Fin de vie : "C’est une utopie de croire que la loi peut couvrir tous les cas" selon le philosophe Damien Le Guay
Promesse d'Emmanuel Macron, le projet de loi sur la fin de vie était attendu pour la fin de l’été dernier, puis pour le mois de décembre. Néanmoins, malgré le remaniement et une longue conférence de presse du président pour fixer un nouveau cap, le calendrier et les contours de ce texte sont encore imprécis. Et le débat continue d’animer la société. Pour le philosophe Damien Le Guay, cette question sur la fin de vie est l’occasion de s’interroger sur la place de la loi en démocratie.
Légiférer "avec une main tremblante
L’approche sur la fin de vie va-t-elle changer avec le remaniement ? Lors du dernier bouleversement ministériel, Agnès Firmin-le Bodo a quitté ses fonctions. L'ancienne ministre de la Santé laisse derrière elle un avant-projet de loi sur la fin de vie. Sa remplaçante, Catherine Vautrin, devrait être chargée du dossier dont le calendrier et les contours restent encore très flous. Fin décembre, Emmanuel Macron a dit assumer de “prendre le temps” sur le sujet. Selon les dernières informations, le projet de loi devrait être étudié au Parlement en février prochain.
Si la loi pense qu’elle peut répondre à toutes les solutions, elle conduit à des situations d’impasse
Catherine Vautrin, estime qu’il faut légiférer sur le sujet "avec une main tremblante" pour reprendre l’expression de Montesquieu. “Je n’ai pas de difficultés à aborder ce sujet” assure-t-elle et en s'empressant d’ajouter qu’un “sujet comme celui-là devra être extrêmement précis et cadré”. En avril 2023, la convention citoyenne sur la fin de vie s’était aussi prononcée en faveur de l’euthanasie et du suicide assisté, mais sous certaines conditions.
Interroger le sens de la loi
Ce sont ces conditions qui interpellent le philosophe Damien Le Guay, spécialiste d’éthique médicale et auteur de “Quand l’euthanasie sera là” (ed.Salvator). Selon lui, “c’est une utopie de croire que la loi peut couvrir tous les cas”. La question de départ, posée aux 184 membres de la convention citoyenne était donc, pour lui, biaisée. “Absurde” même selon ses mots.
Les membres de la convention ont répondu à la question suivante : “Le cadre de l'accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d'éventuels changements devraient-ils être introduits ?”. Or, “si la loi pense qu’elle peut répondre à toutes les solutions, elle conduit à des situations d’impasse” assure Damien Le Guay.
Il ne croit donc pas à une exception à la Française sur le sujet de l’euthanasie, qui induirait une conditionnalité. “On va vers la solution du modèle belge qui était limitée sur son principe au début, mais s’est progressivement étendue, car toutes les exceptions que la loi pourrait poser aujourd’hui sauteraient progressivement dans les années à venir” promet-il. Sur ce dossier de la fin de vie, il aspire donc à “redonner son sens à la loi” qui “par définition suppose des interdits, des exceptions, des choses qui ne sont pas possible.”
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