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Mort du pape : quelle image laissera François ?

Mort du pape : quelle image laissera François ?

Un article rédigé par Odile Riffaud - RCF, le 21 avril 2025 - Modifié le 26 avril 2025

Après un Jean-Paul II charismatique et un Benoît XVI intellectuel, quelle image laissera François suite à son décès le 21 avril 2025 ? En quoi son pontificat est-il unique dans l’histoire de l’Église catholique ? 

Le pape François, qui a déclaré vouloir "une Église pauvre pour les pauvres" a incarné par son style une certaine idée de la simplicité ©Vatican MediaLe pape François, qui a déclaré vouloir "une Église pauvre pour les pauvres" a incarné par son style une certaine idée de la simplicité ©Vatican Media

Le pape François, dont le pontificat s'achève avec sa mort, survenue ce lundi 21 avril, a donné l’image d’un pape accessible et proche des gens. Lui qui a déclaré vouloir "une Église pauvre pour les pauvres" a incarné par son style une certaine idée de la simplicité. L’auteur de Laudato Si’, sa célèbre lettre encyclique sur l’écologie remarquée bien au-delà des milieux catholiques, restera le pape de la sobriété. Et de la synodalité : son pontificat a été marqué par la mise en place d’un grand chantier de réforme de la gouvernance de l’Église catholique.

Un pape accessible et populaire

Dès le soir de son élection, le 13 mars 2013, le pape François avait donné le ton de son pontificat en demandant aux fidèles de prier pour lui avant qu’il leur donne sa bénédiction. Un signe d’humilité qui avait frappé les fidèles catholiques massés sur la place Saint-Pierre ou retenus devant leur écran de télévision. Pour la grande majorité d’entre eux, l’archevêque de Buenos Aires était encore un inconnu.

Si François a su marquer les esprits et s’il est devenu très vite un pape populaire, c’est sans doute en raison de son langage simple et de son sens de la formule. En tout cas, les médias du monde entier se sont montrés friands de ses phrases choc et de ses prises de parole inattendues. Elles ont donné l’image d’un homme accessible et authentique.

Une image qu’il a entretenue en révélant des éléments de sa vie personnelle, comme jamais aucun pape auparavant. Et ce dès le début de son pontificat, il a par exemple décrit les petits métiers qu’il a exercés avant d’être prêtre, comme videur de boîte de nuit, balayeur ou cobaye pour l’industrie pharmaceutique. De même, à la fin de son pontificat, son autobiographie intitulée "Espère" - publiée au tout début du jubilé de l’espérance - a été qualifiée de très intime.

Les petites phrases du pape François, qui l'ont rendu populaire, ont pu toutefois en heurter plus d’un, y compris à l’intérieur de l’Église catholique. Ainsi ses propos improvisés lors du synode d’octobre 2023 sur les prêtres ont suscité de vives réactions, même si au sein de l’Église, on était habitué à son style pour le moins direct.

 

Un pape qui préférait la simplicité

Dès son apparition - sans étole ni pèlerine brodée - au balcon de la basilique Saint-Pierre le soir de son élection, François a marqué par sa simplicité. Revêtu d’une simple soutane et d’une pèlerine blanches, il a par la suite entretenu un style vestimentaire le plus sobre possible. Ses confortables chaussures noires n’avaient rien des fines mules rouges que portait Benoît XVI. Ce dernier n’avait pas hésité à porter des ornements délaissés depuis plusieurs décennies, comme la mosette (ou pèlerine) rouge bordée d'hermine ou le camauro, bonnet d’hiver en velours - rouge lui aussi.

Déjà lorsqu’il était prêtre en Argentine, Jorge Bergoglio s’était montré soucieux de mener une vie simple. En gravissant les échelons de la hiérarchie de l’Église catholique, il n’a pas dérogé à cette habitude. Nommé archevêque de Buenos Aires, il a refusé de loger dans la résidence de ses prédécesseurs pour occuper un petit appartement. Puis, au lendemain de son élection au Vatican, il a préféré la résidence Sainte-Marthe au faste des appartements pontificaux du palais apostolique.

Dans un entretien télévisé diffusé le 13 décembre 2023 par une chaîne mexicaine, François avait confié qu’il ne voulait pas être enterré dans la nécropole papale de la basilique Saint-Pierre, à Rome. En raison de sa grande dévotion à la Vierge Marie, il a exprimé la volonté d’être inhumé dans la basilique Sainte-Marie-Majeure. Il a aussi déclaré vouloir une simplification du rituel des obsèques pour les souverains pontifes.

 

Une référence mondiale sur les questions écologiques

François restera dans l’histoire de l’Église du XXIe siècle comme le pape qui voulait "une Église pauvre pour les pauvres". Il n’a cessé de plaider pour une Église "en sortie" vers "les périphéries", c’est-à-dire ouverte à ceux qui se sentent aux marges de la société comme de l’institution. Une Église "comme un hôpital de campagne après une bataille", comme il l’a dit peu de temps après son élection.

Entendre ensemble la "clameur des pauvres" et celle de la terre : c'est le grand message de sa lettre encyclique Laudato Si’ (2015). Ce texte célèbre a suscité chez les catholiques un intérêt renouvelé pour l’écologie. Et en déclarant que "tout est lié", il a déployé une vision de l’écologie intégrale reliant le rapport à Dieu, à soi, aux autres et à la création non-humaine.

C'est dans cette encyclique que le pape François a dénoncé la "culture du déchet". C'est-à-dire une société qui consomme et rejette les biens matériels mais aussi les personnes, et notamment les migrants

Avec Laudato Si', François a su faire entendre sa voix au-delà de la sphère catholique. S’il a incité les chrétiens à se voir comme des gardiens de la création, il a su déployer un discours scientifique convaincant pour des non-chrétiens. Notamment autour de la notion centrale d’interdépendance des êtres humains et non humains. Certes, il n’a pas fait l’unanimité parmi les écologistes, en particulier sur la procréation, mais chacun a salué l’importance du texte au regard de l’état d’urgence environnemental.

 

Le pape de la réforme de l’Église

Élu dans un contexte de crise - scandale financier, crise des abus sexuels sur mineurs - François a annoncé dès novembre 2013, dans “Evangelii gaudium”, son programme de transformation de la gouvernance de l’Église : ouverture aux laïcs, décentralisation, synodalité et réforme de la Curie. Son texte de 2022, “Praedicate evangelium” ("Annoncez l’Évangile") a donné la possibilité à des laïcs de diriger des dicastères. En janvier 2024, il a nommé une femme à la tête d’un dicastère (équivalent d’un ministère).

De l’avis des observateurs, le chantier opéré par François ne permet pas de retour en arrière. Il serait selon certains le dernier pape d’une époque révolue. Ses chantiers de réforme, en particulier la décentralisation, sont loin d’être achevés.

 

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