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Loi sur la fin de vie, par Théo Moy

Loi sur la fin de vie, par Théo Moy

Un article rédigé par Théo Moy - RCF, le 26 mars 2024  -  Modifié le 26 mars 2024
Le point de vue de 7h55 Loi sur la fin de vie, par Théo Moy

LA CHRONIQUE DE THÉO MOY - Sur le sujet de la fin de vie, l'opinion la plus partagée à gauche en effet est toute simple. L'euthanasie et le suicide assisté seraient une simple liberté à conquérir. Rien de plus qu'un nouveau droit dans une vision un peu simpliste d'un progrès sociétal linéaire.

Théo Moy est journalise à La Croix ©Claire Jaillard Théo Moy est journalise à La Croix ©Claire Jaillard

La gauche, quand elle s'exprime sur ce sujet, ramène presque toujours la question à une échelle individuelle. Chaque homme, chaque femme devrait avoir le droit de prendre cette décision personnelle de mourir. La question serait finalement privée, presque réductible au slogan féministe "mon corps, mon choix".

C'est peu dire que ce raisonnement est faible de la part d'un camp politique qui, surtout les autres sujets, est capable de penser la société dans sa dimension collective. La gauche, rendez-vous compte, n'a même pas réagi quand Emmanuel Macron a tenté de présenter l'euthanasie et le suicide assisté comme des mesures de fraternité.

Le silence de la gauche

Dans ce silence à gauche, il faut saluer et bien sûr citer quelques voix courageuses. Le député du Parti socialiste Dominique Potier compte parmi elles. Il assume que "dans ce combat contre l'aide à mourir, c'est bien mon engagement à gauche qui s'exprime." Défendre le refus de donner la mort, c'est à la fois s'affranchir de la dictature de l'opinion et du dogme du marché à l'expliquer l'élu au Figaro.

Le point de vue de 7h55 Loi sur la fin de vie, par Théo Moy

Il faut aussi citer le communiste Pierre Dharréville. "L'euthanasie et le suicide assisté correspondent à une conception libérale de la société où chacun serait seul face à son destin et à ses choix. Ces propositions font abstraction des rapports sociaux, des inégalités de l'existence et du contexte culturel. La gauche est toujours du côté de la protection des plus fragiles, c'est dans son ADN." Ces deux courageux, Dominique Pottier et Pierre Dareville, cela ne vous aura pas échappé, sont des députés qui ne font pas mystère de leur foi chrétienne.

L'euthanasie n'est pas réservé à la gauche

Elles se font encore une fois bien rare, mais ces derniers jours, j'ai remarqué un texte remarquable qui circule énormément sur les réseaux sociaux. Il a été écrit par la journaliste Alexia Soyeux, qui a créé le podcast et la newsletter "Leur présage". Ce texte s'intitule "L'euthanasie n'est pas de gauche".
Son auteur rappelle que dans un contexte d'économie néolibérale, on favoriserait avec cette loi une fin de vie rapide et économique, plutôt qu'un accompagnement digne de ce nom dans un système de santé qualitatif. Elle s'attarde aussi sur la notion de validisme, cette discrimination systémique dont sont victimes les personnes handicapées. Pour elle, dans un monde validiste, légaliser l'euthanasie, c'est institutionnaliser un eugénisme bienveillant.

Elle s'interroge enfin, comme devrait le faire toute la gauche : "Quelle est l'intention réelle d'un gouvernement qui détruit l'hôpital public, qui laisse des organismes privés maltraiter les pensionnaires d'EPAD, qui donne aux personnes handicapées tout juste les moyens de survivre mais qui poussent à autoriser l'euthanasie." Espérons que ces voix de chrétiens mais aussi de non-croyants trop rares soient entendues dans les mois à venir.

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le point de vue de 7h55

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