Cours de français pour les étrangers : à Rennes, l'inquiétude des associations
L'apprentissage du français pour les étrangers est-il menacé ? C'est en tout cas la crainte de plusieurs associations qui viennent en aide aux personnes migrantes. Elles se mobilisent, ce lundi 8 septembre, pour dénoncer une dégradation de l'accès aux cours de français, quand les exigences pour obtenir un titre de séjour sont, elles, renforcées depuis l'adoption de la loi asile et immigration.
Dominique Morineau, bénévole du Secours catholique à Rennes ©RCF AlphaA l'accueil de jour du Secours catholique de Rennes, une partie des 24 bénévoles du cours de français procèdent, en ce moment, aux inscriptions des apprenants.
Sonia vient de Sao Tomé et principe, un archipel en Afrique occidentale. Arrivée en France, il y a un an et demi, avec sa fille, elle se réinscrit pour une nouvelle année de cours. "Ici c'est formidable, on peut parler, chanter, rire. Les gens sont tous gentils. Vous savez, moi j'ai besoin du français pour les consultations médicales de ma fille, pour les administrations qui demandent des papiers."
De l'autre côté du bureau, Dominique Morineau écrit, sur le prospectus, l'horaire auquel Sonia pourra venir. Coordinatrice de l'équipe de professeurs bénévoles de l'association, elle répartit les apprenants par niveau. Elle a 67 places, et une liste d'attente qui s'allonge chaque année. "Ils ont besoin de pouvoir se débrouiller, d'avoir les bonnes postures, les formules de politesse pour leur différentes démarches."
Une journée nationale de mobilisation
En ce lundi 8 septembre, journée internationale de l'alphabétisation, le collectif Le Français pour toutes et tous, dont fait partie le Secours catholique, se mobilise pour un droit inconditionnel à l’accès à la langue. Il dénonce à travers de multiples actions, ce lundi, ce qu’il qualifie de "dérive" dans l’accès à l’apprentissage du français.
Les derniers décrets de la loi asile et immigration prévoient, à partir du 1er janvier, de rehausser les exigences pour demander un titre de séjour : d'un niveau A2 à un niveau B1 pour la carte de résident de 10 ans ; et d'un niveau B1 à un niveau B2 pour la naturalisation. B2 correspond, à titre de comparaison, au niveau attendu, par exemple, des lycéens au baccalauréat d'anglais.
"C'est une évolution qu'on regrette, dénonce Pierre Fourel, animateur de réseau de solidarité du Secours catholique d'Ille-et-Vilaine. Il y a, à la fois, une augmentation des exigences de niveau, et en même temps de moins en moins de moyens pour proposer aux personnes des cours adaptés à leurs situations."
Dématérialisation des cours de français
Depuis cet été, certains cours prescrits par l'Office français de l'immigration et de l'intégration aux personnes qui viennent d'obtenir un titre de séjour sont entièrement dématérialisés via une plateforme numérique pour obtenir un niveau A2.
"Cela suggère une autonomie d'apprentissage, et cela dépend du niveau scolaire, regrette Élodie Véniel, coordinatrice des actions de proximité à Langue et Communication, un centre de formation spécialisé dans l’enseignement du français aux personnes étrangères et d’origine étrangère, à Rennes. Cela suppose aussi une autonomie numérique. On peut être en difficulté avec les outils numériques, que ce soit les gestes techniques ou le vocabulaire spécifique. On craint que ce site d'apprentissage soit peu efficace."
A Rennes, le Secours catholique vient d'ouvrir un cours de français vers B2 pour accompagner cette évolution.


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