Patricia Miralles, ministre chargée de la mémoire et des anciens combattants a fait de la jeunesse son objectif. Elle veut sensibiliser les jeunes à la mémoire des soldats morts pour la France. Elle en est convaincue, c’est en instruisant les plus jeunes aux ravages des conflits et aux sacrifices de leurs aînés que l’on évite la guerre.
Alors que la moitié des jeunes se disent prêts à s’engager pour la France selon Opinionway, Patricia Miralles souhaite poursuivre l’implication de la nouvelle génération dans le devoir de mémoire. Elle rappelle aussi que le qualificatif d’ancien combattant n’est pas réservé aux vétérans du siècle dernier. Une réalité qu’il ne faut pas oublier.
Patricia Miralles l’affirme, elle en a assez d’entendre des critiques émises envers la jeune génération, “cette jeunesse est en demande de transmission”. Pour elle, le constat est clair, il faut nourrir une soif de récits et permettre l’accès pour ces jeunes à la mémoire de guerre. Ayant pris part à un voyage mémoriel vers le camp d’Auschwitz, elle relate l’émotion d’une collégienne qui s’est agenouillée devant une rescapée pour lui dire que “désormais, plus jamais on ne me dira que cela n’a pas existé”. Pour la ministre, le problème n’est pas dans le désintérêt des jeunes mais dans leur manque d’accès aux témoignages. “Le problème de ces jeunes, c’est qu’ils n’ont plus de transmission familiale” affirme t-elle.
Cette jeunesse est en demande de transmission.
Pour lutter contre cet éloignement de la mémoire, elle se réjouit des nouveaux moyens mis en place dans les musées, “on peut y entendre les voix des survivants. C’est une chance.”. Car le risque est de laisser mourir les témoignages avec les témoins. Une volonté de transmettre qui se manifeste aussi chez les vétérans eux-mêmes. “Nos anciens combattants sont heureux de voir les jeunes prendre le relai”. C’est un constat fait lors de chaque commémoration officielle, occasion de rassembler les générations. Ces rencontres permettent aux anciens combattants de témoigner et aux jeunes de recevoir ces précieux témoignages. Pour Patricia Miralles, la jeunesse française est en demande d’engagement. “Je suis fière de cette jeunesse qui s’engage” affirme t-elle.
Alors que les derniers vétérans des guerres mondiales du siècle passé s’éteignent, le terme d’ancien combattant semble s’en aller avec eux. Pourtant, Patricia Miralles le rappelle, “ancien ne veut pas dire vieux”. De nombreux jeunes soldats qui ne sont plus en état de combattre forment les vétérans d’aujourd’hui. Blessés physiquement bien sûr mais aussi psychologiquement. Les psychiatres qui travaillent dans les centres de prise en charge de ces militaires en syndrome post-traumatique affirment qu’il s’agit bien d’une blessure, cachée certes, mais présente et douloureuse. Des chercheurs danois ont étudié au scanner les cortex cérébraux de régiments avant et après les opérations extérieures. Ils constatent des lésions dans les voies de communication entre l’hypothalamus, chargé de calmer la violence de l’information reçue, et le cortex préfrontal. Il s’agit donc bien d’une blessure physiologique.
Plusieurs militaires font entendre leurs voix au sein de récits dans lesquels ils relatent leur expérience, leurs chocs et leurs nouvelles vies à reconstruire. “Ces jeunes n’ont pas encore beaucoup parlé. Certains blessés commencent à le faire” constate la ministre chargée de la mémoire et des anciens combattants. C’est le cas de Jocelyn Truchet dans son livre blessé de guerre qui relate son parcours, de son engagement jusqu’à sa reconstruction. Le cinéma commence aussi à mettre en lumière ces hommes et femmes qui souvent restent silencieux. Le film sauver ou périr de Frédéric Tellier en est un exemple et nous plonge dans le douloureux parcours d’un pompier de Paris gravement blessé. Pour ces jeunes soldats, prendre la parole reste un exercice difficile. La honte en est souvent la première cause, vis à -vis de leur engagement dans l’armée et souvent de leurs compagnons d’armes dont certains ont laissé leur vie sur les opérations extérieures. “Ils sont souvent membres de l’amicale de leur régiment car ils gardent une accroche dans le régiment qui était le leur” constate Patricia Miralles.
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