Aymeric Christensen | Une lettre au Père Noël

Quand j’étais enfant, ma grand-mère nous disait que c’était au petit Jésus que l’on devait les cadeaux sous le sapin. Je vous avoue : ça ne m’a jamais complètement plu, parce si d’aventure je devais être un peu déçu, je préférais en vouloir à un vieux barbu imaginaire.
Alors, j’ai grandi (un peu), mais une part de moi continue de placer dans la Nativité des attentes qui dépassent simplement la fête. Comme si Noël pouvait créer une parenthèse, ou faire disparaître nos problèmes sous une épaisse couche de neige immaculée.

Demander la paix

Que demander d’autre au Prince de la paix que…la paix ? Mais si possible, pas une paix statique, une paix morte comme on le dirait d’une eau stagnante. Non, une paix vivante, dynamique, nourrie d’une vraie réconciliation entre les peuples, d’un respect commun de la dignité humaine, du droit, des croyances, une paix qui saurait dépasser les différences de vues ou les blessures historiques. Une paix vivante aussi dans toute la société, en réparant les fractures sociales et politiques, ou simplement même le climat de tension qui domine si souvent aujourd’hui. C’est évidemment un peu naïf, dans ce monde de repli sur soi et de ressentiment mais si on ne
peut pas rêver un peu à Noël, alors quand pourra-t-on le faire ?
Après l’horrible attentat antisémite en Australie, comment ne pas espérer que le monde se débarrasse enfin de ce venin ? Malheureusement, depuis le 7 octobre 2023, et le déchaînement de
feu qui a été libéré en retour contre Gaza avec une inhumanité sidérante, l’antisémitisme connaît un regain spectaculaire. Comme si, pour certains, il n’était pas possible de dénoncer les crimes du
gouvernement israélien sans en rendre tous les Juifs du monde complices. C’est odieux, et il faut combattre ce fléau, d’où qu’il vienne. Y compris chez ceux qui, par lâcheté, par opportunité ou par bas instincts ménagent des ambiguïtés coupables sur le sujet.

Résister au christianisme politisé

Que les chrétiens tiennent haut la flamme de leur conscience, et sachent toujours résister à la tentation d’un christianisme politisé qui s’imposerait avec force. Car sans le Christ, sans la délicatesse et les rugosités de l’Évangile, la foi est comme dévitalisée. Elle devient une caricature, presque un blasphème. Garder ce trésor bien vivant, ça aussi, ce serait un beau cadeau. Un sursaut écologique, ce serait bien aussi ; une vraie prise en compte de la vulnérabilité, quelle qu’elle soit, ce serait bien aussi ; un regain d’espérance dans cette époque en perte de sens, ce serait mieux encore. Je vous ai dit : ce n’est pas très réaliste, mais pourquoi pas ?