Depuis dimanche, l’extension de l’interdiction de fumer en extérieur est entrée en vigueur avec un décret paru samedi au journal officiel. Cela concerne les plages, parcs et jardin mais aussi les abri de bus, les équipements sportifs, les piscines, les bibliothèques et aux abords des établissements scolaires. L’interdiction de fumer vise principalement à protéger les enfants du tabagisme passif.
Les fumeurs vont devoir changer leurs habitudes. Ce n’est plus possible désormais d’allumer sa cigarette sur les plages, dans les parcs, mais aussi sous les abribus, dans les équipements sportifs, aux abords des piscines, des bibliothèques et surtout autour des établissements scolaires. L’interdiction ne concerne pas les terrasses des restaurants et cafés et ne mentionne pas les cigarettes électroniques. Le texte doit encore être complété par un arrêté du ministre en charge de la santé, pour définir les périmètres précis autour des lieux interdits.
L’interdiction de fumer vise principalement à protéger les enfants du tabagisme passif. “Là où il y a des enfants, le tabac doit disparaître”, avait annoncé au printemps dernier la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités Catherine Vautrin. Effectivement, c’est la raison principale avancée par le gouvernement à la Ligue contre le cancer. “On plaidait depuis longtemps pour une telle mesure. Si vous respirez et que vous sentez la fumée, c'est que vous inspirez des particules. On sait, avec les études en particulier celles menées au Japon, sur les couples où la femme était non fumeuse et l'homme fumeur, qu'il y a un risque majoré de cancer du poumon par le tabagisme passif", souligne Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le cancer et délégué à la prévention.
Pour la Ligue contre le cancer, la mesure a aussi un autre avantage vis-à-vis des jeunes. Moins de lieux où l’on fume, c’est moins de lieux visibles pour la cigarette, et cela a une influence sur la jeunesse. “Plus il y aura d'espace sans tabac, meilleur sera l'endiguement de nouveaux consommateurs”, explique Emmanuel Ricard. Mais la limitation des espaces publics accessibles aux accros de la nicotine peut aussi avoir d’autres vertus, cette fois vis-à-vis des fumeurs eux-mêmes. Au moment de l'arrêt du tabac, tout environnement fumeur est une sollicitation avec un risque de rechute. “Donc, pour les gens qui souhaitent arrêter de fumer, disposer d'endroits ‘neutres’ est aussi important”, rappelle Emmanuel Ricard. La Ligue contre le cancer souhaiterait aller plus loin pour d’autres lieux en extérieur comme les hôpitaux ou les administrations.
Certaines villes ont déjà expérimenté de telles interdictions depuis plusieurs années. Nice, par exemple, a été la première ville à interdire le tabac dans ses parcs et sur la plage. "Au départ, c'était une plage en 2012, puis ça a été généralisé à partir de mai 2024 sur l'ensemble de nos plages", raconte Richard Chemla, adjoint au maire de Nice, délégué à la transition écologique et énergétique, à la santé et au bien-être. "Au début, il y a eu une introspection, une réflexion, on se dit, mais pourquoi on fait ça ? C'est le fameux terme aussi, de privation de liberté. On a fait beaucoup de pédagogie et c’est davantage accepté”, poursuit l’élu. La mairie a également installé de nombreux cendriers à proximité des plages.
Le décret paru samedi matin n’évoque toutefois pas de contravention en cas d’infraction. Le non-respect de cette interdiction pourrait à terme être sanctionné par une contravention de quatrième classe, soit 135 €, mais le ministère de la Santé avait évoqué fin mai une période de pédagogie. Enfin, l'interdiction du tabac sur les plages aura aussi un bénéfice environnemental. Un mégot, ça pollue. Il contient plus de 2000 à 3000 substances toxiques. “Lorsqu'on le jette et qu'il va finir sa vie dans la mer, ce mégot va polluer plus de 500 litres d'eau par jour”, rappelle Richard Chemla. 8 milliards de mégots sont jetés par terre en France chaque année, soit 20 à 25 000 tonnes.
Chaque matin à 7h10, les journalistes de RCF décryptent un sujet d'actualité en profondeur, dans la Matinale RCF.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !