LE POINT DE VUE DE CLOTILDE BROSSOLLET - Ce matin, Clotilde Brossollet revient la longue interview d'Emmanuel Macron sur TF1. Peut-être que le Président pourrait s'inspirer du début sans faute du Saint-Père.
Les auditeurs pourront s’étonner que plus de 7 jours après, alors que l’actualité ne cesse de nous donner de quoi mettre à la une des journaux, je souhaite revenir sur la prise de parole du président sur TF1 le 13 mai. Les journalistes et commentateurs ont déjà dit tout ce qu’il y avait à dire. Ils ont été unanimes : notre président de la République n’a donné la preuve que de son impuissance. En se cachant derrière la Constitution et les limites de l’État pour justifier son inaction et ses échecs, l’homme n’est parvenu qu’à une seule chose : réduire ses ambitions passées aux imprécations d’un roi solitaire sans autre ambition que sa propre destinée, destinée que les livres d’histoire pourront qualifier d’avortée. En arguant que l’État ne peut pas tout, Emmanuel Macron a avoué que sa pratique jupitérienne du pouvoir, qui se voulait en lien direct avec les Français, a achevé les rouages de l’action publique par l’isolement jusqu’à la mort des corps intermédiaires.
Celui qui n’a eu que mépris pour le principe de subsidiarité, a renforcé le caractère bureaucratique de l’État, qu’il a contribué à rendre boulimique. Il nous a fait pleurer sur la paralysie des institutions, en particulier locales, qu’il a totalement asphyxiées en réduisant leurs dotations et leurs marges d’autonomie, tout en les noyant sous des compétences étatiques déléguées de plus en plus grandes. Pendant 3 heures, le Président de la République a joué de la parole, une parole qui s’est voulue performative comme s’il suffisait de dire pour que les choses adviennent. Un peu comme Dieu aux jours de la Création. Une parole qui s’est finalement perdue dans un bruit d’autojustification
Il faut dire que ce tintamarre médiatique avait lieu quelques jours après l’élection du nouveau Pape et que le contraste était saisissant. Léon XIV, bien qu’élu, n’a pas fait campagne. Il a touché les cœurs par son émotion, par sa parole pesée. Une parole qui ne retourne pas vers lui car elle se donne. Le nom de Francis Robert Prévost s’efface déjà au profit d’un héritage : Léon XIV gouvernera l’Église en se sachant successeur de Pierre et de tous ceux qui l’ont précédé, en s’inscrivant dans l’héritage des 13 Léon qui ont marché avant lui. Héritier du premier, qui dans le contexte des grandes invasions, luttera sans relâche pour protéger les populations. Le pouvoir de Léon XIV est faible, car il n’a que les mots pour arme. Il n’a pas un grand pouvoir, il ne peut pas faire plier les grands, ni imposer la paix. Même au sein de son Église, il n’est pas tout puissant : il partage sa mission avec chaque baptisé. Mais son influence est grande car il exerce une autorité, au sens latin du terme : souverain pontife, il a pour vocation de faire croître, de faire grandir.
Les premiers jours du pontificat de Léon XIV contrastent avec force avec la pauvreté de notre vie politique. Peut-être devrions-nous relire l’encyclique de Léon XIII sur les origines du pouvoir civil, Diuturnum, publiée en 1881, qui rappelle l’origine divine de toute autorité humaine. Nous comprendrions alors que notre démocratie est revenue aux temps archaïques de l’Antiquité et que la pratique actuelle du pouvoir, dans notre démocratie en crise, a quelques affinités avec le paganisme. Les mises en scène auxquelles le chef de l’État nous a habitués, peuvent sembler n’être que des outils de communication mais elles cherchent bien à créer une liturgie du pouvoir personnel. Emmanuel Macron et tous ceux qui nous dirigent pourraient bien trouver dans le conclave et les premiers jours du pontificat de Léon XIV une belle source d’inspiration.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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