
LE POINT DE VUE DE CLOTILDE BROSSOLLET - Mardi dernier, la loi sur « un droit à l’aide à mourir » a été votée en première lecture à l’Assemblée nationale. Il semble que la suite du processus législatif soit inéluctable et que rien ne pourrait empêcher la France de rejoindre les pays qui ont légalisé l’aide active à mourir. Mais que tout soit joué, rien n'est si sûr !
La loi fin de vie n'est pas encore passée ! Le vote à l’Assemblée nationale n’est qu’une première étape. Celui au Sénat ne devrait pas avoir lieu avant la fin de l’automne après un passage en commission et des auditions. Là, les sénateurs, en majorité à droite, pourraient largement amender le texte. Ensuite la seconde lecture à l’Assemblée nationale, qui se fera là encore après un passage en commission, n’est prévue qu’au début de l’année prochaine où lui trouver une place dans le calendrier législatif ne sera pas chose facile. Surtout si les travaux parlementaires sont suspendus durant la campagne des municipales en mars 2026. Puis poursuite de la navette avec un retour au Sénat. En cas de désaccord entre les deux assemblées : passage par la commission mixte paritaire, qui, en l’absence de compromis, se solderait par un nouveau vote à l’Assemblée nationale. Un parcours qui fait dire à certains qu’il n’est pas totalement garanti que la loi soit votée avant la fin de la mandature présidentielle. Surtout si une nouvelle dissolution a lieu !
Ce temps, il faut l'utiliser pour poursuivre le combat de façon efficace. Ces derniers mois, certains arguments se sont rendus bien plus audibles que d’autres, en particulier les arguments économiques et sociaux qui dénoncent la mise en danger des personnes malades les plus pauvres et des personnes handicapées. Ceux qui ont su se faire entendre sont ceux qui ont pointé du doigt le caractère ultra-libéral et validiste de cette loi. Leurs voix ont ainsi pu trouver une place dans les médias généralistes. Ainsi Le Monde a publié la tribune d’un sociologue néerlandais qui expliquait comment l’aide active à mourir avait fondamentalement modifié la relation au soin aux Pays-Bas, l’avocate féministe et militante pour le droit des personnes handicapées, Elisa Rojas, a pu exprimer ses craintes dans les pages de L’Humanité, du Monde et au micro de France Culture… Il faut abandonner les arguments anthropologiques et philosophiques, non parce qu’ils ne sont pas justes, mais parce qu’ils sont battus en brèche par l’incapacité de notre société à donner aux mots une définition commune. Derrière les mots de liberté et de dignité se glissent des significations bien trop différentes pour que nous puissions en faire des points d’ancrage pour débattre.
Il faut commencer par s'adresser aux députés. Les sondages leur disent qu’ils ont été élus par un électorat qui, entre 70 et 89 %, est favorable à l’euthanasie. Représentants de la Nation et soucieux de leurs électeurs, ils doivent comprendre qu’il n’y a pas unanimité populaire. Mais nous devons aussi mener la bataille de l’opinion en lançant le débat autour de nous, à la machine à café, dans nos repas de famille, à la sortie de l’école… Et rappeler quelques faits :
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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