez longues pour Mathias Cazin.
Mathias Cazin au travail
Des fuseau de dentelle
Des vêtements exposés à l'Hôtel de la dentelle
Des points exposés à l'l'Hôtel de la dentelle
La devanture de l'l'Hôtel de la dentelle

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