La Conférence des Nations unies sur les océans se poursuivait à Nice, ce vendredi 13 juin. Un rassemblement porteur de forts enjeux pour la préservation de la biodiversité, en particulier en Méditerranée. Spécialiste de la biodiversité aquatique, militants écologistes ou influenceur spécialisé sur la question des océans, Alexandre Meinesz, Philippe Spadotto et Noam Yaron nous en disent plus sur la législation en vigueur et les risques qui pèsent sur nos océans.
Alors qu’on constate une hausse de 20 cm du niveau des océans depuis 1900, la Conférence des Nations unies sur les océans incite à veiller à la préservation de nos écosystèmes marins. Pourtant, leur situation est souvent méconnue. Faire connaître les failles de la gestion des océans pour protéger les fonds marins, c’est l'objectif d’Alexandre Meinesz, Philippe Spadotto et Noam Yaron.
Pour les scientifiques, l’objectif est clair, il faut sanctuariser la moitié de nos océans. Ils sont “une réelle nécessité pour la survie de la biodiversité mais aussi de l’humanité toute entière”, déclare Philippe Spadotto. Fournisseur de poisson bien entendu, ils sont aussi une précieuse source d’oxygène et contribuent au cycle de l’eau. En d’autres termes, ils sont le poumon de la Terre.
Leur impact dans l’économie mondiale n’est pas négligeable puisqu’ils représentent 2 500 milliards de dollars, soit l'équivalent de la 7e économie mondiale. Alexandre Meinesz le constate, “il y a certainement une prise de conscience” après le début de ce sommet sur les océans. Mais, pour lui, elle n’est pas suffisante. Dans les faits, la protection des océans n’est pas effective. Il affirme que beaucoup d’aires marines dites protégées ne le sont en fait pas.
L’interdiction de la pêche, notamment, n’y est pas toujours appliquée. “Aujourd’hui il n’y a plus de pêcheurs en Méditerranée parce qu’il n’y a plus rien à pêcher”, déplore-t-il. La surpêche qui a régné pendant plusieurs années a considérablement affaibli la quantité de poissons et donc entraîné la limitation de la pêche dans les zones concernées. L’occasion de constater qu’en l’absence de pêche, la faune se reconstruit rapidement, “en cinq à sept ans”, selon Alexandre Meinesz.
Aujourd’hui, 0,6 % des zones territoriales françaises en Méditerranée sont déclarées protégées. Pourtant, selon Noam Yaron, il faut nuancer ce constat déjà alarmant. Il affirme que la moitié de ces zones sont en fait très polluées, notamment, par exemple, aux abords des calanques de Marseille. Des eaux polluées qui ne peuvent donc pas permettre un environnement favorable au développement de la biodiversité sous-marine. “Le pourcentage d’aires maritimes protégées en Méditerranée tombe à 0,3 % si l’on retire ces zones polluées”, affirme Noam Yaron.
On a interdit la pêche aux chalutiers dans des zones qui sont inaccessibles à ce genre de bateaux !
Il déplore les simples effets d’annonces de la part de l’État : “On a interdit la pêche aux chalutiers dans des zones qui sont inaccessibles à ce genre de bateaux !”. Tous les trois constatent un vrai manque de sens aux termes utilisés.
Le terme d’Aire maritime protégée (AMP), notamment, est très flou et laisse une grande place à l’interprétation. Ainsi, on trouve des AMP dans lesquelles la pêche reste autorisée. L’objectif de ce sommet, pour Alexandre Meinesz, Philippe Spadotto et Noam Yaron, est donc de mettre en place une législation stricte.
“50 % de la surface du globe n’était, jusqu’à Nice, jusqu’au 9 juin, ni protégée ni régulée. Depuis Nice, avec la ratification désormais annoncée, vous ne pouvez plus faire n’importe quoi. Il y a un code de la route, des gendarmes, et il y aura des amendes”, a déclaré l'écrivain Olivier Poivre d’Arvor, envoyé spécial de la France à la Conférence des Nations unies sur les océans.
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