Funérailles du pape François : quel est le seul Pape inhumé en Auvergne ?

Le monde entier s'apprête à rendre un dernier hommage au pape François, décédé le 21 avril à l'âge de 88 ans. Ce samedi seront célébrées ses funérailles au Vatican. Il sera ensuite inhumé dans la basilique Sainte-Marie Majeure de Rome et non dans la crypte de la Basilique Saint-Pierre comme il est de tradition. Exception également, la Haute-Loire abrite aussi une sépulture papale, celle de Clément VI, le seul pape inhumé en Auvergne.

CLEMENT VI, un jeune corrézien accueilli à la Chaise-Dieu

Pierre Roger, futur Clément VI, est né en 1291 au château de Maumont, dans la paroisse de Rosiers-d’Égletons, en Corrèze, au sein d’une famille noble du Limousin. Fils de Guillaume Roger et de Guillemette de Mestre, il entre très jeune dans l’ordre bénédictin à l’abbaye de La Chaise-Dieu. Dès l’âge de seize ans, après avoir prononcé ses vœux, il est envoyé à l’université de Paris pour y étudier la théologie, où il se distingue par son intelligence et son éloquence. 

Après seize années d’études, il obtient en 1323 le titre de maître en théologie, ce qui lui vaut une solide réputation dans le monde ecclésiastique. Rapidement, il gravit les échelons de l’Église, devenant prieur puis abbé, avant d’être nommé évêque d’Arras et archevêque de Sens. Ces premières années sont marquées par une ascension rapide, soutenue par ses talents intellectuels et diplomatiques, qui feront de lui l’un des grands papes du XIVe siècle.

Un pape qui n'oublie pas ses années à la Chaise-Dieu

Dès le début de son pontificat, Clément VI exprime le vœu d’être inhumé dans l’abbatiale de La Chaise-Dieu, là où il avait commencé sa vie religieuse. Fidèle à ses racines, il entreprend à ses frais la reconstruction de l’église abbatiale, un chantier colossal mené entre 1344 et 1352, mobilisant les meilleurs architectes de l’époque. L’édifice, de style gothique, impressionne par ses dimensions et son raffinement, reflet de la volonté du pape d’offrir à l’Auvergne un monument digne de sa mémoire.

À sa mort en 1352 à Avignon, la dépouille de Clément VI est d’abord exposée dans l’église Notre-Dame des Doms. Ce n’est qu’au printemps 1353 qu’un cortège funèbre solennel, conduit par le cardinal de Beaufort, ramène le corps du pontife en Auvergne. L’inhumation a lieu dans le chœur de l’abbatiale, conformément à ses dernières volontés. 

Son tombeau, chef-d’œuvre de marbre noir surmonté d’un gisant de marbre blanc, fut réalisé par les meilleurs sculpteurs de l’époque. Il était à l’origine entouré de dizaines de statuettes représentant les membres de la famille du pape, illustration du népotisme de ce pontificat. Certaines sont aujourd'hui conservées au Musée Crozatier du Puy-en-Velay. 

Le tombeau de Clément VI a traversé les siècles, survivant aux profanations des guerres de Religion, puis à la Révolution. Restauré au XVIIe siècle, il reste aujourd’hui l’un des joyaux du patrimoine auvergnat. L’anneau pontifical du pape est précieusement conservé dans le trésor de l’abbaye.

Les autres papes ayant des liens avec l’Auvergne — notamment Innocent VI (Étienne Aubert) et Urbain V (Guillaume Grimoard) — ont choisi d’autres lieux pour leur sépulture : Innocent VI est inhumé à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon et Urbain V à l’abbaye Saint-Victor de Marseille. Quant à Sylvestre II, né en Auvergne (Gerbert d’Aurillac), il a été inhumé à Rome.

Clément VI demeure ainsi le seul pape dont la sépulture se trouve en Auvergne. Ce choix, rare dans l’histoire de la papauté, témoigne de l’attachement profond du pontife à sa terre natale et à la communauté monastique qui l’avait vu grandir. La présence de son tombeau à La Chaise-Dieu confère à l’abbaye et à la région un prestige unique, rappelant le rôle de l’Auvergne dans l’histoire religieuse de la France et de l’Europe