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Aymeric Christensen | La dette, question économique et morale

Aymeric Christensen | La dette, question économique et morale

RCF, le 4 décembre 2025 - Modifié le 4 décembre 2025
Point de vueAymeric Christensen | La dette, question économique… et morale

Derrière l’examen du budget, qui semble monopoliser toute notre vie politique, n’y a-t-il pas un risque de creuser un peu plus le fossé générationnel ? Quel horizon la jeunesse d’aujourd’hui a-t-elle, sinon des dettes et des déficits ?

Aymeric Christensen © DRAymeric Christensen © DR

La France aura-t-elle un budget à Noël ? Au-delà de cette question
d’actualité, et alors que les débats ont repris à l’Assemblée cette semaine, c’est l’ombre de la dette qui a retenu votre attention.

La dette n'est pas seulement une réalité financière

On oublie parfois que la dette n’est pas qu’une affaire d’économie, mais aussi de morale. S’acquitter de ce que l’on doit, c’est une question de responsabilité et de justice. Or, cette question
est en train de creuser sous nos yeux le fossé entre générations.
Je n’en critique pas le principe : l’endettement d’une société peut-être juste quand il sert à réaliser des investissements dont les générations futures bénéficieront. Mais peut-il servir durablement à
financer son fonctionnement présent ? En filigrane, c’est la question de notre système de retraites qui est souvent pointée du doigt.
Disons-le : ce débat est un peu comme la mouche qui se cogne inlassablement contre le même carreau sans jamais quitter la pièce. De plus en plus d’actifs sont convaincus qu’ils ne bénéficieront jamais eux-mêmes du système qu’ils financent, et à force de tourner en rond de réforme en réforme, est-ce qu’on ne finit pas par envoyer le message qu’une extrémité de la vie préoccupe notre pays davantage que l’autre ? À bien des égards, le seul horizon qui semble s’offrir à la jeunesse est celui de la dette. Dette économique, dette écologique, auxquelles on pourrait ajouter bien des déficits qui noircissent le
tableau.

Quels seraient ces dettes ou ces déficits, s’ils ne sont pas économiques ?

Déficit social, dans la dégradation des services publics, les coups de rabot sur la redistribution, la cohésion fracturée. Déficit sécuritaire de l’insécurité, la violence du narcotrafic, la montée des tensions internationales. Déficit démocratique, quand l’État de droit est remis en cause ; déficit relationnel à l’heure de l’individualisme ubérisé et « netflixisé » ; déficit de transmission d’un socle
de valeurs partagées ; déficit spirituel face aux questionnements existentiels ; ou simplement, déficit de confiance dans un progrès encore désirable. A l’image de la gratitude qu’on peut avoir envers
les aînés, il y aurait une forme de « dette » des plus âgés à l’égard des plus jeunes. Pas forcément une dette financière, mais une dette de considération et d’équité dans les choix à poser, y compris politiquement. Dans la Lettre aux Romains (chapitre 13), saint Paul écrit : « Rendez à chacun ce qui lui est dû : à celui-ci l’impôt, à un autre la taxe, à celui-ci le respect, à un autre l’honneur. N’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel. » La dette, ce n’est pas forcément négatif. Toute relation humaine est toujours une forme de dette mutuelle, où chacun fait don de soi-même, sans certitude d’être remboursé. Mais une relation devient toxique quand l’une des parties estime ne rien devoir ou être seule débitrice. « Rendre à chacun ce qui lui est dû », du seul fait de l’humanité qui nous lie, c’est le fondement de la justice. Et peut-être le premier des déficits à combler aujourd’hui.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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