Ora et Labora : vivre la règle de Saint-Benoît au monastère de Lérins

Au large de Cannes, sur l’île de Saint-Honorat, vivent en communauté monastique les 23 frères de l’abbaye de Lérins. Le monastère est placé sous l’égide de la règle de Saint-Benoît qui établit une journée placée sous le signe du travail et de la prière. Loin du monde, au milieu de la Méditerranée, parvenir à concilier contemplation et prière avec travail pour la communauté peut tout de même sembler être un défi. Comment se recueillir pleinement avec en tête la préparation du repas ou l’heure de fin de la machine à laver ? Éclairages avec Frère François, réfectorien et lingier de l’abbaye de Lérins.

Travailler pour gagner son repas

Les journées de Frère François commencent tôt, plus tôt que celles des autres frères. Arrivé sur l’île de Lérins depuis 8 ans, Frère François y assume entre autres la position de réfectorien. Debout dès 3 heures du matin, il prépare à son lever le café pour les 22 autres membres de la communauté. “Le réfectorien, a pour principale tâche de surveiller que rien ne manque et pouvoir aussi donner une bonne ambiance au réfectoire.”

On ne vit pas que de la prière, donc on doit travailler pour gagner notre repas et pour assumer un certain nombre de services.

Si le Frère François officie à l’intendance, d’autres membres de la communauté assurent d’autres tâches. Il faut par exemple accueillir les visiteurs de l’abbaye, mener des travaux de réfection, tenir le jardin, les papiers des salariés… Les temps de travail sont cadrés par la règle de Saint-Benoît.  “On ne vit pas que de la prière, donc on doit travailler pour gagner notre repas et pour assumer un certain nombre de services. Nous travaillons et pendant ce travail, nous faisons une pause. À 9h45, nous nous arrêtons pour pouvoir réciter les tierces. Et puis, en dehors des offices nous avons aussi certaines prières personnelles que nous essayons de ruminer durant toute la journée.” Ora et Labora : prie et travaille, tels sont les deux principes de vie des moines de Lérins : ils ne sont pas juxtaposés, mais à vivre ensemble. 

Un service à la communauté, un service à Dieu

Frère François voit tout de même dans le service rendu à la communauté une dimension spirituelle. Après avoir ressenti un appel à 20 ans au Cameroun, il a quitté son pays d’origine pour rejoindre l’abbaye de Lérins. Rendre service aux frères c’est donc pour lui rendre service à Dieu. Il détaille : “Si on est là, c'est pour le Seigneur. Si on rend service, on rend d'abord service à Dieu, puisque c'est Lui qui nous appelle, et ensuite à nos frères. Servir les frères, c'est servir Dieu.” 

On rend d'abord service à Dieu, puisque c'est Lui qui nous appelle, et ensuite à nos frères.

Ainsi, pas question pour Frère François de perdre son sourire lorsqu’il travaille. “La vie est faite d’épreuves. La joie vient du fait que c'est Dieu qui m’a appelé dans cette vie ; je ne suis pas venu de moi-même. Si vraiment c'est le Seigneur qui m'appelle, il va falloir que je lui rende ce service avec toute la joie possible. C'est ce qui m'anime.” Frère François continuera donc inlassablement à préparer le café pour ses frères au milieu de la nuit, et avec le sourire.