Du 9 au 13 juin, Nice accueille la Convention des Nations unies sur l'océan. Les enjeux sont nombreux : développer les aires marines protégées, vivre avec la montée des eaux ou encore protéger la biodiversité d’une surface qui recouvre 70 % de notre planète et qui reste méconnue pour beaucoup d’entre nous. Une émission Je pense donc J’agis présentée par Melchior Gormand et Stèvelan Chaizy-Gostovitch.
Alors que les crises climatiques et environnementales se multiplient, Nice accueille la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC), réunissant chefs d’État, experts, scientifiques et journalistes venus du monde entier. L’objectif est de repenser notre rapport à l’océan pour mieux le protéger, et garantir une exploitation durable de ses ressources.
Après New-York en 2017 et Lisbonne en 2022, cette nouvelle édition de la Conférence des Nations Unies sur l'Océan a pris ses quartiers sur la promenade des Anglais. Nice est en pleine ébullition. Des chefs d'État et des journalistes sont venus du monde entier pour l’événement. L’enjeu principal est de conserver et d'exploiter de manière solide les océans, les mers et les ressources marines dans le cadre du développement durable. “Avec des événements de cette taille, une nouvelle approche apparaît : ce ne sont plus les océans, mais l'océan”, souligne François Simard, consultant en biodiversité marine, directeur du musée océanographique de Monaco, spécialiste des aires marines protégées et directeur du programme global marin de l’UICN.
Ce ne sont plus les océans, mais l'océan.
Cet événement international permet la mise en lumière de sujets pouvant lancer un regain d'intérêt. “Progressivement, les acteurs prennent conscience que la mer n’a pas de frontière, elle distribue ses changements sur l’ensemble de la Terre, elle concerne un très grand nombre de pays”, explique Denis Lacroix, ancien délégué à la prospective à la direction générale de l’IFREMER, l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer, consultant en sciences marines et prospectives, et secrétaire général du plan bleu.
Les actions menées sont nombreuses depuis une dizaine d’années. Parmi elles, on retrouve notamment le MONACO BLUE INITIATIVE qui s'est tenu début juin 2025. “La réunion de la semaine dernière sur l'économie bleue reflète de l'intérêt grandissant des investisseurs”, estime Dominique Benzaken, experte en économie bleue et en gouvernance de l'océan, pour le Centre national australien pour les ressources et la sécurité de l’océan et membre de la délégation des Seychelles. L'UNOC n'est ainsi pas une COP - Conférences des Parties, car plusieurs accords sont proposés. Le rôle d'un évènement comme ce Sommet sur l’océan est de trancher les propositions et d'arriver à un seul accord.
Face à la dégradation accélérée des écosystèmes marins, les aires marines protégées apparaissent comme l’un des outils les plus efficaces pour inverser la tendance. "Les aires marines protégées et gérées ne sont pas des endroits où nous n'agissons pas, au contraire", affirme François Simard. Dire qu'il ne faut pas d'activité de pêche est faux, mais elle doit être modérée, seules les réserves intégrales interdisent toute intervention. Ailleurs, des usages comme la pêche peuvent perdurer, à condition qu’ils soient modérés et encadrés. Ce sont surtout les pratiques industrielles destructrices, comme le chalutage de fond, qui y sont interdites. “L'important, c'est de prendre conscience qu'il y a quelque chose qui est en danger à cause des activités humaines, et que nous avons tout intérêt à protéger cet espace”, ajoute-t-il.
Les aires marines protégées peuvent être efficaces, mais leur impact résulte d’une réalité géographique et du niveau de pression qu’on y exerce. "À certains endroits, la nature se rétablit, ailleurs ce n'est pas le cas", rapporte Dominique Benzaken. L’exemple des morues de Terre-Neuve en est la preuve : après des décennies de surpêche, le stock s’est effondré. Un moratoire a été mis en place, mais l’espèce n’est jamais revenue, le seuil d'irréversibilité ayant été atteint. Aux Seychelles, un plan de protection permet d’aller au devant des problèmes. "La mer ne va pas bien. C’est aux humains de tout faire pour la préserver", défend Denis Lacroix. Pour les trois experts, les aires marines protégées est un sujet sérieux, l'objectif est d'arriver à 30 % de la surface des océans en 2030, dont 10 % en protection forte.
La mer ne va pas bien.
"Derrière l'industrie de la pêche, il y a aussi des gens, des familles, il y a une industrie, donc une économie. Il faut trouver le temps pour s’adapter”, explique François Simard. "Il est nécessaire de connaître le curseur pour savoir si une pêche est industrielle ou non", explique-t-il. Au-delà de 12 mètres, un bateau est considéré comme un bateau de pêche industrielle et la présence du patron de pêche à bord joue aussi un rôle. “C'est évident que la pêche et le chalut des grands fonds devront progressivement être arrêtés”, ajoute-t-il.
"Le climat se réchauffe, les glaciers et les calottes glaciaires fondent la mer se dilate il y a urgence", alerte Dominique Benzaken. Ce phénomène est en accélération, et l'eau augmente aujourd'hui de quatre millimètres par an. Mais les projections sont incertaines et peu précises, on estime une montée des eaux de 50 cm à 1 mètre 50 d’ici la fin du siècle. “La grande affaire, c'est de décarboner l’économie, il faudrait basculer vers une bioéconomie qui respecte les rythmes et les équilibres du vivant”, affirme Dominique Benzaken.
Les conséquences de la montée des eaux sont très importantes au niveau de l'écosystème. Les pays proches du niveau de la mer doivent envisager une mutation. “Dans le pacifique, une île a déjà pensé à déménager”, déplore Dominique Benzaken. D’où l'intérêt de faire des prospectives, regarder quels vont être les coûts à moyen et long terme et ainsi éviter ce qu'on appelle la mal-adaptation, en construisant des digues là où ça ne sera plus utile dans 20 ans.
Il faudrait basculer vers une bioéconomie qui respecte les rythmes et les équilibres du vivant.
Les conséquences économiques et écologiques sont catastrophiques. “Je pense au Bangladesh notamment, qui est l'un des pays les plus bas du monde dont les frontières sont fermées à l'est, au nord et à l'ouest”, note Denis Lacroix. Contrairement aux Hommes, les écosystèmes ont une capacité à s'adapter, à changer et à se transformer. "Il peut y avoir des choses extraordinaires qui vont se passer, des choses très positives du point de vue de la nature”, espère François Simard.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
Intervenez en direct au 04 72 38 20 23, dans le groupe Facebook Je pense donc j'agis ou écrivez à direct@rcf.fr
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