L'Assemblée nationale a assez largement adopté le projet de loi fin de vie. Le texte amendé par l'hémicycle aura convaincu 305 des 577 députés français (199 contre). En réaction, l'Église de France refait savoir son désaccord. La Conférence des évêques de France (CEF) a rapidement publié un communiqué. Mgr Bozo, évêque de Limoges, était au micro de RCF et Radio Notre-Dame.
Après plusieurs semaines de débats et une semaine d'amendement, la loi fin de vie a été adoptée par les députés à l'Assemblée nationale. Si le texte relatif aux soins palliatifs a été adopté sans la moindre voie contre, 199 des 577 parlementaires du Palais Bourbon se sont opposés au texte de la loi fin de vie. C'est moins que ce qu'aurait espéré l'Église. Dans la soirée du vote solennel, les évêques ont réagi via un communiqué pour refaire entendre leur point de vue.
Puisqu'adopté en première lecture à l'Assemblée nationale, le texte de loi fin de vie entame désormais le processus de navette parlementaire. Discuté et voté au Sénat, vers la "fin septembre, début octobre" anticipe Gérard Larcher, président du Sénat, le texte retournera ensuite au Palais Bourbon pour une seconde lecture par les députés.
Tout au long de ce processus, la Conférence des évêques de France (CEF) fait savoir qu'elle entend continuer à apporter au débat public "tout élément utile pour permettre d’éclairer leur discernement, concernant ce sujet infiniment grave, complexe voire intimidant, qu’est l’accompagnement de la fin de vie". Rassurée dans leur opinion par "l’expérience des 800 aumôniers et 1 500 bénévoles présents au sein des hôpitaux, ainsi que des 5 000 visiteurs à domicile et en Ehpad, mobilisés chaque jour au chevet des malades. Auxquels s'ajoutent les milliers de prêtres, diacres, consacrés et laïcs engagés dans l’accompagnement des personnes en deuil à l’occasion des obsèques". La CEF continuera à s'opposer à la promulgation du texte sur l'aide à mourir. De son côté, l'exécutif fait savoir par Catherine Vautrin, ministre de la Santé, qu'il souhaite une entrée en vigueur "d'ici 2027".
Profondément inquiets des conséquences pour la société française et des perspectives alarmantes auxquels un « droit à mourir » exposerait en particulier les Français les plus vulnérables, les évêques réaffirment leur détermination à porter la voix d’une société juste et… pic.twitter.com/XzDRySbH3F
— Église catholique en France (@Eglisecatho) May 27, 2025
Les évêques français saluent en revanche le vote de la loi relative aux soins palliatifs. Ils rappellent également dans leur communiqué que "plus de 20% des départements français [sont] dépourvus de soins palliatifs (soit 1/5)".
Si la loi fin de vie n'est pas encore appliquée, beaucoup pensent qu'elle pourrait passer sans entraves les futures étapes du processus législatif. Le Sénat est généralement considéré comme plus conservateur que l'Assemblée nationale, avec une majorité de sénateurs relevant des Républicains. Et à l'Assemblée, 34 des 49 députés LR se sont opposés au projet de loi.
Pour autant, si le texte venait à passer, l'Église est encore dans le flou sur certaines questions, comme l'accompagnement des personnes demandant la fin de vie. Mgr Bozo, évêque de Limoges, déclare que cet accompagnement "demandera une détermination plus grande encore pour être attentif". L'évêque se montre serein vis-à-vis du délit d'entrave – concernant ceux qui s'opposent à la volonté d'un malade –, qui pourrait bloquer l'accompagnement souhaité par l'Église : "Il faut que les catholiques soient très libres par rapport à ça, que leur désir soit d'accompagner par amour, par charité, par attention, par fraternité tous ceux qui souffrent sans avoir à se poser la question de savoir s'ils seront possiblement réprimés par le délit d'entrave".
À l'heure de ce que l'Église appelle une "rupture anthropologique", les évêques naviguent encore à vue, et à contre-courant.
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