Les moines de l'abbaye de Lérins appartiennent à l'ordre des cisterciens. Pourtant, ils vivent selon la Règle de saint Benoît. Quelles différences y a-t-il entre les cisterciens et les bénédictins ?
Vivre la Semaine sainte et Pâques 2025 à l’abbaye de Lérins : c’est la proposition de RCF et Radio Notre-Dame à ses auditeurs. Cette programmation spéciale est aussi l’occasion de découvrir la vie des moines qui prient et travaillent sur cette île-monastère Saint-Honorat. Des moines cisterciens qui suivent la Règle de saint Benoît. Qu’est-ce donc qui les différencie des bénédictins ?
"Les modes de vie bénédictin et cistercien ne diffèrent pas beaucoup. Quand je vais dans un monastère bénédictin, je m'y retrouve tout à fait, confie frère Marie. Il y a le même rythme de prière, la vie fraternelle... Mais c'est vrai que les cisterciens ont beaucoup mis l'accent sur le travail." Pour Frère Matteo, le "frère paysan" en charge des oliviers, c'est pour donner plus de place au travail qu'il y a eu la réforme cistercienne au XIe siècle.
Travailler et prier, "ora et labora", c’est bien la devise des bénédictins - et des cisterciens. Même si on a pu dire autrefois, de façon caricaturale, que les bénédictins étaient des intellectuels par opposition aux cisterciens versés dans le travail manuel. À Lérins, les religieux se réunissent sept fois par jour pour prier et méditer la Bible. Le reste du temps est consacré aux travaux agricoles – vigne, oliviers, à la vente des produits monastiques et à l’accueil des visiteurs.
Quand on lui demande s’il est bénédictin, Frère Matteo répond : Oui. "Pour moi la Règle, c’est l’idée d’une direction, d’un chemin, d’un but à atteindre." Ce qui importe quand on suit une règle monastique, c’est de pouvoir "l’adapter au temps, à l’actualité". "Aujourd’hui on parle souvent d’une fidélité créative à la règle. Les cisterciens n’ont jamais cherché la lettre de la règle, c’est impossible, les temps ont changé. Justement aujourd’hui, on dirait pour être fidèle il faut changer : c’est ça l’enjeu."
Quand, en 1098, saint Robert de Molesme, saint Albéric de Cîteaux et saint Étienne Harding ont fondé l’abbaye de Cîteaux, en Bourgogne, ils posé les bases de ce qui allait devenir l’ordre cistercien – d’après le nom de Cîteaux. Ordre approuvé par le Vatican en 1119.
Son objectif ? Revenir aux fondamentaux de la Règle de saint Benoît. Rédigée en 530, c'est la plus célèbre des règles monastiques. Frère Matteo précise que "les cisterciens n’ont pas cherché un retour radical à la Règle de saint Benoît". Ils avaient plutôt "le désir de retrouver la pureté et la simplicité de la vie monastique des origines".
Et de retrouver un équilibre entre la prière et le travail. "L’aspect de l’engagement personnel du travail s’était perdu avec le temps, à Cluny. La vie s’était réduite à la liturgie, à la prière, ils passaient leur vie dans l’église", résume Frère Matteo. C’est donc "un équilibre harmonieux" que les cisterciens ont recherché.
La grande figure de l’ordre cistercien reste saint Bernard de Clairvaux, "celui qui a tracé la spiritualité et le sens de la vie cistercienne". Les abbés de Cîteaux ont tenu un rôle considérable au sein de l’Église catholique et une grande influence sur le plan politique en France, jusqu’à la Révolution française.
Cela fait donc plus de 900 ans que la vie cistercienne perdure – elle a connu un renouveau à la fin du XIXe siècle. Fruit de cette histoire mouvementée, la grande famille cistercienne est répartie en deux branches : l’ordre de la stricte observance (Ocso) - aussi appelés les trappistes et les trappistines - et l’ordre de la commune observance. Ce dernier, aussi appelé "ordre de Cîteaux" compte plusieurs congrégations.
Parmi elles, la Congrégation cistercienne de l’Immaculée conception (Ccic), dont l’abbaye de Lérins est la maison mère. Congrégation qui comprend également les abbayes Notre-Dame de Sénanque (Vaucluse) ou Sainte-Marie de Rieunette (Aude), pour la France. Au total, douze congrégations sont rattachées à l'ordre cistercien. Plusieurs monastères lui dont directement incorporés, dont Sainte-Marie de Boulaur dans l’Aude.
Du jeudi 17 au dimanche 20 avril, jour de Pâques, l'équipe de RCF vous emmène vivre la Semaine sainte et Pâques à Lérins. Nos équipes installent leur studio éphémère sur l'île Saint-Honorat, au large de Cannes, dans l'abbaye des moines cisterciens, propriétaires de l'île. Pour découvrir les coulisses de la vie religieuse et vous préparer à Pâques, suivez les offices et découvrez toutes nos émissions spéciales ici.
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