
François a passé le cap de ses 12 ans de papauté à l'hôpital. En février 2025, même si ses médecins écartaient tout danger immédiat, l'incertitude planait déjà sur l'avenir de son pontificat. Le pape s'est éteint deux mois plus tard, à 88 ans. Pourtant, le chantier des réformes lancées reste inachevé. Périphéries, pauvres, migrants, écologie, fraternité humaine... Retour sur 12 années qui ont marqué l'histoire de l'Église et du monde.
Le 13 mars 2013, Jorge Mario Bergoglio apparaissait pour la première fois au balcon de la basilique Saint-Pierre. Il n’avait pas fallu plus de 48 heures pour que les cardinaux laissent s’échapper la fumée blanche de la Chapelle Sixtine. Douze ans plus tard, c’est dans sa chambre d'hôpital que le pape célèbrait l’anniversaire de son élection. Comme à son premier jour, François appelait le monde à prier pour lui et des fidèles du monde entier se sont unis pour le soutenir. Il est mort lundi 21 avril d'un AVC. Il avait 88 ans.
Partout dans le monde, les initiatives de prière se multipliaient pour le pape, hospitalisé dès le 14 février pour une double pneumonie. Chaque soir, des chapelets étaient récités sur la place Saint-Pierre, témoignant de l’attachement profond des fidèles. Ils n'oubliaient pas l’appel constant de François à prier pour lui.
"Je vous accompagne d’ici", avait indiqué le saint Père depuis sa chambre de l’hôpital romain Gemelli. Certains catholiques s'inquiétaient déjà de la situation et se demandaient quand le pape pourrait rentrer dans ses quartiers. Et s'il serait capable de poursuivre sa mission.
Cette quatrième hospitalisation était la plus longue depuis son élection. Elle mettait dans le même temps un coup de frein au rythme effréné que s'était jusqu'ici imposé le jésuite argentin en dépit des avertissements de son entourage.
La suite du pontificat restait une interrogation pour le Vatican. D’aucun spéculait sur sa renonciation. C'est une question qui lui avait souvent été posée ces dernières années. Et si le pape François a toujours répondu sans tabou, comme lors d'une interview en février 2023 où le souverain pontife avait déclaré qu’il pourrait renoncer "en cas de fatigue qui ne (lui) permettrait plus d'avoir un regard lucide sur les choses, (un) manque de clairvoyance, de discernement", il est resté à la tête de l'Église jusqu'à son dernier souffle.
Une convocation par François d'un consistoire depuis sa chambre d'hôpital, fin février 2025, à pu laisser croire qu’il allait choisir de renoncer. En effet, c’est lors d’un consistoire que son prédécesseur Benoît XVI avait choisi d’annoncer la fin de son règne, à la surprise générale. Or, François lui-même avait alors pris ses distances avec cette hypothèse ces dernières années, estimant qu'elle ne devait pas devenir "une mode".
Pendant son hospitalisation, François poursuivait certaines de ses activités professionnelles. S’il ne célèbrait plus de messe en public, il continuait de signer des documents ou recevoir ses proches collaborateurs. Et de se pencher sur les enjeux qui travaillent l’Église contemporaine.
Qui poursuivra donc les chantiers lancés par François ? Le jésuite a engagé quantité de réformes au sein de l’Église qui ne font pas l’unanimité, y compris au sein de la Curie romaine. Depuis 12 ans, François a tenté d’apposer sa patte de pasteur proche des pauvres, allant aux périphéries et poursuivant la vocation des chrétiens : annoncer le Christ et le servir auprès des plus petits.
Parmi ses chevaux de bataille, le pape a mis l’accent sur le soin des relations humaines à commencer par les exclus et les migrants, dans Fratelli Tutti, ou encore la protection de la Création dans Laudato Si. Une politique décapante qui a fait du remous au Vatican, mais qu’il n’a cessé de mener, au risque de se mettre à dos certains prélats plus traditionnels. Les réformes imposées par Jorge Mario Bergoglio ont modifié en profondeur la vie de l'Église.
Reste des sujets sensibles à discerner, tels que la place des femmes et des laïcs dans l’Église, la décentralisation du pouvoir de Rome, ou encore l’accueil des divorcés remariés ou des personnes de communautés non hétérosexuelles. Des questions loin de faire l'unanimité dans les églises du monde.
Cependant, le pape aspirait à ne pas les écarter, et voulait les mettre à portée de tous. Lors du synode sur la synodalité, un processus de consultation inédit a été mis en place, proposant à tous – religieux, laïcs, femmes et hommes de toutes catégories – de faire remonter leurs idées trouvées collectivement via les diocèses.
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