"De coups de gomme en coups de hache, l’édifice civilisationnel s’effrite", par Antoine-Marie Izoard

Mais, passés la colère et l’agacement, la stérile polémique laisse place au constat : la Croix et le message de Celui qui fut pendu à son bois sont signes de scandale et de contradiction dans le monde. Effacer les croix et écarter toute transcendance évite notamment de s’interroger en profondeur sur la portée des actes posés.

Vers des lois mortifères 

C’est cet effacement, selon moi, qui mène nos dirigeants aux lois mortifères qui s’enchaînent dans notre pays, à un rythme qu’il convient de qualifier d’infernal. Jugée "historique" et faisant soi-disant de la France une "pionnière" en la matière, la récente constitutionnalisation de l’IVG fut un énième coup de canif dans la loi naturelle qui, entre autres, consacre le respect de toute vie. Et voilà qu'à peine quelques jours après, Emmanuel Macron confirme son intention de poursuivre l’acte de démolition. 

Dans un entretien accordé aux quotidiens La Croix et Libération , preuve qu’il tente désespérément, et en vain, de ménager la chèvre et le chou , le chef de l’État vient de préciser les contours du projet de loi sur la fin de vie, qui sera débattu avant l’été. Trahissant le sens des mots et sans se soucier des contre-vérités, le Président présente "une loi de fraternité" avec laquelle, affirme-t-il, il n’est question ni de légaliser l’euthanasie, ni le suicide assisté, mais bien de mettre en place "une aide à mourir". Voilà qu’aider à mourir deviendrait, dans sa bouche et par un insupportable tour de passe-passe, un geste fraternel ! 

"Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde"

Ce projet de loi ouvre bien tristement la voie au suicide médicalement assisté, voire à l’euthanasie, réalisée y compris par un proche. Voilà encore la France pionnière dans un domaine mortifère, levant délibérément l’interdit de tuer ! Emmanuel Macron a beau se payer de mots en assurant à deux reprises que son projet de loi est "un chemin", celui-ci est en réalité une véritable autoroute sur laquelle le législateur va forcément se perdre. Une fois ouverte la boîte de Pandore, il ne manquera pas de toujours plus élargir les conditions d’accès.

Ainsi, de coups de gomme en coups de hache, l’édifice civilisationnel s’effrite en se vidant de toute substance morale, les barrières tombent et toute transcendance est niée. Le chemin devient une impasse, la vérité est travestie et la vie est rejetée. "Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive", dit pourtant le Christ dans l’Évangile ce dimanche (Jn 12, 26). On aura beau tenter de l’effacer, lui seul est le Chemin, la Vérité, la Vie.