Lundi 9 juin s’ouvrira à Nice la troisième conférence des Nations unies sur l’Océan. Mais de nombreuses ONG et scientifiques se sont déjà réunis ces derniers jours. Le constat est unanime avant ce sommet. Il est temps d’agir face à toutes les menaces pesant sur les océans : comme le réchauffement climatique, les pollutions, ou la surpêche.
L’Océan absorbe 90 % de l’excès de chaleur dû aux activités humaines et aux émissions de gaz à effet de serre. Il limite ainsi le dérèglement climatique. Mais en jouant ce rôle, il se réchauffe, s’acidifie perd de l’oxygène, bref se dégrade. Ce déclin fragilise en fait toute la vie sur Terre. Dans le même temps les pollutions multiples, notamment le plastique menacent la biodiversité marine et la surpêche vide les océans. Son déclin fragilise en fait toute la vie sur Terre.
La troisième conférence des Nations unies sur l’Océan qui s'ouvrira lundi 9 juin à Nice s'inscrit donc dans un contexte d'urgence. "C'est une occasion formidable de changer d'ambition. D’être ambitieux sur le transport maritime à décarboner, sur la réduction de la pollution plastique ou encore sur l'interdiction d'aller exploiter les minerais des grands fonds marins. Dernière frontière où l'homme n'a pas encore tout bousillé" estime Romain Troublé directeur de la fondation Tara Océan. Il y a quelques semaines, Donald Trump avait donné son feu vert à une exploitation minière sous-marine dans les eaux internationales du Pacifique. Interrompre les usages nuisibles des fonds marins et approfondir la connaissance des abysses fait d’ailleurs partie des dix recommandations publiée jeudi par le comité scientifique international sur les Océans. Issues d’un an de travail.
Elles seront officiellement remises lundi aux 180 chefs d’État et de gouvernement. C'est une feuille de route pour sauver nos océans, mais aussi développer le potentiel marin et à apporter des solutions. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont donc toutes les cartes en main. "On en connaît déjà bien assez pour pouvoir légiférer pour pouvoir prendre des décisions. Il faut maintenant avancer sur la transmission de la science vers l'action" souligne Romain Troublé.
Mais, pour le moment, les actions sont très insuffisantes comme pour la lutte contre la pollution plastique. 8 à 14 millions de tonnes de plastique sont rejetés en mer chaque année. "Un fléau" rappelle Muriel Papin présidente de l’ONG No Plastic in my sea. "C'est une pollution visible, mais aussi invisible, avec les microplastiques et il y a aussi des conséquences sur la santé humaine. Il est important de s'inclure dans la biodiversité parce que nous somme au bout de la chaîne alimentaire" rappelle-t-elle. Autre point crucial : la surpêche. 26 millions de tonnes de poissons sont pêchées illégalement chaque année. Ce qui pose la question de la régulation de la pêche, de la transparence des accords de pêche, mais aussi des aires marines protégées nécessaires à la régénération des écosystèmes.
Aujourd’hui elles ne représentent que 2,6 % de la surface des océans du globe de l’objectif fixé par la communauté internationale de 30 %. La France, deuxième espace maritime au monde, après les Etats-Unis, a du retard."En France métropolitaine, il y a encore trop peu d’aires marines protégées et un vrai manque de clarté. Il faut que l’on arrive à 10 % dans les années qui viennent, déjà à 5 %, ce serait déjà formidable" indique Romain Troublé. "La France ne peut pas continuer à la fois à être un État très ambitieux sur les différents traités internationaux et pas pour ses propres eaux" précise le directeur de la fondation Tara Océan.
En Polynésie Française, par exemple Alice Carpentier, biologiste travaille sur un programme de recherche consacré aux raies manta. Avec leurs 5 à 7 mètres d’envergure et leur poids de deux tonnes, c’est l’une des espèces les plus emblématiques de l’Océan ce poisson particulièrement menacé. "Elles se reproduisent extrêmement, lentement. Elles ont un petit, tous les deux à sept ans. Il suffit d'avoir quelques mortalités dans une population pour qu’elle bascule" alerte la scientifique qui évalue avec les populations tahitiennes les zones nécessaires à protéger pour les raies et leur écosystème. "Ce sont des espèces parapluie dont la protection bénéficie aussi à celle d’un tout un récif par exemple" précise la biologiste. À Nice, les scientifiques et les ONG appellent à intégrer l’Océan dans les engagements comme bien commun de l’humanité. Et de faire avancer les moyens consacrés à la science pour les océans, seulement 1,7 % des budgets de recherche nationaux sont en moyenne consacrés à l’Océan.
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