Le plus important événement de France sur les drogues et les addictions s’ouvre ce jeudi à Angers. Le congrès annuel de la Fédération Addiction premier réseau d’addictologies de France rassemble 1300 personnes durant deux jours dans un contexte d’augmentation de la consommation de stupéfiants.
Près de 1300 personnes sont rassemblée pendant deux jours à Angers pour le congrès annuel de la Fédération Addiction. Médecins, pharmaciens, psychologues, addictologues ou encore travailleurs sociaux vont plancher pendant deux jours dans un contexte d’augmentation de la consommation de certaines substances comme la cocaïne. Face à cette situation, où en est-on en matière de prise en charge et de prévention des addictions ?
Selon l'Observatoire français, des drogues et des tendances addictives (OFDT) le mot "drogue" recouvre l’ensemble des produits psychoactifs aussi bien licites comme le tabac, qu’interdits comme la cocaïne. Les consommer perturbe le système nerveux central en modifiant les états de conscience. "Le phénomène même de l'addiction, est fondé sur la recherche de récompense" rappelle Patrick Pharo, sociologue au CNRS, spécialiste des dépendances. L’usage de ces produits provoque dans un premier temps, du plaisir puis le désir de renouveler l’expérience et progressivement à perdre le contrôle de sa consommation. "L'addiction, c'est quand on n'arrive plus à à se débarrasser d'une substance et que toute notre vie tourne autour de la recherche de cette consommation" complète Marie Öngün-Rombaldi, déléguée générale de la Fédération addictions.
Aux dépendances classiques, s’ajoutent celles aux jeux d’argent, aux achats, au sport, à Internet, au sexe, voire au travail. Ces addictions, encore peu quantifiées, toucheraient près de 6 % de la population.
L’alcool et le tabac, substances licites, demeurent les produits les plus consommés en France 23 % des adultes de 18 à 75 ans fument tous les jours. 7 % des adultes boivent quotidiennement de l’alcool même si l'on observe des changements de comportements avec le "dry january". Selon les données de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives, publiées en janvier parmi les substances illicites, le cannabis est de loin le plus consommé parmi les 15-75 ans : 1,4 million d’usagers en consomment régulièrement, 900 000 tous les jours. La cocaïne arrive en 2e position avec 9,4 % d'expérimentateurs parmi les adultes 1,1 million de consommateurs régulier. Ce chiffre a quasi doublé en un an.
"J'ai rencontré un groupe d'amis qui faisaient de la musique. Et de fil en aiguille, j'ai quand même voulu tester" raconte Camille (le prénom a été modifié) 20 ans. "C'est un truc où, dès qu'il y avait de la cocaïne, il fallait le finir. Sinon, la soirée n'était pas bonne. Et au final, j'ai vu les comportements changer et ça m'a vraiment marquée puis dégoûtée. J'ai eu une sorte de déclic qui m'a permis de m'en sortir". L’augmentation de consommation de cette drogue confirme une banalisation qui concerne différentes catégories sociales et milieux professionnels. "Si on regarde aujourd'hui qui consomme de la cocaïne, c'est beaucoup des travailleurs dans des milieux assez difficiles, comme le BTP ou la restauration avec le besoin de tenir face à des horaires très difficiles" souligne Marie Öngün-Rombaldi.
La dernière campagne du gouvernement ciblant les clients des dealers comme co-responsables des conséquences des narcotrafics a été très critiquée par les professionnels des addictions. "La politique actuelle, qui est mise en place, ne fonctionne pas. La stigmatisation, la culpabilisation des consommateurs, ça ne permet pas de diminuer les consommations. On le voit en France, pour la cocaïne et pour tous les produits, les consommations augmentent" estime Marie Öngün-Rombaldi. "Il est vraiment temps d'inverser le paradigme et de travailler autrement en faisant de la prévention, de la réduction des risques, en informant les populations et en mettant des moyens sans juger les consommateurs" ajoute-elle. Des usagers de drogues pour qui le plus souvent il est difficile de parler de leur addiction."Quelque soient les addictions, elles ne peuvent pas être isolées du contexte social, culturel, politique et économique dans lequel elles s’inscrivent" souligne la déléguée générale de France Addictions
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