"Aimer les frères, aimer les lieux", disait l’un des trois fondateurs de l’ordre cistercien. Sur l'île Saint-Honorat, au large de Cannes, il ne semble pas difficile d'aimer les lieux ! Quant à la vie fraternelle, à l'abbaye de Lérins, elle est multiculturelle et intergénérationnelle. Découverte.
Dans la tradition chrétienne, on dit que les communautés monastiques offrent au monde un témoignage de la présence de Dieu sur terre. Sur l'île Saint-Honorat, depuis seize siècles, des hommes donnent cet exemple de vie sobre et fraternelle guidée par l'Évangile. De quoi interpeller les milliers de visiteurs qui viennent chaque année : nous sommes sur la Côte d'Azur, l'un des endroits les plus connus au monde. C'est là où RCF a choisi d'installer ses studios pour retransmettre les célébrations de la Semaine sainte et Pâques 2025.
"Aimer les frères, aimer les lieux", disait saint Albéric de Cîteaux, l’un des trois fondateurs de l’ordre cistercien en 1098. Dans le contexte de la réforme de la Règle de saint Benoît, la formule devenue un adage cistercien signe la distance que lui et ses confrères - Robert de Molesme et Étienne Harding - ont voulu prendre avec la vie bénédictine.
La vie fraternelle est, avec le travail, l’un des deux piliers de la réforme qui a donné naissance à l’ordre cistercien. "Les Cisterciens ont beaucoup mis l’accent sur le travail agricole et la vie fraternelle, témoigne Frère Marie, moine de Lérins. Aimer les frères est assez développé."
Quant à aimer les lieux... Sur l’île Saint-Honorat, où vivent une vingtaine de cisterciens, tout nous y invite ! "On est des privilégiés, c’est vrai, on est des privilégiés de travailler sur Saint-Honorat", admet l'un des salariés, Michaël. En charge de l’intendance et de la logistique, il a de lourdes responsabilités sur les épaules, dans cet archipel de Lérins très fréquenté. Mais précisément, "c’est le cadre qui nous fait garder notre calme, dit-il. On ne peut pas être énervés ici, c’est impossible !"
La plus petite des îles de Lérins a la particularité d’être un monastère et un site touristique. En été, l’île peut accueillir jusqu’à 1 000 personnes par jour. Saint-Honorat leur réserve un premier étonnement, cette "impression de revenir quelques années en arrière", comme la ressent Frère Michaël. "La Croisette, le Palais des festivals, toute cette grandeur, toute cette splendeur et ce bling bling entre guillemets : et quand on arrive sur l’île Saint-Honorat, on est complètement en décalage avec le continent !"
L’île Saint-Honorat est facilement accessible aux touristes par la navette depuis Cannes. Les visiteurs débarquent non loin du restaurant La Tonnelle où ils prévoient peut-être de s’arrêter au retour de sa promenade. Le temps de faire le tour de l’île, une petite heure à l’ombre des pins… Mais rares sont ceux capables de dire où ils sont vraiment : dans l’enceinte d’un monastère !
"Il ne faut pas croire que tout le monde arrive sur l’ile Saint-Honorat en connaissance de la spécificité du lieu !" Frère Marie est l’hôtelier de la communauté. En charge de l’accueil des visiteurs, il est lui-même étonné par l’effet de surprise que produit la présence des moines.
Il y a d’abord le vivre ensemble qui interroge. Les vingt-trois moines de Lérins, de tous âges, sont originaires de France, mais aussi de Belgique, du Cameroun, du Royaume-Uni, de Slovénie, d’Italie ou d’Espagne… "Vous voyez : nous sommes une communauté multiculturelle, intergénérationnelle." Et pour Frère Marie, "découvrir qu’il y a une vraie fraternité" c’est "ce qui frappe les gens je pense".
Mais aussi "le côté prière", observe le frère hôtelier. Un certain nombre de visiteurs se tiennent eux-mêmes éloignés de cette vie faite de prières, de lecture des textes, etc. "Ce qui en ressort, c’est qu’ils en reçoivent beaucoup de bienfaits, assure Frère Marie. On découvre la paix, on découvre quelque chose de bienveillant, de bon, et ça, ça imprègne. Et c’est ce que les gens ressentent même sur l’île." Sans doute perçoivent-ils que finalement c’est à la présence de Dieu que cette île est dédiée.
La vie des cisterciens est organisée pour "favoriser le rapport à Dieu et le rapport à l’autre", comme dit Frère Marie. "Ça crée une vie heureuse finalement ! Qui nous fera voir le bonheur ? chante-t-on tous les soirs à complies, c’est la grande question universelle !" Et si c'était cette quête de bonheur ancrée en chacun que la présence des moines à Lérins venait attiser ?
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