"C'est du gagnant-gagnant" : 500 familles bénéficient d'une sécurité sociale alimentaire en Savoie
Le mouvement "Bloquons Tout" est une piqure de rappel de la difficulté des Français à s'alimenter correctement. En 2021, plus de 8 millions de Français dépendaient de l'aide alimentaire. Alors faut-il financer une carte vitale alimentaire ? En Savoie, une expérimentation de sécurité sociale alimentaire a débuté en juin dernier.
©PxhereUn constat terrifiant
Des files d’attentes interminables devant les Restos du Cœur, composées de familles monoparentales, et d'étudiants, l'image est insupportable. Et le Covid-19 a creusé ces inégalités. En 2021, plus de 8 millions de Français dépendaient de l’aide alimentaire. Pire, en 2023, la moitié des Français déclaraient ne pas manger comme ils le voudraient à cause des prix trop élevés. Alors, forcément, la question se pose. Doit-on financer une carte vitale sur l’alimentation ? En 2024, le député écologiste Charles Fournier est allé plus loin en déposant l’an dernier une proposition de loi visant à imposer des prix plus rémunérateurs aux agriculteurs du coin, tout en permettant à tout à chacun de bénéficier d’une alimentation plus saine. Un texte adopté en commission des affaires économiques, avant de tomber dans l’oubli, faute de temps dans l’hémicycle en février dernier. Alors c’est aux territoires de trouver des clés pour faire avancer les choses dans ce pays paralysé.
Une sécurité sociale de l'alimentation expérimentée
Une belle initiative est née en Savoie au début de l’été, qui a un double objectif. Assurer l’accès à une alimentation de qualité, et faire travailler le producteur du coin. Une vingtaine de communes, la MSA, et la CAF ont joint leurs efforts pour créer la Sécurité Sociale Alimentaire Locale en Savoie. 500 bénéficiaires en profitent, des familles avec au moins deux enfants. Concrètement, c’est une aide de 90 euros par mois, sous forme de monnaie locale, l’Elef, la monnaie locale savoyarde, qui a l’avantage d’être échangée contre des produits alimentaires exclusivement dans des magasins de producteurs partenaires. 70 d'entre eux participent à l’opération sur des territoires bien précis. Celui de Chambéry, pour toucher les urbains, et sur le territoire des Bauges, enclavé, rural.
Une sécurité sociale auto-financée
Dans un contexte d'économies budgétaires, n'est-ce pas trop cher de financer un tel dispositif, sans qu'il ne pèse sur le pouvoir d’achat des non bénéficiaires ? Dans cette expérimentation, ce sont les bénéficiaires eux-mêmes qui financent cette sécurité sociale alimentaire. A hauteur de leurs moyens, sur les 90 euros d’aide mensuelle, ils participent à hauteur de 30 à 60 euros, le reste est financé par la CAF. A l’échelle nationale, la mise en place d'un tel dispositif est beaucoup plus difficile. En 2024, le Ministre de la Santé de l’époque Yannick Neuder était défavorable à cette loi en raison des difficultés de financement.
"Il faut réapprendre à cuisiner des produits bruts"
En faisant participer les producteurs locaux, tout en faisant la promotion d'une nourriture saine, ce dispositif est aussi un joli pied de nez à l’actualité. L'obésité a en effet dépassé pour la première fois dans le monde la sous-nutrition chez les jeunes. Mais encore faut-il savoir cuisiner les produits bruts, les produits achetés chez le producteur ! Et ça n’est pas gagné, comme le souligne notamment Fabien Champarnaud, directeur de la MSA Alpes du Nord, à l’origine de cette sécurité sociale alimentaire en Savoie. Il faut aussi souligner que cette sécurité sociale alimentaire permet de soutenir le pouvoir d’achat aussi des producteurs du coin. A Chambéry, ce dispositif solidaire permet d’injecter plus de 500 000 euros de fruits et légumes sur cette année d’expérimentation, qui se terminera en juin 2026.


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